Le Festival d’Israël prend ses quartiers dans l’enceinte de la Vieille Ville
Un spectacle à un carrefour animé de Jérusalem et une soirée en l'honneur d'un célèbre poète et rabbin yéménite étaient au programme
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

C’était le moment idéal de la journée pour s’asseoir à un balcon du centre-ville de Jérusalem avec le coucher de soleil qui laissait juste assez de lumière pour profiter de « View Field », un spectacle du Clipa Theater qui inaugurait le Festival d’Israël 2019.
Des membres du public étaient assis sur des tabourets au bout d’un balcon perché surplombant la place Tsahal, où la rue Jaffa conduit aux murs de la Vieille Ville. La scène en-dessous était très animée, avec le passage du tramway et des centaines de piétons qui passaient de la Vieille Ville vers la partie moderne de Jérusalem.
Le théâtre a placé ses acteurs dans ce paysage urbain, où ils se mêlaient à l’effervescence de ce début de soirée.
Le coureur légèrement vêtu et le troubadour au chapeau orange étaient-ils deux des acteurs? Et que dire de cet homme qui trimbalait des dizaines de sacs de l’autre côté de la rue, ou de l’acteur au sweat rouge qui agissait bizarrement avec les piétons traversant la rue ?

Des dizaines de mouvements, lents et presque imperceptibles, composaient la scène de ce spectacle intelligent, qui faisait appel à la propre imagination du spectateur, pour accorder 45 minutes de méditation et projeter un nouveau regard sur les passants de la rue.

Il y a toujours quelque chose de mystique dans les spectacles se déroulant au musée de la Tour de David. Et cet esprit régnait parmi la foule enjouée assaistant à l’unique représentation du spectacle “Daltei Marom” mardi soir, qui affichait complet.
La soirée marquait le 400e anniversaire de la naissance du grand poète juif yéménite, le rabbin Shalom Shabazi, auteur de 900 poèmes, mais aussi de livres de philosophie et de commentaires de Torah.
Des musiciens de premier plan comme Ester Rada, Berry Sakharof, Liron Amram, Miri Mesika, Sagiv Cohen, Idan Amedi, Zion Golan, Shai Tsabari et Shiran ont interprété leurs adaptations de poèmes familiers du rabbin, créant des liens magiques entre les chanteurs – certains aux origines yéménites- et le rabbin aux tendances kabbalistiques, souvent présenté comme un homme saint et un faiseur de miracles.

Le public connaissait chaque mot de ces célèbres poèmes – mis en chanson, en musique et mouvement par les artistes – et nombre d’entre eux ont levé leurs mains et dansé dans les rangées, à la grande joie des artistes sur scène.
La partie la plus originale de l’événement était peut-être à chercher dans les duos créés par Shai Tsabari, qui a co-produit la soirée, et a permis à chaque chanteur sur scène de présenter l’artiste suivant. Vous ne vous attendiez jamais à voir Zion Golan sur scène aux côtés du rocker Berry Sakharov? Pourtant, c’est bien ce qu’il s’est passé mardi au soir au Festival d’Israël.
Le Festival Israël se poursuit jusqu’au 15 juin.