Le fils de l’ex-ministre Rehavam Zeevi inclupé dans le meurtre d’un adolescent
Selon l'acte d'accusation, un groupe comprenant Binyamin Zeevi a attiré Nissim Shitrit, 17 ans, et l'a battu à mort, dans une affaire liée au chef de secte Eliezer Berland

Le fils de l’ancien ministre Rehavam Zeevi a été désigné dimanche comme l’un des deux hommes inculpés la semaine dernière dans le cadre du meurtre en 1986 d’un adolescent lié à la secte Shuvu Bonim du délinquant sexuel Eliezer Berland.
Binyamin Zeevi et Baruch Sharvit, un adepte de la secte Shuvu Bonim, ont été inculpés vendredi pour le meurtre de Nissim Shitrit, 17 ans, en 1986. Le corps de Shitrit n’a jamais été retrouvé et les inculpations sont les premières en rapport avec sa mort.
Une déclaration publiée au nom de Zeevi dimanche nie son implication dans le meurtre de l’adolescent : « Je n’ai tué personne et la vérité finira par être révélée ».
Le communiqué précise en outre que « les soupçons à l’encontre de M. Zeevi sont fondés sur un seul témoignage d’un des membres de la communauté (Baruch Sharvit) sur la base d’instructions qu’il a reçues d’un rabbin lors d’une réunion pendant sa détention ».
Le mois dernier, la chaîne publique Kan a rapporté que Sharvit avait rencontré Berland dans la salle d’interrogatoire, où le chef de la secte a demandé à son adepte de fournir des informations aux enquêteurs.
Connu sous le surnom de « Gandhi », Rehavam Zeevi était un politicien du parti d’extrême-droite Moledet. Il a été abattu en 2001 par des tireurs palestiniens du groupe terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) à l’hôtel Hyatt de Jérusalem. Un reportage télévisé d’investigation a publié en 2016 des allégations de viol et d’intimidation contre l’ancien général.

Les procureurs ont demandé vendredi que Binyamin Zeevi et Sharvit restent en détention jusqu’à la fin des procédures judiciaires.
« Les actes graves attribués aux accusés indiquent un danger pour le public malgré le temps écoulé depuis le meurtre », peut-on lire dans l’acte d’accusation, publié vendredi, alors que Zeevi n’a pas encore été nommé. « Le fait qu’il s’agisse d’un événement en plusieurs étapes, très complexe et extrêmement cruel, qui visait à imposer le mode de vie des accusés au défunt et au public, établit une base raisonnable pour craindre que sa libération mette en danger la sécurité publique. »
Selon l’acte d’accusation, Shitrit était soupçonné par les membres de la secte d’avoir une relation avec une fille, en violation des normes religieuses de la secte.
L’adolescent a été récupéré dans son pensionnat d’Ashdod par la « police religieuse » de la secte, en janvier 1986, quatre mois avant sa disparition. Il a été conduit à Jérusalem et emmené dans un endroit isolé, où il a été battu.

Shitrit, qui était bénévole au sein de la police, a porté plainte pour cette agression et l’un de ses assassins présumés a été placé en détention pour être interrogé. Cet individu a fui le pays après le meurtre de Shitrit, dans le but de se construire un alibi, a rapporté la Douzième chaîne.
Selon le reportage, Shitrit a été attiré vers la mort quatre mois plus tard par une femme liée à la secte qui a prétendu vouloir passer la nuit avec lui. Lorsque Shitrit est arrivé à l’adresse qu’elle lui a donnée, il a été battu par le même groupe d’adeptes de la secte qui a mené la première agression.

Lorsque les suspects se sont aperçus que l’attaque faisait trop de bruit, ils se sont déplacés vers un deuxième lieu situé à l’extérieur de Jérusalem, où ils auraient tué et enterré Shitrit.
Dans un documentaire diffusé par Kan en 2020, l’un des anciens disciples de Berland a déclaré que la « police religieuse » a assassiné le garçon, l’a démembré et a enterré son corps dans la forêt d’Eshtaol, près de Beit Shemesh.
Personne n’a encore été inculpé dans la deuxième affaire, liée au meurtre d’Avi Edri, 41 ans, en 1990. Il a été retrouvé battu à mort dans la forêt de Ramot, au nord de Jérusalem.

Berland a été libéré la semaine dernière de sa détention provisoire après avoir été arrêté en relation avec les deux meurtres – mais il reste en prison pour purger une peine sur des charges non liées. La police a accusé Berland d’avoir envoyé ses partisans tuer Shitrit. Ses partisans ont également été liés à la mort d’Edri.
Mais jeudi, les procureurs ont déclaré qu’ils allaient libérer Berland et son gendre, Tzvi Tzucker, ainsi qu’un troisième suspect – un maire haredi dont le nom n’a pas été révélé – sous certaines conditions.
Bien qu’il ait été remis en liberté pour les meurtres commis il y a plusieurs décennies, il restera en prison pour avoir escroqué des millions de shekels à des fidèles malades et âgés. Il a précédemment purgé une peine de prison pour agression sexuelle.

Des dizaines de personnalités – dont beaucoup ont des liens avec la politique locale et nationale – ont été interrogées en lien avec les deux homicides présumés, après que l’affaire ait refait surface à la mi-octobre suite à plusieurs arrestations.
Jeudi, il a été signalé qu’un autre suspect dans le meurtre d’Edri est récemment décédé de complications liées au coronavirus dans un hôpital du nord.
La branche de Shuvu Bonim de la communauté hassidique Bratslav a eu des démêlés répétés avec la justice, notamment suite à des attaques de témoins.
Berland a fui Israël en 2013 au cœur d’allégations à son encontre, affirmant qu’il aurait agressé sexuellement plusieurs femmes. Après avoir échappé à l’arrestation pendant trois ans et s’être infiltré dans divers pays, Berland est revenu en Israël et a été condamné à 18 mois de prison en novembre 2016, pour deux chefs d’accusation d’actes indécents et un cas d’agression, dans le cadre d’un accord de plaidoyer qui comprenait sept mois de temps passé en prison. Il a été libéré seulement cinq mois plus tard, en partie en raison de sa mauvaise santé.