Le gouvernement dit soutenir le projet controversé de téléphérique à Jérusalem
L'État soutient le projet malgré l'opposition des ministres des Transports et de la Protection de l'environnement, qui estiment qu'il portera atteinte au paysage urbain
Le gouvernement a déclaré cette semaine à la plus haute cour d’Israël qu’il soutenait la construction controversée d’un téléphérique à Jérusalem qui transporterait des passagers dans la Vieille Ville.
Le tribunal devait tenir des audiences finales sur le projet jeudi.
L’État a exprimé son approbation du projet malgré l’opposition des ministres des Transports et de la Protection de l’environnement.
La Cour avait demandé l’avis du gouvernement dans le cadre du processus d’approbation, après que des pétitions ont été déposées et avant que les juges de la Cour ne prennent une décision.
La déclaration répond à plusieurs questions soulevées lors des discussions sur le projet, notamment par la ministre des Transports, Merav Michaeli.
« Le projet de téléphérique vers la Vieille Ville est un projet touristique qui est avancé par le ministère du Tourisme et l’Autorité de développement de Jérusalem. Le téléphérique ne joue pas un rôle important en matière de transport et les dommages occasionnés l’emporteront sur les avantages », a déclaré Michaeli le mois dernier.
Le maire de Jérusalem, Moshe Lion, a fait appel au bureau du procureur général, affirmant que Michaeli n’avait pas de poids juridique pour s’opposer au programme, puisqu’il s’agissait d’un plan d’infrastructure national qui avait déjà été approuvé par une commission ministérielle.
La ministre de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg, s’est également opposée au projet, affirmant que le téléphérique « portera atteinte au paysage et à la sensibilité de la région ».
Le communiqué de soutien du gouvernement a déclaré que, même si les deux ministres avaient exprimé leur opposition au plan, leurs positions « ne modifient certainement pas le plan et ne l’annulent pas ».
La construction du téléphérique nécessitera la construction d’énormes pylônes le long du parcours, les critiques avertissant que cela modifiera de manière irréversible la ligne d’horizon unique et historiquement importante de la ville.
La municipalité soutient le projet, affirmant qu’il permettra de désengorger les routes de la région et d’attirer les touristes.
Le projet a été approuvé par un précédent gouvernement dirigé par le Likud en 2018. Les travaux d’excavation préliminaires ont commencé en avril de cette année, bien que le tribunal soit toujours en train d’examiner les pétitions.
Le téléphérique, pour lequel le gouvernement a déjà budgétisé 200 millions de shekels, devrait s’étendre du complexe culturel de l’Ancienne gare (Tahana Rishona), dans le sud de la ville, à la Porte des Maghrébins, l’un des accès à la Vieille Ville, la plus proche du Mur occidental, le site de prière le plus important du judaïsme. Le Mont Sion accueillera la seule station du trajet. Un dépôt d’entretien sera construit dans le quartier d’Abu Tor.
Les partisans du projet insistent sur le fait qu’il s’agira d’une attraction touristique et qu’il contribuera à réduire les embouteillages causés principalement par les bus touristiques.
Mais les détracteurs du projet affirment que le téléphérique transformera les points de vue historiques les plus précieux de Jérusalem en un parc d’attractions. Une analyse des données relatives à la circulation publiée en juillet de l’année dernière semble mettre à mal l’autre argument majeur avancé en faveur du téléphérique, à savoir qu’il permettra de décongestionner la circulation le long des murs de la vieille ville. L’analyse suggère qu’une augmentation du nombre de navettes serait un meilleur moyen, plus rapide et moins coûteux, de transporter les touristes du sud de Jérusalem à la porte des Maghrébins.
Dans une ultime tentative d’arrêter le projet, les opposants ont adressé une pétition à la Haute Cour. Celle-ci a répondu en ordonnant au gouvernement et à tous les autres organismes concernés de détailler la « base factuelle » sur laquelle le téléphérique répond au libellé de la loi sur l’aménagement du territoire – à savoir s’il va « servir d’attraction touristique » ou « apporter une réelle contribution au tourisme dans la région« .