Le gouvernement français relance les Assises de lutte contre l’antisémitisme
Avec près 477 signalements d'actes antisémites au cours du premier trimestre de l'année scolaire en cours, la priorité de ces Assises, selon la ministre Aurore Bergé, est l'éducation

Le gouvernement français relance jeudi des Assises de lutte contre l’antisémitisme pour provoquer un « sursaut collectif » face à la recrudescence des actes antisémites, qui restent à un niveau historique depuis le 7 octobre 2023.
« Nous sommes réunis pour en finir avec un fléau : l’indifférence », car « c’est dans l’indifférence que l’Histoire peut basculer, par le silence de ceux qui regardent sans rien faire », a affirmé la ministre de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé en ouverture.
Dénonçant l' »obsession maladive contre l’existence même » de l’Etat d’Israël, elle a estimé que « l’antisionnisme, la haine décomplexée d’Israël sont le nouveau visage de l’antisémitisme ».
« Le message de ces assises est très clair : la République est là, elle ne se contente pas d’appeler au calme. Face à l’antisémitisme il n’y a pas de ‘oui, mais’, de compromis acceptable », a assuré Mme Bergé devant près de 500 personnes, à la Maison de la Radio.
Cet « acte II » des assises est largement consacré à la jeunesse, en présence de sa collègue de l’Education, Elisabeth Borne.
« L’éducation est une arme décisive dans ce combat, la première, et nous ferons tout pour qu’elle soit efficace », a affirmé Mme Borne, en rappelant que « 42 % des auteurs d’actes antisémites ont moins de 35 ans ».

Intensification « inquiétante »
S’inquiétant d’une « intensification particulièrement inquiétante des actes antisémites » en milieu scolaire, elle a souligné qu' »au premier trimestre, près de 480 actes ont été recensés, soit un niveau particulièrement élevé ».
Quelque 1 670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites…) et 1 960 actes racistes avaient été signalés sur l’ensemble de la précédente année scolaire.
Dans son propre comptage publié fin janvier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait recensé 1.570 actes antisémites en 2024, après 1 676 en 2023.
« C’est malheureusement un plateau élevé », a commenté jeudi le président du Crif Yonathan Arfi sur BFMTV/RMC. « A l’université plus qu’ailleurs, parce que c’est un lieu qui se pense être un lieu de débat d’idées, mais qui est devenu un lieu de sectarisme », a-t-il dénoncé
Des lycéens et étudiants s’exprimeront en tant que victimes, témoins ou porteurs de projets, pour « livrer leurs expériences et leur vision de l’avenir face à l’ampleur de ce fléau dans notre société ».
Dans un second temps, des « grands témoins » interviendront: l’avocate Muriel Ouaknine-Melki autour de la qualification de l’antisémitisme actuel, puis le recteur Khaled Bouabdallah pour parler de l’antisémitisme dans le milieu scolaire et dans l’enseignement supérieur.
Plusieurs représentants de la communauté juive seront présents: le président du Crif Yonathan Arfi, celui du Consistoire central Elie Korchia, celui du Fonds social juif unifié Ariel Goldmann, ainsi que des associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Aurore Bergé conclura cette session avec l’annonce de « prochaines étapes ».
Il s’agit là d’une « relance » des travaux car les assises lancées en mai dernier, avaient été interrompues par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin.
Elle intervient le jour anniversaire de la mort d’Ilan Halimi, un jeune homme juif séquestré et torturé à mort en 2006 par un groupe d’une vingtaine de personnes originaires de banlieues parisiennes se faisant appeler le « gang des barbares », un crime qui avait choqué le pays par sa cruauté.