Le gréviste de la faim palestinien dans un état critique
Mohammed Allaan reçoit des nutriments et de l’eau par voie intraveineuse ; un médecin palestinien doit l’examiner
Le prisonnier sécuritaire palestinien Mohammed Allaan, gréviste de la faim, est toujours en état critique dimanche, après que les médecins lui ont administré par voie intraveineuse de l’eau et des nutriments pendant le week-end, selon le personnel de l’hôpital du centre médical Barzilai à Ashkelon.
Vendredi, Allaan était tombé dans le coma et a été placé sous respirateur artificiel.
La famille d’Allaan a indiqué qu’ils respectent sa décision de refuser toute subsistance et n’autoriseront pas d’alimentation de force – même si les médecins ont clairement fait savoir que sa vie est toujours en danger.
Selon une déclaration de l’hôpital, Allaan « est traité conformément aux lignes directrices du Comité d’éthique. Un message [concernant l’état du patient] a été transféré à la Croix-Rouge, qui a envoyé des représentants à l’hôpital, et à l’avocat du patient. »
Les législateurs de la Liste [arabe] unie devaient se rendre à son chevet dimanche et un médecin palestinien doit examiner le prisonnier au nom de la famille Allaan.
Allaan est détenu depuis novembre sans inculpation par Israël sur des soupçons d’activités terroristes et d’appartenance au groupe terroriste Jihad islamique. Il avait purgé des peines de prison dans le passé pour des accusations similaires.
Le 18 juin, il a commencé le jeûne pour protester contre sa détention administrative – procédure dans laquelle Israël détient des suspects sans accusations formelles pour des périodes de six mois renouvelables – selon le Club des prisonniers, l’organisation palestinienne qui défend près de 5 700 Palestiniens détenus par Israël.
Les prisonniers palestiniens entament fréquemment des grèves de la faim pour dénoncer leur détention ou leurs conditions d’emprisonnement.
Mais Israël s’est doté le mois dernier d’une loi controversée autorisant à nourrir de force les grévistes de la faim si leur vie est « en danger ». Un moyen, selon les partisans de ce texte, de couper court à ce qu’ils voient comme un « chantage ».
L’affaire Allaan a suscité une vague de protestations chez les Palestiniens, les Arabes et les législateurs israéliens la liste [arabe] unie, qui appellent à sa libération.
Le groupe terroriste Jihad islamique à Gaza a menacé de « répliquer avec grande force » si Allaan venait à mourir en détention israélienne et a déclaré que sa mort libérera le groupe de tout engagement de cessez-le-feu avec Israël.
« Ce sera un crime israélien contre les prisonniers et les personnes si le détenu venait à mourir, et nous serons forcés de répondre avec une grande force », annonçait un communiqué du groupe.
Des manifestants se sont rassemblés samedi pour appeler à une Intifada « dans toutes les prisons [israéliennes] », tandis que d’autres appelaient à l’enlèvement des soldats israéliens qui seraient utilisés comme monnaie d’échange dans de futurs échanges de prisonniers. La protestation était dirigée par le cheikh Raed Salah, prédicateur radical qui dirige l’aile nord du Mouvement islamique.
Selon Ynet, des slogans comme « Rien ne vaut le meurtre de soldats et de policiers, » ont été entendus lors de la manifestation, où des députés israélo-arabes étaient présents. Parmi eux, Ahmed Tibi, Hanin Zoabi, Jamal Zahalka, Youssef Jabarin et Oussama Saadi, tous issus de la Liste [arabe] unie, troisième force parlementaire en Israël.
Un autre rassemblement de soutien au détenu palestinien a regroupé samedi quelques dizaines de personnes à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, selon un journaliste de l’AFP.
Les députés Tibi et Saadi ont soumis une demande urgente au procureur général, demandant la libération d’Allaan pour des raisons humanitaires : « Il n’y a aucune raison de poursuivre la détention administrative d’un patient mourant dans l’unité de soins intensifs », ont-ils écrit, ajoutant que sa mort aura un effet domino de réactions sévères de la part des Palestiniens et du monde entier.
Selon la loi, un juge du tribunal de district peut approuver l’alimentation de force d’un prisonnier à risque, seulement quand un médecin confirme que la poursuite de la grève de la faim constitue un risque réel pour le prisonnier, y compris des dommages systémiques irréversibles.
La loi impose d’administrer une quantité minimale nécessaire pour maintenir un détenu en vie, même s’il s’oppose à la procédure, tant que l’approbation du tribunal est en vigueur.
Elle indique également que les médecins refusant de nourrir de force les prisonniers pour des raisons éthiques ne seraient pas poursuivis.