Le Hamas s’attribue le mérite du départ du chef d’une unité d’élite israélienne
Pour le groupe terroriste, la démission surprise du commandant de Sayeret Matkal est le "résultat direct" d'un raid raté en novembre dans la bande de Gaza
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Mercredi, le groupe terroriste palestinien du Hamas qui gouverne la bande de Gaza s’est vanté d’avoir provoqué le départ du commandant de l’unité de reconnaissance d’élite Sayeret Matkal, après qu’un raid des forces spéciales eut mal tourné l’année dernière et entraîné la mort d’un officier.
On a appris mardi que le responsable de l’unité d’élite — dont seuls le grade et la première lettre du prénom en hébreu (« Het« ) peuvent être mentionnés — quittait ses fonctions, ce qui en fait le premier commandant de Sayeret Matkal, en 23 ans, à quitter l’armée après avoir occupé cette fonction. Généralement, celle-ci sert de tremplin vers des postes de plus haut rang de l’armée israélienne.
D’après un porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abu Obeida, l’organisation considère la retraite anticipée de Het comme le « résultat direct » de sa mise en échec d’une opération militaire israélienne l’année dernière – une contre-opération qu’il a appelée « opération Fer de lance ».
Le groupe terroriste s’était déjà attribué le mérite du départ d’Avigdor Liberman du poste de ministre de la Défense en novembre dernier. Il avait expliqué son retrait par la politique du gouvernement à l’égard du Hamas et dans la bande de Gaza, qualifiant sa démission de « victoire politique pour la bande de Gaza. »
« La résistance et la détermination des membres de notre nation ont entraîné le départ de Liberman de ses fonctions de ministre de la Défense. Aujourd’hui, le commandant de Sayeret Matkal se retire également en conséquence directe de notre opération Fer de lance, » a déclaré mercredi Abu Obeida.
Dans la nuit du 11 novembre 2018, des soldats des forces spéciales avaient réalisé un raid dans la bande de Gaza afin de récupérer des renseignements. Les détails de l’opération font l’objet d’un embargo décidé par la censure militaire.
D’après des officiels du Hamas, les soldats appartenaient à l’unité Sayeret Matkal et se livraient à une opération complexe visant à truffer de micros les moyens de communication de l’organisation terroriste dans la bande de Gaza. Ils auraient été conduits dans l’enclave à bord de vans civils, à environ 3 kilomètres de la frontière.
Israël n’a confirmé aucune de ces affirmations.
Lors de l’opération, leur van fut arrêté à un checkpoint du Hamas, donnant lieu à un échange de tirs. Un officier israélien – un lieutenant colonel dont la première lettre du prénom en hébreu est « Mem » – perdit la vie dans l’affrontement et un second, parti récupérer le corps de Mem, fut blessé.
D’après l’armée israélienne, des dizaines de combattants du Hamas ont été tués dans la fusillade et dans les frappes aériennes consécutives, devant permettre l’évacuation du reste des membres des forces spéciales.
Le lendemain du raid, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes terroristes lançaient 500 roquettes et obus de mortiers dans le sud d’Israël, faisant un mort. Il s’agissait du plus grand nombre de projectiles tirés depuis l’enclave côtière en 24 heures et du plus grand affrontement depuis la guerre de 2014.
Tsahal avait riposté en bombardant 160 sites liés au Hamas et au Jihad islamique palestinien, dont quatre identifiés par l’armée comme « hautement stratégiques ».
La bataille s’était achevée un jour après grâce à un cessez-le-feu obtenu en grande partie par l’Égypte et l’envoyé des Nations unies Nickolay Mladenov. Bien que de nombreux détails de l’accord demeurent secrets, l’État hébreu avait accordé de nombreux avantages financiers à la bande de Gaza en échange d’un retour au calme à la frontière.
Le 14 novembre, Avidgor Liberman annonçait sa démission en raison des concessions faites au Hamas, notamment la décision d’autoriser le Qatar à transférer des dizaines de millions de dollars au groupe terroriste, destinés, en partie, à payer les salaires des fonctionnaires de la bande de Gaza.
Les groupes terroristes de la bande de Gaza s’étaient félicités de ce départ, le qualifiant de « reconnaissance de la défaite, de l’impuissance [d’Israël] face à la résistance palestinienne.
« Contemplez le massacre politique touchant les dirigeants de l’occupation qui sont incapables de gérer la bande de Gaza, » avait ainsi déclaré un porte-parole du Jihad islamique palestinien.
« La résistance est non seulement parvenue à dissuader militairement l’ennemi, mais également à semer la confusion dans leurs considérations politiques, » avait ajouté le groupe terroriste soutenu par l’Iran.
Dans l’enclave côtière, des gens distribuaient des bonbons et autres sucreries pour célébrer la démission du ministre de la Défense.
C’est en grande partie à cause de ce départ que la coalition gouvernementale avait été dissoute en décembre et que de nouvelles élections auront lieu en avril.
L’armée israélienne a lancé deux enquêtes sur ce raid raté.
D’après elle, une investigation devait être menée au sein des services de renseignements, et les conclusions présentées au directeur des renseignements, le général Tamir Hyman, et au chef d’état-major de l’armée, Gadi Eisenkot.
En outre, une plus vaste enquête avait été confiée à l’ancien chef des opérations de Tsahal, le général Nitzan Alon, pour déterminer le déroulement et l’attitude de l’armée dans ce genre d’opérations.
Il fut également chargé de diriger une équipe devant « étudier les défis et [faire] des recommandations à l’égard des généraux, de nombreuses branches de l’armée et de la coopération entre les différentes forces spéciales, » avait fait savoir Tsahal le 27 novembre.
Le Hamas terroriste avait également mené ses propres enquêtes sur le raid israélien et arrêté plusieurs personnes soupçonnés d’avoir « collaboré » avec l’État hébreu.