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Le Hezbollah contournerait les sanctions US par le trafic de drogue en Europe

Les chercheurs israéliens ont dit que l'organisation libanaise blanchissait des centaines de millions de dollars via son aile politique, appelant l'UE à "se réveiller"

Le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah escorté par ses gardes du corps devant des dizaines de milliers de partisans lors d'un rassemblement à Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2012 (Crédit : AP Photo/Hussein Malla, File)
Le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah escorté par ses gardes du corps devant des dizaines de milliers de partisans lors d'un rassemblement à Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2012 (Crédit : AP Photo/Hussein Malla, File)

Le groupe terroriste du Hezbollah contournerait les sanctions américaines imposées à l’Iran et blanchirait des millions de dollars en assumant un rôle déterminant dans le trafic de stupéfiants en Europe, ont expliqué lundi des chercheurs israéliens.

Cette annonce a fait suite à un article publié dimanche dans le Daily Telegraph, lequel révélait que la Grande-Bretagne avait déjoué un projet de stockage d’explosifs à Londres par le Hezbollah, en 2015. La chaîne publique Kan a rapporté que l’agence de renseignement israélienne du Mossad avait fourni aux autorités britanniques des informations qui avaient contribué à contrecarrer ce projet ourdi par le Hezbollah.

La nouvelle enquête, consacrée à l’aile militaire du groupe libanais soutenu par l’Iran, a été réalisée en collaboration avec des agences de renseignement israéliennes et du monde entier.

Tandis que l’Etat juif, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Ligue arabe et d’autres considèrent le Hezbollah dans son intégralité comme une organisation terroriste, l’Union européenne n’a placé sur liste noire que son aile militaire – et non son aile politique qui est lourdement impliquée dans la vie politique au Liban et fait partie du gouvernement.

« Nous montrons comment fonctionne la vente de stupéfiants et la manière dont elle permet des activités de blanchiment d’argent », a commenté Daniel Cohen, de l’Institut Abba Eban de diplomatie internationale, du centre interdisciplinaire de Herzliya, devant les caméras de la Douzième chaîne.

Derek Maltz, agent spécial en charge des opérations de l’administration chargée de la lutte contre le trafic de drogue, montre à quoi ressemble un sachet d’héroïne de 10 dollars vendu dans la rue lors d’une conférence de presse à New York, le 26 juillet 2011 (Crédit : AP Photo/ Louis Lanzano)

« Ces agents du Hezbollah supervisent en fait toutes les activités illicites de trafic de fonds et de stupéfiants. Pas seulement en Europe mais aussi en Amérique du Sud, dans la région de la triple frontière, en assurant le transit d’environ 200 millions de dollars par mois », a dit l’ancien agent spécial du service américain de lutte contre la drogue Derek Maltz.

Selon l’étude, les membres du Hezbollah interviennent comme intermédiaires sur la route de la drogue – depuis l’Amérique du Sud vers l’Europe en passant par l’Afrique de l’Ouest, permettant ainsi de faire entrer dans les ports de Belgique et d’Allemagne des centaines de tonnes de cocaïne et autres stupéfiants. Seules 5 % à 10 % de ces drogues sont interceptées.

« Notre étude fait le lien entre l’aile politique du Hezbollah et son aile militaire. Nous sommes allés sur le terrain pour démontrer comment tout le système de trafic de drogue soutient le blanchiment d’argent », a expliqué Cohen. « Au moins 20 à 25 % des bénéfices reviennent au Hezbollah et cet argent est utilisé pour l’armement, l’achat d’armes et le paiement des salaires, entre autres ».

Il a ajouté que Hassan Trabulsi, un négociant automobile de Düsseldorf, également neveu du secrétaire-général du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, « travaille pour des personnes très haut placées dans les opérations de blanchiment d’argent du Hezbollah ».

Des partisans du Hezbollah lors d’un rassemblement organisé pour la journée al-Quds à Beyrouth, au Liban, le 31 mai 2019 (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar)

« Ils achètent des voitures d’occasion, des montres de luxe et des bijoux et ramènent tout au Liban pour les revendre », a précisé Maltz. « Une fois les ventes effectuées, ils peuvent alors payer les trafiquants de drogue en Amérique du Sud ».

« Il s’agit donc réellement d’un plan de blanchiment d’argent basé sur le commerce qui génère des millions et des millions de dollars et permettent de soutenir des terroristes radicaux comme ceux du Hezbollah », a-t-il ajouté.

Ron Prosor, ancien ambassadeur israélien à l’ONU et directeur actuel de l’institut Abba Eban, a appelé les autorités européennes à « se réveiller » et à agir.

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU Ron Prosor. (Photo: Autorisation)

« Messieurs, cela se passe chez vous », a-t-il dit. « Et si vous ne vous réveillez pas, alors vous deviendrez la bouteille d’oxygène nécessaire à cette organisation pour qu’elle soit en mesure de continuer ses activités terroristes. Et vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas ».

Le reportage du Telegraph qui a révélé le stockage des explosifs, dimanche, a fait savoir que suite à un renseignement donné par un agent étranger qui n’a pas été identifié, le MI5 et la police avaient mené des opérations dans quatre propriétés du nord-ouest de Londres il y a quatre ans, et que des milliers de poches à glaçons jetables contenant trois tonnes de nitrate d’ammonium – ingrédient commun dans la fabrication de bombes artisanales – avaient été découverts.

Selon l’article, le complot du Hezbollah relevait d’un plan plus large de préparation de futurs attentats. Le journal a ainsi évoqué des opérations déjouées du Hezbollah en Thaïlande, à Chypre et à New York. Ces attaques prévues auraient pris pour cible des intérêts israéliens partout dans le monde, selon certaines informations.

Le reportage a indiqué que ces raids avaient eu lieu quelques mois après que le Royaume-Uni a rejoint les Etats-Unis et autres puissances mondiales dans l’accord sur le nucléaire iranien, spéculant qu’ils avaient été étouffés pour éviter de faire dérailler la convention signée avec Téhéran, principal patron du Hezbollah.

Les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, se sont depuis retirés de l’accord et ont réimposé de nouvelles sanctions à la République islamique.

Le journal s’est aussi interrogé sur la raison de la non-révélation de cette information lors du débat au Royaume-Uni sur l’interdiction du Hezbollah dans son intégralité dans le pays, au début de l’année. Au mois de mars, l’aile politique du groupe terroriste a été finalement mise hors-la-loi après avoir été, pendant des années, distinguée de son aile militaire.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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