Le MahJ appelle aux dons pour l’acquisition de 16 dessins d’Avigdor Arikha
Ces dessins, sauvés de la destruction dans des circonstances exceptionnelles, représentent un témoignage d'une grande rareté sur l'indicible de la vie dans les camps
Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme, à Paris, a annoncé sa volonté d’acquérir un corpus de 16 dessins réalisés par Avigdor Arikha, peintre et graveur figuratif franco-israélien. Les dessins ont été réalisés lorsqu’il était âgé de 12 à14 ans, interné avec sa mère et sa sœur dans le camp de concentration de Moguilev-Podolsky, en Ukraine occupée par les nazis.
Ces dessins, sauvés de la destruction dans des circonstances exceptionnelles, sont présentés par le musée comme un témoignage d’une grande rareté sur l’indicible de la vie dans les camps.
D’une grande précision et d’une maitrise technique, ils sont aussi les premières œuvres d’un peintre qui deviendra une figure importante de la scène artistique internationale de la seconde moitié du XXe siècle.
Afin de pouvoir les acquérir, le musée à lancer un appel aux dons (déductibles des impôts) afin de réunir 30 000 euros.
Avigdor Arikha est né le 28 avril 1929 en Bucovine (Roumanie) de parents juifs germanophones et mort le 29 avril 2010 à Paris.
Entré en 1941 et sorti en 1944 du camp de concentration de Moguilev-Podolsky, où il a documenté sa détention, il a pu ensuite partir en terre d’Israël grâce à Youth Aliyah, qui l’a emmené au kibboutz Maaleh Hahamisha.
Il a rejoint l’École des beaux-arts Bezalel à Jérusalem en 1946, suivant un enseignement proche du Bauhaus pendant trois ans. Il s’est gravement blessé en 1947 en combattant pour la création de l’État d’Israël, alors qu’il participait à un convoi de matériel vers Jérusalem, alors ville assiégée.
Il a obtenu une bourse d’études de Youth Aliyah en 1949 pour partir étudier aux Beaux-Arts de Paris, et s’est finalement établi définitivement en France en 1954, après avoir vécu à Jérusalem.
Pratiquant une peinture abstraite dans les années 1950, illustrant notamment les ouvrages de Cervantes, Rilke et Hemingway, il s’intéresse davantage au dessin, à la gravure et à l’illustration figuratives par la suite, se basant principalement sur l’observation directe de la nature.
Il a aussi été polémiste, s’exprimant contre l’éclairage des tableaux dans les expositions et musées, et contre les modes et courants artistiques. Il a publié de nombreux articles sur l’art, réunis notamment dans l’ouvrage Peinture et regard : Écrits sur l’art, 1965-2009 paru en 2011 aux Éditions Hermann.
Avigdor Arikha est devenu Chevalier des Arts et Lettres en 1978, et a été décoré de l’Ordre national de la Légion d’honneur en 2005.