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Le marché des crédits carbone, une nouvelle opportunité pour les firmes high-tech

Le marché visant à supprimer le dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, de l'atmosphère devrait atteindre un trilliard de dollars, a-t-il été annoncé lors d'une conférence

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Photo d'illustration : Les émissions de carbone d'une usine. (Crédit : Gypsy Picture Show, iStock at Getty Images)
Photo d'illustration : Les émissions de carbone d'une usine. (Crédit : Gypsy Picture Show, iStock at Getty Images)

Ce sont des montants d’argent énormes qui seront mis à la disposition du secteur des technologies spécialisées dans la suppression du dioxyde de carbone de l’atmosphère, dans le monde entier – et les firmes israéliennes peuvent encore monter dans ce train, a-t-il été annoncé lors de la seconde édition de la conférence qui était consacrée au carbone, la semaine dernière, un sommet annuel organisé à Tel Aviv.

Le marché technologique portant sur la suppression nécessaire du carbone – un gaz à effet de serre – va rapidement atteindre le trilliard de dollars, a expliqué Matthias Honegger, en charge de la suppression du dioxyde de carbone au sein de Climate Research, une entreprise de conseil allemande sur le climat, lors de cette conférence qui était organisée par ClimateNet, une organisation à but non-lucratif établie, l’année dernière, par Maya Jacobs et Victor Weiss, spécialistes et passionnés des problématiques liées à l’environnement.

« La vague du marché du carbone va bientôt s’abattre », a-t-il indiqué. « Et pourtant, la majorité des pays ne semble pas s’être encore réveillée. Israël n’est pas en retard. Même si l’Europe, les États-Unis et d’autres pays se sont déjà mobilisés, ce n’est que le début. Et c’est le moment ou jamais de passer à l’acte ».

Au mois de mars, le panel intergouvernemental sur le changement climatique, aux Nations unies, avait émis un appel urgent à diminuer de manière significative la quantité de carbone rejetée dans l’atmosphère. Une initiative qui – en plus d’une réduction de 60 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2023 par rapport aux chiffres qui avaient été enregistrés en 2019 – offrirait au monde une chance de conserver la hausse des températures, sur le globe, à 1,5 degré Celsius au dessus du niveau pré-industriel, avait noté le panel.

Ce sont des solutions basées sur la nature qui constituent aujourd’hui la majorité des projets entrepris dans la suppression de carbone, ont déclaré les intervenants à la conférence de Tel Aviv. Ils s’appuient, par exemple, sur la restauration des habitats – forêts ou marais – qui absorbent naturellement le CO2.

Mais les terres disponibles pour stocker le Co2 sont limitées – et il y a déjà des éléments qui semblent prouver que la demande dépasse de loin l’offre.

Le premier étang à poissons israélien soumis au réensauvagement par la Société pour la protection de la nature en Israël, et testé comme base pour les crédits carbone par Terrra, à Kfar Ruppin, le 27 mars 2022. (Crédit : Shai Ben Aharon)

Mais le carbone peut aussi être supprimé grâce aux technologies – des technologies qui n’en sont qu’à l’état de balbutiements dans le monde entier.

Dans les technologies de Carbon Capture and Storage (CCS) ou de Carbon Capture, Use and Storage (CCUS), le carbone est capturé à partir de ses sources industrielles, comme les cheminées ; il est séquestré et traité et il est ensuite recyclé, transformé en nouveaux produits (produits chimiques, boissons gazeuses…) ou il est stocké à long-terme dans des sites souterrains.

Une troisième technologie de capture de carbone est la DAC – Direct Air Capture, une technologie qui vient tout juste d’apparaître et qui capture le CO2 directement dans l’atmosphère.

Le docteur Shahar Dolev, du ministère de l’Énergie. (Capture d’écran : YouTube)

En Israël, le ministère de l’Énergie a demandé au Geological Survey de cartographier les endroits où le carbone pourrait être enseveli, a déclaré le docteur Shahar Dolev, responsable des modèles à long-terme au sein du ministère, aux participants de la conférence. Un travail qui devrait se terminer dans un an. Ensuite, le ministère développera une stratégie, des régulations et il apportera son soutien à des projets pilotes CCS, a-t-il ajouté.

Les projets de capture de carbone, au sein de l’État juif, peuvent également se porter candidats à deux types de subventions de recherche proposées par le ministère dans le cadre de ses appels, a poursuivi Dolev.

Aujourd’hui – tentant ainsi d’atteindre un niveau d’émissions à effet de serre qui serait réduit à zéro – de nombreuses compagnies ont investi dans des projets environnementaux comme la forestation pour compenser ou pour réduire les émissions de carbone dont elles sont à l’origine dans le cadre de leurs activités.

Matthias Honegger, en charge de la suppression du dioxyde de carbone au sein de Climate Research, une entreprise de conseil allemande sur le climat, lors de la seconde édition de la conférence sur le carbone à Tel Aviv, le 28 juin. (Crédit : Maya Jacobs)

Elles le font en achetant des crédits-carbone par le biais du dit « marché volontaire du carbone ». Il devrait atteindre les 10 milliards de dollars de valeur à l’horizon 2030.

Selon Honegger, les grandes corporations comme Microsoft sont dans l’incapacité de trouver suffisamment d’opportunités leur permettant de supprimer leur émissions de carbone – même si elles ont les fonds nécessaires pour ce faire. « Il y a une demande, dans ce domaine, avec des entreprises qui seront prêtes à payer des centaines de dollars par tonne de carbone supprimé », a-t-il précisé.

« Mouillez-vous vite », a-t-il recommandé aux entreprises israéliennes spécialisées dans le secteur.

Ely Sandler, économiste israélien spécialisé dans le climat et haut-conseiller à la Banque mondiale lors de la seconde édition de la conférence annuelle sur le carbone de Tel Aviv, le 28 juin 2023. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Ely Sandler, économiste spécialiste du climat israélien basé à Harvard et qui travaille actuellement comme haut-conseiller auprès de la Banque mondiale, a précisé que la mise en œuvre de l’Article 6 des Accords de Paris sur le climat permettrait réellement de changer la donne, catapultant la valeur des crédits-carbone à un trilliard de dollars.

Sur le marché volontaire du carbone, ce sont les acheteurs et vendeurs – il s’agit principalement d’entreprises qui achètent des projets proposés à la vente – qui établissent les règles.

L’Article 6 permettrait aux pays et aux entreprises, dans leurs frontières, à échanger des crédits-carbone, les aidant à atteindre les cibles de diminution d’émissions de gaz à effet de serre qui ont été fixées par l’ONU.

Les Nations unies ont fixé les règles pour ce marché et une instance de l’ONU vérifiera les crédits, ce qui les autorisera à surveiller les activités de greenwashing, ou d’éco-blanchiment, qui pourraient s’avérer ne pas être en fin de compte favorables au climat.

Nachi Brodt, co-organisateur de la seconde conférence sur le carbone, interroge Olga Gassan-Zade, présidente de l’instance de supervision de l’Article 6.4 de l’ONU à Tel Aviv, le 28 juin 2023. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Les règles pourraient être prêtes dès l’année prochaine, a dit Olga Gassan-Zade, présidente de l’instance de supervision de l’Article 6.4 au sein de l’ONU. Mais la capacité à transférer des crédits prendra probablement plus de temps dans la mesure où les pays négocient encore le type de registre qui doit être créé.

« Nous ouvrirons la fenêtre dès l’année prochaine. Vous êtes prêts ? », a-t-elle interrogé.

De nombreux activistes œuvrant dans la défense du climat s’inquiètent d’une possible utilisation des technologies de suppression de carbone pour pouvoir continuer à masquer la production d’énergies fossiles.

Dov Khenin, à la tête du President’s Climate Forum, a déclaré que les technologies CCS seront discutées lors de la COP28, la conférence sur le climat organisée par l’ONU, qui doit avoir lieu à Dubaï à la fin de l’année. De manière controversée, ce sommet sera présidé par le ministre émirati du pétrole qui, a noté Khenin, s’intéresse aux technologies CCS comme outil qui permettrait aux Émirats de continuer leur production d’or noir.

Plus de 300 personnes ont assisté à la conférence de Tel Aviv – soit deux fois plus de participants que l’année dernière. Parmi ces derniers, des investisseurs, des consultants, des start-ups, des universitaires, des responsables gouvernementaux et plusieurs ambassadeurs.

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