Le ministère des Affaires étrangères recevra un budget massif pour la hasbara
Gideon Saar n'a pas précisé comment ce budget alloué à la diplomatie publique, qui faisait partie de l'accord conclu avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu, sera utilisé
Le gouvernement prévoit de compenser les dépenses de guerre et le ralentissement économique par des hausses d’impôts et des réductions significatives dans les services publics. Cependant, le projet de budget pour 2025 comprend également une nouvelle allocation substantielle : les efforts de défense des intérêts pro-Israël à l’étranger.
Dans le cadre du nouveau budget, le ministère des Affaires étrangères recevra 150 millions de dollars, en plus de ce qu’il reçoit pour ses activités existantes, pour ce qui est officiellement connu sous le nom de diplomatie publique, ou hasbara en hébreu. Cette somme est plus de vingt fois supérieure à ce qui avait été alloué à ce type d’efforts au cours des dernières années.
Ces dépenses considérables sont le résultat d’un accord politique conclu le mois dernier par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour consolider sa coalition gouvernementale. Le ministre Gideon Saar et son parti Tikva Hadasha ont accepté de rejoindre la coalition en échange du financement et de la nomination de Saar au poste de ministre des Affaires étrangères.
Cette nouvelle survient alors que l’opinion publique américaine et internationale a été fortement ébranlée par la guerre à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, et qu’ils ont enlevé 251 otages de tous les âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
La guerre qui en a résulté – visant à renverser le Hamas, qui dirige Gaza, et à obtenir la libération des otages – a laissé la bande de Gaza en ruines, avec une grande partie de sa population confrontée au déplacement, à la maladie et à la faim.
Saar n’a pas encore établi de plan détaillé concernant l’utilisation de ces subventions, mais au moment de signer l’accord de coalition avec Netanyahu, son bureau avait publié une déclaration affirmant que ces fonds serviraient à influencer le jugement dans la presse étrangère et sur les réseaux sociaux.
Le communiqué de Saar indique également qu’il prévoit de se concentrer sur les campus universitaires américains, qui ont été secoués par des manifestations anti-Israël depuis que la guerre a éclaté. La déclaration précise que cette activité sera menée en coopération avec des groupes juifs américains et parallèlement à des efforts similaires du ministère des Affaires de la Diaspora.
« Depuis des décennies, les efforts de hasbara [diplomatie publique] et la guerre pour toucher les esprits, à l’international n’ont pas reçu les ressources et les outils essentiels et vitaux dont ils ont besoin », a déclaré Saar au journal israélien Maariv.
« Je suis déterminé à changer les choses. Chaque shekel consacré à cette cause est un investissement, et non une dépense, qui renforcera Israël et sa position dans le monde. »
Saar et son équipe ont organisé des séances de réflexion avec un large éventail d’individus et de groupes impliqués dans la défense des intérêts d’Israël dans le monde entier, a rapporté Jewish Insider. Parmi les participants figurent des influenceurs des réseaux sociaux, des personnalités culturelles, des défenseurs professionnels de la hasbara et des représentants de divers groupes juifs.
Quel que soit le résultat de cette planification, le gouvernement tentera d’améliorer son faible bilan en matière d’initiatives similaires, bien que plus modestes, dans le passé. Les millions dépensés pour l’effort national contre l’antisémitisme et la délégitimation d’Israël dans le monde au cours de la dernière décennie n’ont produit pratiquement aucun résultat aux yeux des responsables du gouvernement israélien, selon l’article du journaliste d’investigation Uri Blau paru sur le média numérique israélien Shomrim.
« Cette activité a échoué sur tous les plans possibles et imaginables », a déclaré à Shomrim Avi Cohen-Scali, directeur général du ministère des Affaires de la Diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme.