Le ministre jordanien des Affaires étrangères en Iran – une première en 20 ans
Ayman Safadi s'entretiendra avec son homologue iranien lors d'une visite pour le moins rare
Le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi se rendra en Iran, dimanche, pour une visite rare portant sur l’évolution de la situation dans la région. Il s’entretiendra avec son homologue iranien dans le sillage de l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh à Téhéran, ont signalé les médias iraniens.
Safadi, qui sera le premier haut-responsable jordanien à effectuer une visite officielle au sein de la république islamique en 20 ans, devrait rencontrer son homologue Ali Bagheri Khan et d’autres officiels de premier plan à Téhéran dans l’après-midi de dimanche, selon l’agence de presse iranienne d’État IRNA.
Safadi « délivrera un message de sa majesté le roi Abdallah II au président iranien Masoud Pezeshkian au sujet de la situation dans la région et des relations bilatérales », a fait savoir le ministère jordanien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Les tensions régionales ont grimpé en flèche suite à l’assassinat, mercredi, de Haniyeh – un meurtre survenu quelques heures après une frappe israélienne qui avait tué un haut-commandant militaire du groupe terroriste du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth. Craignant une guerre à grande échelle au Liban, la Jordanie a appelé ses ressortissants à évacuer le pays.
Le Hamas et l’Iran ont accusé Israël d’avoir assassiné Haniyeh et ils ont juré se se venger. Israël n’a pas revendiqué ce meurtre et n’a pas non plus ouvertement démenti l’avoir commis.
Safadi a aussi accusé Israël d’être devenu « un État voyou » en tuant Haniyeh qui se trouvait en Iran pour l’investiture du président récemment élu, même si le roi n’est pas connu pour être proche de l’idéologie du Hamas.
La visite effectuée par Safadi à Téhéran survient après des contacts diplomatiques continus de la part des États-Unis et de leurs partenaires, notamment de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Italie et de l’Égypte, qui tentent d’empêcher une nouvelle escalade régionale.
La Jordanie, qui borde Israël à l’Est, se trouverait probablement sur le chemin d’une attaque iranienne, comme c’était le cas en avril dernier.
De son côté, citant « l’évolution de la situation dans la région » et s’inquiétant pour la sécurité de ses citoyens, le ministère jordanien des Affaires étrangères a appelé samedi tous ses ressortissants au Liban à quitter le pays dès que possible. Il a encouragé les Jordaniens qui doivent se rendre dans le pays à renoncer à leur déplacement.
Le transporteur aérien du royaume hachémite, Royal Jordanian Airlines, a repris ses vols en provenance et en direction de Beyrouth, jeudi matin. La compagnie avait suspendu cette liaison lundi, alors que le Liban attendait la riposte israélienne à l’attaque au missile du Hezbollah qui avait eu lieu samedi dernier et qui avait tué douze enfants du village druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan.
L’Iran et la Jordanie tentent d’améliorer leurs relations dans le sillage de tensions récentes : Amman avait accusé les milices pro-iraniennes en Syrie de trafic de drogues dans le pays.
Les tensions s’étaient aussi accrues lorsque la Jordanie avait intégré une coalition placée sous la direction des États-Unis qui avait intercepté l’attaque sans précédent qui avait été lancée contre Israël par la république islamique, le 13 et le 14 avril. L’Iran avait déclaré avoir agi en représailles contre le meurtre de généraux du Corps des gardiens de la révolution dans une frappe israélienne présumée qui avait eu lieu en Syrie, le 1er avril.
La Jordanie coopère avec les forces américaines sous l’égide du Commandement central américain, qui supervise les opérations militaires des États-Unis au Moyen-Orient et qui travaille étroitement avec les autres armées, notamment celles d’Israël et d’Arabie saoudite.
Le dernier déplacement d’un responsable jordanien en Iran dans le cadre d’une visite officielle avait eu lieu en 2004, quand le Premier ministre de l’époque Faisal al-Fayez s’était rendu à Téhéran.
La semaine dernière, le royaume hachémite avait délégué un officiel de bas-rang lors de l’investiture de Pezeshkian.