Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik alarme sur la montée des totalitarismes
"La planète est bourrée de ces dictateurs démocratiquement élus", a déclaré le survivant de la Shoah, citant le Brésil, l’Italie, la Hongrie et la Turquie
Le neuropshychiatre français Boris Cyrulnik était ce mardi l’invité de l’émission « La Première » de la radio belge RTBF.
Durant l’interview, l’homme s’est inquiété de la montée des totalitarismes à travers le monde.
« Quand le négationnisme est apparu, j’ai été stupéfait. Se taire, c’est se faire complice. L’écriture, pour moi, c’était le moyen de reprendre le contrôle de mon monde interne, mais aussi de partager, de dire aux gens : ‘Attention il y a des régimes totalitaires qui s’installent avec l’assentiment de la majorité.’ Actuellement il y a des gens qui prétendent avoir la vérité, qui affirment : ‘je suis votre chef idéologique ou religieux ou scientifique, si vous répétez ma parole, vous aurez un poste.’ Les autres sont déportés, rééduqués, fusillés », a-t-il déclaré.
Il a déploré que « partout réapparaissent des discours totalitaires ». « L’explication que je donne, c’est qu’on reçoit trop d’informations. J’adore le doute, mais ça angoisse beaucoup de gens. Si à ce moment-là arrive un sauveur… La planète est bourrée de ces dictateurs démocratiquement élus. » Il a ainsi cité le Brésil dirigé par Bolsonaro, l’Italie de Salvini, la Hongrie de Orban, ou encore la Turquie de Erdogan.
Boris Cyrulnik, survivant de l'Holocauste: "La planète est bourrée de dictateurs démocratiquement élus" https://t.co/rph7SlmHAH
— RTBF info (@RTBFinfo) January 21, 2020
Auteur de nombreux livres, la famille juive d’origine ukrainienne de Boris Cyrulnik a disparu dans les camps nazis.
À six ans, il a échappé de peu aux soldats allemands en se glissant sous un cadavre évacué de la synagogue de Bordeaux, alors transformée en prison. Malgré sa souffrance, il a pu se construire, comme il le raconte dans son ouvrage Un merveilleux malheur.
Connu pour avoir développé le concept de « résilience », il est officier de la Légion d’honneur et récipiendaire du prix Renaudot de l’essai.