Le Parlement libanais se réunit pour élire un président après deux ans de vacance
Si Joseph Aoun devait être élu, la Constitution devrait être amendée car elle interdit l'élection des hauts fonctionnaires en poste ou ayant exercé leur fonction au cours des deux dernières années
![Des députés libanais participent à une séance parlementaire pour élire un président, à Beyrouth, le 9 janvier 2025. (Photo par ANWAR AMRO / AFP) Des députés libanais participent à une séance parlementaire pour élire un président, à Beyrouth, le 9 janvier 2025. (Photo par ANWAR AMRO / AFP)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2025/01/AFP__20250109__36TC7YA__v1__HighRes__LebanonPoliticsVotePresident-640x400.jpg)
Le Parlement libanais s’est réuni jeudi pour élire un président de la République qui pourrait être le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, ce qui mettrait fin à une vacance de plus de deux ans qui a aggravé la crise économique et politique .
Les 128 députés, qui ne sont pas parvenus depuis plus de deux ans à élire un chef de l’Etat en raison des divergences entre le camp du Hezbollah pro-iranien et ses adversaires, ont entamé leur réunion à 11H00 (09H00 GMT).
Des ambassadeurs de plusieurs pays ainsi que l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, assistent à la session parlementaire.
Les pressions diplomatiques se sont intensifiées sur les parlementaires pour les pousser à choisir le commandant en chef de l’armée, à la réputation d’intégrité et d’impartialité.
Le Hezbollah, acteur incontournable de la scène politique, est sorti affaibli après deux mois de guerre avec Israël et la chute début décembre du président syrien, Bachar al-Assad, son allié.
La plupart des forces politiques ont déjà annoncé leur appui à la candidature du général Aoun, mais il n’a pas encore le nombre de voix requises pour accéder à la présidence, le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, n’ayant pas encore a annoncé la position de leurs 30 députés.
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Le général Joseph Aoun bénéficie notamment du soutien des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, poids lourd régional, selon les responsables des politiques libanaises.
En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite.
Le Liban était doté d’un système présidentiel mais les pouvoirs du chef de l’Etat ont été largement diminués par l’accord de Taef ayant mis fin à la guerre civile (1975-1990) au profit du Conseil des ministres présidé par un musulman sunnite.
Rôle-clé
Depuis la fin du mandat du président sortant, Michel Aoun (sans lien de parenté avec le commandant en chef de l’armée), en octobre 2022, le Parlement n’est pas parvenu à élire un président.
Les détracteurs du Hezbollah l’accusent d’avoir bloqué l’élection en voulant imposer son candidat, Sleimane Frangié. Or, ce dernier a annoncé mercredi son retrait de la course en faveur du commandant de l’armée.
Des analystes estiment que le rôle clé de l’armée dans la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre, a été un facteur déterminant pour l’ascension de Joseph Aoun vers la présidence.
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Cette élection se tient après un sérieux revers infligé par Israël au Hezbollah dans la guerre qui les a opposés, tuant notamment son chef, Hassan Nasrallah.
L’accord de cessez-le-feu prévoit le déploiement de l’armée libanaise dans les zones frontales au fur et sur mesure du retrait de l’armée israélienne des zones qu’elle a occupées pendant le conflit.
Le Hezbollah doit retirer ses troupes au nord du fleuve Litani et démanteler toute infrastructure militaire dans la région.
Les Etats-Unis, la France et l’ONU supervisent le mécanisme de mise en œuvre du cessez-le-feu.
« Nous aurons un président »
Depuis le début de la semaine, les émissaires américain Amos Hochstein, saoudien Yazid Al Farhane et français Jean-Yves Le Drian ont eu des rencontres séparées avec des députés et des personnalités politiques libanaises.
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(Photo par ANWAR AMRO / AFP)
Des députés ayant rencontré M. Hochstein et M. Al Farhane ont affirmé que Washington et Ryad soutenaient la candidature de Joseph Aoun.
« Un ordre saoudo-américain : élisez Joseph Aoun », titre jeudi le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah.
Le Premier ministre Najib Mikati s’est montré mercredi optimiste. « Pour la première fois, depuis la vacance présidentielle, je ressens de la joie car, si Dieu le veut, nous aurons (…) un nouveau président de la République », at-il dit.
Si Joseph Aoun devait être élu, la Constitution devrait être amendée car elle interdit l’élection des hauts fonctionnaires en poste ou ayant exercé leur fonction au cours des deux dernières années.
Il aura ensuite la tâche de désigner un Premier ministre, à la tête d’un nouveau cabinet qui devra obtenir la confiance de la communauté internationale et mettre en œuvre des réformes urgentes, destinées à relancer l’économie et à reconstruire les zones dévastées dans le sud.