Le plus grand cimetière juif du Moyen-Âge aurait été découvert à Châteauroux
Selon Philippe Blanchard, la "disposition des mains" des défunts permet d’avancer que l’endroit était destiné aux Juifs, bien qu’une preuve majeure manque encore
- Campagne de fouille 2018 dans le présumé cimetière juif de Châteauroux. Nettoyage du crâne de l’individu S17 par l’anthropologue Inrap J. Livet. (Crédit : Philippe Blanchard/Inrap)
- Campagne de fouille 2018 dans le présumé cimetière juif de Châteauroux. Vue des fosses en cours de fouille et disposées dans des rangées organisées. (Crédit : Philippe Blanchard/Inrap)
- Campagne de fouille 2018 dans le présumé cimetière juif de Châteauroux. Vue d’une sépulture double et d’une sépulture individuelle. (Crédit : Philippe Blanchard/Inrap)
- Campagne de fouilles en 2018 dans le présumé cimetière juif de Châteauroux. Vue générale du site en cours de fouille. (Crédit : Philippe Blanchard/Inrap)
- Vue générale en occlusion ambiante des sépultures fouillées en 2018. Les tombes ouest-est sont disposées dans des rangées orientées nord-sud. Un espace de circulation interne au cimetière est perceptible dans la partie basse de la photo. Les recoupements entre fosses sont rares et ne portent jamais atteinte aux ossements. Cette organisation des tombes démontre la gestion rigoureuse et la rationalisation extrême de l’espace funéraire qui ne peut être obtenue que par une signalisation de surface pérenne. (Crédit : Philippe Blanchard/H. Holzem/Inrap)
- Campagne de fouille 2018 dans le présumé cimetière juif de Châteauroux. Vue groupée en occlusion ambiante des sépultures S28, S26, S32 et S38. On observe au niveau du crâne des calages avec des blocs calcaires. (Crédit : Philippe Blanchard/H. Holzem/Inrap)
- Vue zénithale 3D de la sépulture individuelle S30. L’individu est un adulte féminin, inhumé sur le dos avec les membres supérieurs en extension le long du corps et selon une orientation ouest-est. Deux pierres encadrent le crâne. La décomposition du corps s’est effectuée en espace vide. (Crédit : Philippe Blanchard/H. Holzem/Inrap)
Les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont annoncé vendredi avoir découvert l’existence de 46 tombes d’adultes ou de grands adolescents dans un cimetière médiéval de Châteauroux (Indre). Les cercueils sont datés entre les XIIe et XIVe siècle.
Il s’agirait ainsi du plus grand cimetière juif médiéval de France connu à ce jour.
Menées par Philippe Blanchard, les fouilles se sont terminées en décembre dernier. Elles ont été réalisées sur une parcelle privée dans le quartier des Marins. En 1997, à proximité, 10 tombes d’enfants (6 mois à 8 ans), tous inhumés en cercueil, avaient été découvertes. Mais, « faute d’une stèle et d’indices matériels et en raison d’un faible échantillon de tombes, il n’avait toutefois pas été possible à l’époque d’apporter de preuves formelles sur l’attribution de [cet] espace funéraire aux Juifs de la ville », ce qu’un plan du XVIIIe siècle laisse entendre, explique l’Inrap.
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L’objectif avec les nouvelles fouilles étaient ainsi « de confirmer le lien de ce cimetière avec la communauté juive castelroussine, étudier son organisation par l’acquisition d’un plus grand nombre de sépultures, analyser les pratiques funéraires associées aux défunts, déterminer la composition de la population inhumée et préciser la date d’utilisation du cimetière ».
Selon Philippe Blanchard, la « disposition des mains » des défunts permet d’avancer que l’endroit était destiné aux Juifs, bien qu’une preuve majeure, telles que des pierres tombales hébraïques, manque encore. « On voit qu’il [un défunt] a les mains le long du corps, sur les cuisses. Dans tous les cimetières juifs que j’ai étudiés en Europe, toutes les fouilles qui ont été menées ont toujours montré cette position des mains », a-t-il expliqué à Paris Match.
« Ce qui est vraiment intéressant, c’est que dans les cimetières chrétiens de la même période, il y a diverses pratiques », a-t-il ajouté. « Une fois, un défunt aura une main sur l’abdomen et un bras le long du corps. L’autre fois, les deux mains ou sur le thorax… Vous n’aurez jamais une image aussi homogène que dans les cimetières juifs. »
Les chercheurs ont pu révéler que « les fosses sépulcrales étaient organisées en rangées parallèles au sein desquelles les inhumations (ouest-est) étaient pratiquées de façon très proche (peu de recoupements) ». La disposition traduit ainsi « une gestion rigoureuse de l’espace funéraire et implique la présence d’une signalisation de surface (stèles de pierre probables, non retrouvées à la fouille) ».
Il a été annoncé que l’ensemble des restes osseux seront réinhumés dans un caveau dans le carré israélite du cimetière de Châteauroux, où se trouvent déjà les squelettes fouillés en 1997. Avant, les ossements seront analysés en laboratoire afin de recueillir des données sur l’âge, le sexe et l’état sanitaire des morts.
« Les Juifs croient à la résurrection des corps. Donc, à la fin des temps, il est dit qu’ils vont tous ressusciter. Pour réaliser cela, il faut, selon eux, que les corps soient intacts. Donc, il faut apporter un certain respect au squelette, il doit conserver son intégrité. Il est alors hors de question de recouper une tombe ancienne, ce qui se pratique dans les cimetières chrétiens », explique Philippe Blanchard.
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