Le port de Tel Aviv, autrefois l’entrée en Terre d’Israël
Seul port sous contrôle juif avant et pendant la guerre d'Indépendance, Tel Aviv était essentiel pour le ravitaillement et l'armement de l'Etat en construction. Sa récente rénovation est un succès retentissant
En 1938, un pont a été construit sur le fleuve Yarkon pour célébrer l’ouverture de la centrale électrique. La pierre angulaire dit : « Ce pont sera important pour l’expansion de Tel-Aviv sur les deux côtés de la rivière. Espérons qu'[il]… [aidera] à transformer ce sable désertique en une implantation fleurissante ».
Nommé Wauchope, d’après le haut-commissaire britannique de l’époque, le pont historique est devenu un lieu de sortie à Tel Aviv. Il commence dans la partie nord du parc de l’Indépendance, en face du 220 de la rue HaYarkon.
Pendant des années, le site sur lequel le parc existe aujourd’hui était juste une colline formée de roche calcaire. Pendant le mandat britannique, une partie de la zone servait de base militaire qui a été repris par l’armée israélienne naissante en 1948. En effet, c’est de là que les forces israéliennes ont bombardé le navire Etzel : Altalena.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Lorsque le parc de l’Indépendance a finalement été inauguré en 1952, c’était le plus grand parc de Tel Aviv. Les premiers arbres ont été plantés ici le Jour de l’Indépendance d’Israël en 1949, avec des feuillages qui pourraient survivre dans le sable et des sols salins. Les cristes marines, des feuilles de lavande de mer, de l’onagre, du tamaris, du laurier-rose et du lys maritime ont été plantés sur la partie la plus élevée et la partie supérieure du parc. Sur les niveaux inférieurs, il y avait des arbres de grande taille comme des oliviers et des sycomores.
Sans surprise, il s’est avéré que le parc avait été placé sur une terre historique : dans la partie sud du parc les restes d’une citadelle Hasmonéenne (Maccabee) ont été découvertes. Ce qui nous prouve, bien sûr, qu’il y a peut-être eu une implantation juive dans le Tel Aviv d’aujourd’hui, il y a plus de 2 000 ans.
Cette section du parc dispose d’une aire de jeux gaie avec des équipements d’exercice hydraulique aux couleurs vives. L’Hôtel Hilton, qui se situe à gauche, a été construit en 1973 sur une partie du cimetière musulman de la ville.
Les arabes locaux étaient extrêmement bouleversés mais la chaîne Hilton a refusé de se déplacer ailleurs et Israël, qui souhaitait amener les hôtels Hilton dans le pays, a accordé à la chaîne 17 dunams de terre dans le centre du parc. Dommage, car cela a coupé ce magnifique parc en deux.
Au fil des ans, ce qui était autrefois le plus beau parc en Israël, a été gravement négligé. Le boulevard des palmiers est devenu un désert, les plantes sont mortes et c’est devenu un endroit dangereux. Heureusement, il a été amoureusement restauré il y a quelques années, et a rouvert officiellement en 2009.
Au sommet de l’escalier, deux statues en bronze nommés d’après le roi Asa de Judée et le roi d’Israël Yehoshafat regardent vers la mer.
Un chemin mène tout droit vers un monument très grand, très austère et très simple qui ressemble à un oiseau avec une aile cassée. Le monument honore la mémoire des pilotes de guerre de l’Indépendance David Sprinzak et Mati Sukenik.
Le 4 juin 1948, après que les navires de guerre égyptiens ont bombardé Tel Aviv depuis la mer, Sprinzak et Sukenik se sont portés volontaires pour les frapper depuis les airs. Avec les pilotes de deux autres avions, ils ont attaqué les navires. Les Egyptiens sont repartis vers l’Egypte, mais pas avant d’abattre le petit avion Fairchild piloté par Sprinzak et Sukenik. Les deux jeunes gens – le jeune marié Sprinzak, 24 ans et un bébé en route, et Sukenik, 19 ans – ont été tués.
En face du monument, une grande pergola fait de l’ombre à des bancs accueillants qui font face à l’eau. Plus loin, la porte de la Paix a été créée par le sculpteur-peintre italien Pietro Cascella en 1972.
De là, des marches mènent jusqu’à la rue HaYarkon, en passant à côté d’une « structure environnementale » rouge et qui se termine par une petite piscine.
La deuxième rue à gauche (Nachshon) finit « à la plage Metzitzim [voyeurs] » – un dessin sur le mur de la loge raconte l’histoire du lieu ! De la plage, une passerelle mène au nord du port de Tel Aviv.
Le construction venait de commencer quand un cargo yougoslave transportant un millier de tonnes de ciment a jeté l’ancre. Emballés, les Tel Aviviens ont oublié leurs soucis quotidiens et sont venus en masse pour accueillir le capitaine étonné
Bien qu’une grande variété de plans a été établi pour un port à Tel Aviv après la fondation de la ville en 1909, ce ne fut qu’après la fin des émeutes arabes au port de Jaffa, en 1936 qu’un nouveau port est devenu une nécessité vitale.
En dépit de leur préoccupation de la perte de contrôle sur toutes les personnes et sur tout ce qui entre et sort de Tel Aviv, la Grande-Bretagne n’a pas eu d’autre choix que d’autoriser la construction d’une nouvelle porte d’entrée en Terre d’Israël. Inquiets de la possibilité que la Grande-Bretagne puisse changer d’avis, les ouvriers juifs ont immédiatement commencé à travailler sur un port juif situé près de l’estuaire de la rivière Yarkon.
Le construction venait de commencer quand un cargo yougoslave transportant un millier de tonnes de ciment a jeté l’ancre dans les eaux de Tel-Aviv. Emballés, les Tel Aviviens ont oublié leurs soucis quotidiens et sont venus en masse pour accueillir le capitaine étonné.
Les gens dansaient et chantaient, et quand le maire Meir Dizengoff, souffrant, est arrivé dans l’après-midi, la foule joyeuse est devenue incontrôlable. D’une voix tremblante, il a déclaré : « Ici, il y aura un grand port ». Et beaucoup de personnes présentes ont pleuré en entendant ses paroles.
Inauguré le 23 février 1938, le port de Tel Aviv fonctionnait à plein régime lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté un an plus tard et les Britanniques l’ont transformé en une base militaire. Deux dragueurs de mines ont gardé la côte hors de portée de l’ennemi, tandis qu’une unité sous-marine spéciale menait des opérations dangereuses dans l’eau.
Etant le seul port de son genre entièrement sous contrôle juif avant et pendant la guerre d’Indépendance, le port de Tel Aviv a eu une importance cruciale pour l’Etat naissant d’Israël : grâce à ce port, il était possible d’acheminer des ravitaillements, des armes et les plaques de fer utilisées par les convois armés qui essayaient de se frayer un chemin vers un Jérusalem assiégé.
Lorsque l’État a été déclaré, et que Tel Aviv a rapidement commencé à se développer, le port n’a pas pu gérer le trafic. Le gouvernement a décidé de construire une alternative, un plus grand port en eau profonde à Ashdod, et après la fin de la période de transition en 1965, le port de Tel Aviv a été utilisé presque exclusivement pour la pêche et les bâtiments ont été transformés en entrepôts. Ce n’était pas un endroit très agréable à visiter.
Au début du 21e siècle, il a été décidé de rénover le port. Aujourd’hui, le port compte des dizaines de lieux de divertissement, des clubs de sports, des magasins, des cafés et des restaurants et beaucoup d’entre eux se trouvent dans les bâtiments rénovés qui ont accueilli une foire commerciale en 1934.
Le port a également une grue qui a récemment été restaurée. Son corps de fer a été fabriqué en terre d’Israël, tandis que les systèmes automobiles et électriques ont été amenés ici d’Europe en 1938. Unique en Israël, elle a soulevé et transporté chaque chargement de 25 tonnes ou plus qui entrait et sortait du port pendant près de trois décennies – et était vitale pour l’effort de guerre britannique. Au fil des ans, les vents de la mer et le sel ont corrodé la grue et elle était au bord de l’effondrement quand sa restauration a commencé.
Une promenade continue au nord de l’estuaire du Yarkon, avec une belle aire de repos comprenant des arbres, des bancs, et époustouflants, des vanneaux à éperons blancs et noirs.
Ici se trouve le pont Wauchope, qui a été restauré au début du 21e siècle.
Depuis le pont, il est facile de voir où le Yarkon rencontre la mer Méditerranée : une agréable vue accompagnée du son des vagues qui s’écrasent. La promenade continue sur le pont, vers un phare restauré datant de la fin des années 1930.
Le pilier situé immédiatement derrière le phare est un monument pour la 157e brigade de la 52e division de Grande-Bretagne. C’est d’ici que les soldats ont traversé la rivière pendant la conquête britannique de la Palestine en 1917, et ont capturé les positions turques situées de l’autre côté.
La centrale électrique Reading se tient à l’opposé d’une magnifique baie, où tout ce qui reste d’un mur construit pour protéger la centrale pendant la Seconde Guerre mondiale sont deux structures rondes trapues. Elles ressemblent suspicieusement aux casemates que les Britanniques utilisaient comme postes de garde dans tout Israël pendant la révolte arabe – sauf qu’il n’y avait pas d’ouverture pour les gardes. Leur fonction reste un mystère.
Bien que la promenade continue, c’est ici que nous tournons habituellement, pour nous relaxer près de la rivière dans l’un de ses pittoresques endroits ombragés.
En prenant des photos pour cet article, nous avons passé la nuit à l’hôtel Port and Blue en tant qu’invités de la direction. L’emplacement était parfait, et l’hôtel est situé juste en face du port de Tel Aviv.
Probablement construit dans les années 1970, et initialement appelé Tzidon, l’hôtel offrait un hébergement basique pour de jeunes gens et de nouveaux immigrants. Il a rouvert comme hôtel Port and Blue en octobre, après un remaniement complet, avec 77 suites luxueuses et des chambres doubles pas moins luxueuses.
Les architectes et designers de l’hôtel récemment rénové ont prêté une attention minutieuse aux détails, chaque type de logement étant décoré de manière unique et avec goût, remarquablement spacieux, et équipé d’eaux minérales, de stations de travail inhabituellement agréables, de grandes salles de bains, de coin café, d’un réfrigérateur et d’une vue sur la Méditerranée.
L’impressionnante entrée éclate de reflets saisissants, et son éclairage unique comprend un chandelier qui reflète les couleurs changeantes du plafond. Hôtel très recommandé – et à un prix raisonnable.
——-
Aviva Bar-Am est l’auteur de sept guides de voyages en anglais sur Israël.
Shmuel Bar-Am est un guide certifié qui propose des voyages privés et adaptés en Israël pour des personnes seules, des familles et des petits groupes.
Tous droits réservés.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel