Le procès de Sara Netanyahu ajourné au 13 novembre
Les poursuites entamées contre l'épouse du Premier ministre, suspectée de détournement de fonds, devraient donner lieu à un procès s'étalant sur plusieurs mois
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

L’épouse du Premier ministre Netanyahu s’est présentée dimanche au tribunal de première instance de Jérusalem pour l’ouverture de son procès. Pour la première fois, Sara Netanyahu a pris place sur le banc des accusés.
Ezra Saidoff, ancien directeur général adjoint au bureau du Premier ministre, est lui aussi mis en examen.
Ils sont jugés pour fraude et abus de confiance, pour avoir fait passer pour plus de 80 000 euros de repas aux frais du contribuable, alors que la résidence officielle disposait d’un cuisinier.
Le couple Netanyahu a nié toute malversation, et se dit victime d’une chasse aux sorcières menée par des médias hostiles.
Assise derrière l’équipe de la défense pendant les 45 minutes de débat préalables au procès, Sara Netanyahu a semblé anxieuse et parfois même perturbée à la lecture des charges retenues contre elle, l’accusant d’avoir abusé de sa position pour frauder délibérément.

A l’ouverture du procès, qui visait à prendre les dépositions du témoin, Yossi Cohen, l’avocat de Sara Netanyahu a demandé un report du procès, en raison d’un « désordre » dans les documents donné à la défense par l’accusation.
« Il y avait des documents qui manquaient dans les dossiers qui nous ont été donnés. Certains documents étaient censés être rattachés à l’acte d’accusation principal. Nous ne les avons pas reçus et nous n’avons pas pu nous préparer correctement », a déclaré Cohen au juge Avital Chen.
Jenny Avni, l’avocat de l’accusation a assuré que tous les documents nécessaires ont été remis à la défense, suggérant qu’il s’agissait d’une tactique pour gagner du temps – le procès était initialement prévu en juillet, mais a été reporté au mois d’octobre en raison d’une autre affaire sur laquelle travaillait Cohen, mais la juge Chen a tout de même accepté et a invité les avocats à « voir s’ils peuvent parvenir à un accord entre eux », laissant la porte ouverte à une négociation en lieu et place d’un procès qui devrait durer des mois.
Le procès, qui avait déjà été reporté en juillet, a été ajourné au 13 novembre, à huis clos. La présence de Mme Netanyahu et celle d’Ezra Saidoff ne seront pas requises lors de la prochaine audience. Un accord sur les documents sera conclu avant les dépositions des témoins.
Chen y jugera également la demande de l’accusation, qui souhaite voir le procès jugé par un panel de trois magistrats. C’est une mesure régulièrement appliquée dans les procès dits sensibles, lorsqu’il y a plus d’un accusé.

Cohen, ainsi que Yehoshua Resnik – un avocat israélien expérimenté qui représente Saidoff – ont déclaré que l’accusation tentait de faire sensation avec une « affaire mineure ».
« Ils tentent de faire de cette petite affaire de couscous et de plats à emporter un scandale, quand ce n’est pas le cas », a déclaré Cohen.
Selon l’acte d’accusation, les plats ont été commandés auprès de plusieurs commerces connus de Jérusalem, notamment un restaurant italien, un restaurant de sushis et un restaurant aux spécialités moyen-orientales.
Les charges retenues contre Saidoff sont plus sérieuses. Il est accusé d’avoir illégalement employé des chefs et des serveurs pour des repas privés au domicile des Netanyahu et d’avoir falsifié les factures pour de telles activités afin de les faire valider.
L’avocat Erez Padan a déclaré que « la dimension publique » de l’affaire », ainsi que la notoriété des accusés justifiaient la présence d’un panel de magistrats.
« Nous parlons de crimes, qui, selon l’acte d’accusation, ont été commis sous les auspices de la résidence du Premier ministre, par l’épouse du Premier ministre, qui a tiré profit de sa position pour commettre de tels crimes », a accusé Padan.
Cohen a objecté et demandé à la juge de ne pas l’autoriser à « appâter la presse ». Padan a dû retirer ses propos.
Sara Netanyahu a fait l’objet de plusieurs accusations portant sur son mode de vie extravagant et son attitude vis-à-vis de ses employés. En 2016, la cour l’avait condamné à verser 42 000 dollars de dommages et intérêts à un employé qu’elle aurait maltraité. D’autres anciens employés l’ont accusée de mauvais traitements et le couple Netanyahu a toujours nié ces allégations avec véhémence.
L’équipe du Times of Israel et l’AFP ont contribué à cet article.