Le régulateur brise le «cartel» énergétique des champs gaziers
L'Autorité de la concurrence a estimé que l'accord entre Noble et Delek créait un monopole ; la décision risque de retarder l'exploitation
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Autorité de la concurrence a décidé mardi, dans un geste spectaculaire, de rompre un accord permettant à un consortium de deux sociétés d’énergie d’exploiter les plus grands champs gaziers naturels d’Israël.
La décision intervient un jour après que l’autorité ait annoncé qu’elle envisageait d’annuler la convention qui permet à Noble Energy (basé aux États-Unis) et au groupe israélien Delek de développer les gisements gaziers Leviathan et Tamar – deux importants champs gaziers – en Méditerranée, au motif que l’accord constitue un cartel.
Selon la Dixième chaîne, la décision signifie que Noble et Delek devront vendre leurs parts dans Leviathan ou dans Tamar, un plus petit gisement, ou bien briser le consortium.
L’arrangement en question était un compromis entre l’Autorité de la concurrence et les deux sociétés d’énergie, selon lequel lequel ils pouvaient continuer à développer Tamar et Leviathan s’ils vendaient leurs actions dans les petits sites Karish et Tanin.
La décision de l’Autorité est soumise aux résultats d’une audience, qui aura lieu la semaine prochaine.
Avant la décision, Noble Energy avait menacé mardi matin de reconsidérer son investissement en Israël si le pays revenait sur l’accord qui avait été signé avec les entreprises pour leur permettre de développer les champs gaziers.
La Deuxième chaîne a rapporté que Bini Zomer, directeur de Noble en Israël, a déclaré que la décision représentait « une ombre » sur l’avenir du gaz et l’exploitation du pétrole dans le pays, et affecterait les investissements de Noble en Israël.
L’annonce a provoqué une chute des actions Delek de 16,25 % à la Bourse de Tel Aviv.
Leviathan a été découvert en 2010 à quelque 130 kilomètres à l’ouest de Haïfa. Il devait devenir opérationnel en 2016, mais la décision de l’Autorité de la concurrence pourrait repousser cette échéance de plusieurs années.
Israël a commencé à puiser du gaz naturel en mars 2013 avec le champ de Tamar – découvert en 2009 et situé à quelque 90 kilomètres à l’ouest de Haïfa – qui détiendrait environ 275 milliards de mètres cubes cubes de gaz naturel.
La décision survient dans le contexte d’un rapport italien statuant que le consortium responsable du champ de gaz Tamar faisait à Israël des « exigences contractuelles monopolistiques », ce qui aurait conduit à une forte hausse des coûts de l’électricité pour les Israéliens.
Le coût de la vie et le contrôle par les « tycoons », ces chefs d’entreprises détenant d’importants secteurs de l’économie, ont été un sujet dans le débat politique en Israël ces dernières années. Le propriétaire du groupe Delek Yitzhak Techouva est considéré comme l’un des plus riches hommes d’affaires du pays, avec des participations importantes dans de nombreuses industries.
La compagnie d’électricité israélienne a signé des contrats à long terme pour acheter du gaz du champ Tamar, alors qu’Israël est encore en train de finaliser des offres pour le gaz de Léviathan, que le gouvernement a autorisé pour l’exportation.
Orit Farkash-Cohen, la présidente de l’Autorité des services publics (électricité), a récemment écrit une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de l’Infrastructure nationale, de l’énergie et de l’eau, Silvan Shalom, avertissant que l’accord signé par Israël avait favorisé le consortium.
« Une situation de monopole a émergé, avec les contrats de gaz présentés à l’Autorité, comprenant des conditions qui sont inacceptables dans un marché concurrentiel – en particulier la répartition déséquilibrée du risque qui favorise le fournisseur de gaz, en mettant le consommateur face au risque du marché faisant peser sur le consommateur le montant du risque et le risque de prix », a-t-elle écrit.