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Analyse

Le report du budget, une ruse de Netanyahu pour rester Premier ministre ?

Un éminent politicien de droite dit être à "70 % sûr" que le chef du gouvernement ne soutiendra le report que lors du vote initial avant de déclencher un nouveau scrutin

Shalom Yerushalmi

Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le secrétaire de cabinet Zvi Hauser lors de la réunion hebdomadaire de cabinet, au mois de juillet 2009. (Crédit : Ariel Jerozolimski/Flash90/File)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le secrétaire de cabinet Zvi Hauser lors de la réunion hebdomadaire de cabinet, au mois de juillet 2009. (Crédit : Ariel Jerozolimski/Flash90/File)

Jamais, semble-t-il, une proposition de compromis n’aura entraîné un tel scepticisme.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est donc désireux de soutenir le projet de loi de la faction Derech Eretz, qui prévoit de reporter de plusieurs mois la date butoir qui avait été fixée pour l’approbation du budget de l’Etat – éloignant ainsi le spectre de la menace immédiate de nouvelles élections.

Et pourtant, des ministres de son parti du Likud et d’autres sources de droite mettent en garde : un tel positionnement pourrait être un nouveau stratagème du Premier ministre, qui aurait pour objectif d’apaiser les tensions politiques avant de torpiller la proposition de législation à la dernière minute.

Un éminent politicien de droite estime une telle possibilité « à 70 % ».

Ce qui donne tout de même une idée du degré de malhonnêteté de notre système politique actuel.

La date butoir pour l’adoption du budget de l’Etat avait été fixée au 25 août – faute de respecter ce délai, le gouvernement devrait être dissous et de nouvelles élections immédiatement organisées.

Netanyahu insiste sur la nécessité d’adopter un budget couvrant l’année 2020 uniquement, contrevenant en cela aux dispositions précisées dans l’accord de coalition, justifiant son choix par l’incertitude causée par la crise du coronavirus. Benny Gantz, le ministre de la Défense, réclame pour sa part un budget sur deux ans. Aucune des deux parties n’a montré la volonté de trouver un compromis et un grand nombre d’observateurs estiment que le véritable enjeu de la querelle est de déterminer si Gantz, oui ou non, pourra devenir Premier ministre à la fin de l’année prochaine.

Pour que le projet de législation qui a été préparé par les députés Zvi Hauser et Yoaz Hendel soit approuvé, il devra être soutenu par une majorité de députés lors d’une lecture préliminaire, puis être présenté au débat en commission. Il reviendra alors devant les parlementaires pour trois lectures supplémentaires avant son adoption finale.

Et il faudra que tout cela soit réalisé en deux semaines en raison du calendrier limité de la Knesset. Mais ce n’est pas toutefois une mission impossible – sauf si Netanyahu décide de torpiller la législation à la toute dernière minute.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le ministre de la Défense Benny Gantz dirigent une réunion hebdomadaire du cabinet, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 7 juin 2020. (Marc Israel Sellem)

À ce stade, Netanyahu et le Likud sont favorables à un vote sur la proposition en plénière de la Knesset, qui aura lieu mercredi – mais seulement en phase de lecture préliminaire.

Le même jour, les députés de l’opposition Yair Lapid et Tamar Zandberg présenteront également au vote leur projet de législation empêchant tout individu mis en examen dans un dossier criminel d’être désigné Premier ministre.

Cette loi vise à interdire à Netanyahu d’être à nouveau nommé chef de gouvernement – il est actuellement traduit en justice pour des faits de corruption dans trois dossiers distincts, notamment pour pots-de-vin dans l’un d’eux.

Il n’a cessé de clamer son innocence.

Selon les observateurs, Netanyahu cherche à empêcher Kakhol lavan d’apporter son soutien à cette loi – et c’est la raison pour laquelle il accepte ce report de l’approbation du budget. Lorsque la menace représentée par le projet de législation de l’opposition aura été écartée, il trouvera alors un moyen de saper la proposition de Hauser sur le budget.

J’ai demandé à Hauser, dimanche, s’il était en train de tomber dans un piège tendu par Netanyahu.

« Tout est possible », m’a-t-il répondu.

Somme toute, Netanyahu n’a nullement modifié ses intérêts. Il veut secouer le système politique avant la présentation des éléments de preuve dans son procès, une phase qui devrait commencer au mois de janvier 2021. Il veut encore des élections, et il veut encore qu’un nouveau gouvernement de droite soutenu par une mince majorité de 61 députés puisse adopter les lois qu’il recherche pour empêcher son procès de se poursuivre.

Après tout, c’est le plan d’action qu’il a mis en œuvre au cours de ces deux dernières années.

Pour résumer, Netanyahu n’a pas sourcillé, comme ont pu le dire certains analystes. La dissolution de la Knesset n’a pas été annulée. Au mieux, elle sera repoussée de cent jours si la loi de Hauser devait être adoptée – ce qui n’est absolument pas garanti.

Les membres de la Knesset Yoaz Hendel (à gauche) et Zvi Hauser (à droite) aperçus à la Knesset, avant la session d’ouverture du nouveau gouvernement, le 29 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

L’auteur de la législation, Hauser, a expliqué dimanche soir que son objectif était de mettre en place une stabilité politique et économique avant l’hiver. Il a comparé la crise sanitaire actuelle avec une météorite qui prendrait la forme d’une épidémie combinée de grippe et de COVID-19 et qui s’approcherait de la Terre, sur le point de s’écraser, en soulignant qu’Israël n’était pas prêt à faire face à cette menace.

Lui-même votera contre le texte présenté par Lapid et par Zandberg pour éviter de détourner l’attention de ce qui est, à ses yeux, le principal problème : celui de la stabilité politique.

« On devrait simplement laisser de côté tout ce qui n’aide pas à stabiliser le système », a commenté Hauser, oubliant apparemment qu’en attendant, l’Etat juif sera dépourvu encore trois mois de toute perspective de budget d’Etat.

Ce qui est une instabilité digne d’être remarquée.

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