Le sabotage des gouvernements de droite, « l’obsession » de Liberman – Netanyahu
Le Premier ministre a longuement dénoncé le leader de Yisrael Beytenu qui aurait déjoué la formation d'une coalition, disant : "Il est impossible de lui faire confiance"
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Dans sa première allocution publique depuis que de nouvelles élections ont été annoncées, il y a vingt-quatre heures, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’en est pris sans relâche au chef de Yisrael Beytenu Avigdor Liberman qui, a-t-il clamé, nourrit « l’obsession de renverser les gouvernements de droite ».
Alors que Liberman a empêché Netanyahu de former une coalition majoritaire – une initiative qui a abouti à un vote, à la Knesset, prônant le démantèlement du parlement et l’organisation d’un nouveau scrutin – le Premier ministre a blâmé le responsable du parti Yisrael Beytenu qui, selon lui, « entraîne le pays vers des élections inutiles ».
S’exprimant à l’Hôtel Orient de Jérusalem au cours d’un discours de 10 minutes étayé de supports visuels, Netanyahu a lancé son message de campagne initial en amont du scrutin du mois de septembre, n’épargnant pas Liberman en répétant certaines critiques déjà énoncées aux premières heures de la matinée au cours d’une diatribe furieuse contre ce dernier.
Clamant une fois encore qu’il avait gagné les dernières élections du 9 avril – même s’il n’a remporté que 35 sièges, à égalité avec Kakhol lavan – Netanyahu a déclaré qu’il aurait pu former une coalition sans la « folie des grandeurs » de Liberman, attisés « par l’ambition personnelle ».

S’adressant au public, il a expliqué que « vous avez voté pour 65 députés appartenant à des partis qui vous avaient juré qu’ils formeraient un gouvernement de droite. Tous ont tenu leurs promesses. Tous, à l’exception de Liberman ».
Netanyahu a déclaré que son chef de bureau devenu allié avant de se retourner encore une fois contre lui avait choisi de ne pas rejoindre le gouvernement parce qu’il était un « saboteur national lorsqu’il s’agit de renverser la droite. C’est une obsession ».
Il « renverse systématiquement les gouvernements de droite », a accusé Netanyahu, clamant que Liberman avait été à l’origine des élections du 9 avril et qu’il avait tenté de forcer la tenue d’un nouveau scrutin à l’issue du vote national de 2015.
Netanyahu a expliqué avoir offert à Liberman « tout ce qu’il voulait », mais que ce dernier avait opposé une fin de non-recevoir à sa participation au gouvernement.
« Tout à coup, il est devenu anti-ultra-orthodoxe… Cela fait 20 ans qu’il passe des accords avec eux », s’est-il exclamé.
Netanyahu a alors présenté une longue liste d’exemples présumés illustrant la coopération de Liberman avec les formations ultra-orthodoxes ou sa trahison des partis de droite lorsque son intérêt propre était en jeu.

Avant le vote de dissolution de la Knesset qui a eu lieu mercredi, Liberman avait accusé Netanyahu de « se remettre entre les mains des ultra-orthodoxes ».
Tandis que Yisrael Beytenu aurait rejoint un gouvernement de droite, avait-il expliqué, il ne se joindrait pas à une « coalition halakhique »- une référence à la loi religieuse juive.
Mercredi, plus tôt dans la soirée, Netanyahu avait fait à Yisrael Beytenu et aux formations ultra-orthodoxes une « offre finale » sur le projet de loi controversé sur le service militaire. Cette offre avait été rapidement rejetée par les partenaires de coalition et avait entraîné une réponse furieuse de certains des alliés haredim les plus anciens du Premier ministre.
Quelques heures avant l’expiration du délai accordé pour la mise en place d’une coalition, Yahadout HaTorah et Yisrael Beytenu avaient tous deux refusé l’offre de Netanyahu qui aurait fait avancer la version initiale du projet de loi régulant le service militaire des ultra-orthodoxes – tout en ne garantissant pas son adoption définitive.
Liberman a dit de manière répétée soutenir Netanyahu au poste de Premier ministre mais qu’il ne rejoindrait le gouvernement que si les accords de coalition ne comprenaient pas l’approbation sans modification préalable d’une version du projet de loi qui avait passé l’année dernière le stade de la première lecture. Ce projet de loi est rejeté par les formations ultra-orthodoxes qui réclament un assouplissement de ses termes.
Netanyahu avait besoin de Yisrael Beytenu et des partis ultra-orthodoxes pour obtenir la majorité au gouvernement.
Le Premier ministre a déclaré que le responsable de Yisrael Beytenu avait fait échouer les négociations à cause d’une vendetta personnelle.
« Il ne veut pas que je sois premier ministre », a-t-il clamé.
Netanyahu a ajouté qu’en résultat du refus opposé par Liberman, il y avait une « hémorragie des soutiens » au sein du parti Yisrael Beytenu. Et dans un appel direct aux électeurs qui jetteront leurs bulletins dans l’urne dans trois mois et demi, il a déclaré que la réponse aux « ruses » de Liberman était « très simple : Il faut voter pour le Likud à la place ».
Répondant au discours de Netanyahu, Yisrael Beytenu a émis un communiqué disant que le Premier ministre « a échoué dans sa mission de formation d’un gouvernement et il cherche actuellement un coupable. Ce qui ne change rien au fait néanmoins que le seul responsable de ces nouvelles élections est le Likud ».
Le parti a ajouté que « Netanyahu est sous pression parce qu’il sait que le public a d’ores et déjà compris qui est réellement la droite nationale, qui veut former un gouvernement de droite et qui a tenté de mettre en place un Etat halakhique ».