Le sénat américain met un terme à la destitution d’Alejandro Mayorkas
Le vote, qui a suivi les lignes partisanes, a mis un terme aux accusations de la chambre qui estimait que le ministre juif avait échoué à répondre à la crise en cours à la frontière avec le Mexique
WASHINGTON (JTA) — Avec un vote qui a suivi les lignes partisanes, le sénat américain a enterré la procédure de destitution qui visait le secrétaire à la sécurité intérieure juif, Alejandro Mayorkas.
Les 51 sénateurs démocrates ont voté, mercredi, la fin de l’empeachment avant même que la procédure ne soit lancée. Les 49 républicains, pour leur part, ont voté contre cette suspension.
Un vote qui met un terme aux tentatives visant à destituer Mayorkas en raison de la manière dont il avait pris en charge le problème des migrants sans-papiers entrant aux États-Unis depuis le Mexique. Le lancement de cette procédure d’ impeachment, à la chambre des représentants, avait été adopté avec une très mince majorité – 214 contre 213 voix — et même alors, le premier vote avait échoué. Le représentant républicain de Louisiane, Mike Johnson, qui est le président de la chambre, avait dû présenter une deuxième fois la question au vote.
Les groupes juifs avaient tiré le signal d’alarme face à cette procédure, notant les allusions répétées, pendant les audiences, à la théorie du complot du grand remplacement – une théorie sans fondement dont la version originale affirme que les Juifs sont à la tête d’une initiative visant à remplacer les populations des pays à majorité blanche par des immigrants de couleur.
« Cette tentative d’impeachment n’a été rien de plus qu’un coup politique cynique qui a encore davantage normalisé les théories du complot dangereuses de ‘l’invasion’ et du ‘remplacement’ qui sont avancées par les suprématistes blancs », a commenté dans une déclaration Amy Spitalnick, directrice-générale du Jewish Council for Public Affairs, un groupe de relations communautaires à tendance libérale.
C’est un nombre record d’immigrants qui ont récemment franchi la frontière entre les États-Unis et le Mexique et les républicains affirment que la frontière est dorénavant incontrôlable parce que Mayorkas a délibérément choisi d’ignorer les lois existantes. Une ignorance volontaire, déclarent-ils, qui s’apparente à un crime et à une infraction justifiant une destitution.
De leur côté, les démocrates disent que Mayorkas respecte la politique mise en place par la Maison Blanche et qu’il a enregistré des réussites dans la gestion de la situation à la frontière.
Cet impeachment de Mayorkas était un objectif politique déterminant de l’ancien président américain Donald Trump, dont la campagne en vue de sa réélection à la Maison Blanche, cette année, s’est consacrée à la crise sur la frontière.
Mayorkas est né en 1959 dans un foyer juif de La Havane, à Cuba. Sa mère, Anita, avait fui vers Cuba pendant la Shoah, quittant son pays natal, la Roumanie ; les parents de son père, Charles, étaient des séfarades qui avaient émigré à Cuba depuis l’ancien empire ottoman. La famille du secrétaire à la sécurité intérieure était arrivée en Amérique après la révolution cubaine, en 1961.
Selon le journal juif américain Forward, Mayorkas est le premier juif séfarade à servir dans un cabinet américain (un autre séfarade, Judah Benjamin — le tout premier sénateur juif – avait été secrétaire au Trésor dans les états confédérés pendant la guerre civile américaine)
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.