Israël en guerre - Jour 474

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Le Shin Bet accusé de bénéficier de la torture palestinienne

Un rapport affirme que le traitement des prisonniers est “cruel, dégradant et inhumain” ; l’agence de sécurité dit que ses actions sont légales et ces accusations “déformées”

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Les groupes de défense des droits de l’Homme B’Tselem et HaMoked ont publié mercredi un rapport de 70 pages accusant l’agence de sécurité du Shin Bet d’utiliser consciemment des informations obtenues par les services de sécurité palestiniens pour incriminer des Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Le rapport a également accusé le Shin Bet d’abus dans les prisons, y compris des privations de sommeil, l’exposition au chaud et au froid, de la nourriture non comestible et des coups physiques, qui relèveraient d’une « politique d’interrogatoire officielle ».

Au total, certains des cas représenteraient de la « torture », est-il écrit.

L’agence de sécurité intérieure a démenti ces affirmations « trompeuses » et « déformées », mais a déclaré qu’elle n’en parlerait pas spécifiquement en raison d’un appel en cours devant la haute cour de justice à ce sujet.

B’Tselem et HaMoked ont interrogé entre août 2013 et mars 2014 116 prisonniers sécuritaires palestiniens qui étaient détenus à la prison de Shikma à Ashkelon.

Selon le rapport, le troisième d’une série d’études sur les interrogatoires de Palestiniens, les ressemblances sont frappantes avec les méthodes utilisées dans d’autres établissements.

« Les descriptions ressemblent de façon frappante aux témoignages déjà fournis par des détenus dans d’autres centres. Il semblerait que cette manière de procéder constitue en fait une politique officielle quant à la manière de conduire les interrogatoires », affirment les ONG dans ce rapport intitulé « Soutenu par le système ».

Des militants juifs de droite manifestent contre des tortures supposées du Shin Bet en rejouant les techniques présumablement utilisées par l'agence sur la place Habima de Tel Aviv, le 23 décembre 2015. (Crédit : Tomer Neuberg / Flash90)
Des militants juifs de droite manifestent contre des tortures supposées du Shin Bet en rejouant les techniques présumablement utilisées par l’agence sur la place Habima de Tel Aviv, le 23 décembre 2015. (Crédit : Tomer Neuberg / Flash90)

Sur les 116, seuls 39 avaient précédemment été détenus par l’Autorité palestinienne (AP), et 17 ont été détenus par Israël dans le mois suivant leur libération de prison palestinienne. Vingt-deux ont déclaré que les enquêteurs du Shin Bet leur avaient dit avoir reçu des documents de l’Autorité palestinienne.

« Les enquêteurs israéliens semblent avoir été informés des tortures que les détenus ont subi dans les installations de l’AP. Les enquêteurs israéliens ont dit à deux détenus qu’ils voulaient leur montrer qu’ils étaient meilleurs que leurs homologues palestiniens, est-il écrit dans le rapport. Un autre détenu a raconté que ses enquêteurs israéliens connaissaient sa plainte auprès d’une organisation palestinienne de défense des droits de l’Homme sur la torture par l’AP. Et un autre détenu qui avait été torturé par l’AP a dit avoir été menacé par les enquêteurs israéliens qui demanderaient à l’AP de l’arrêter à nouveau. »

Le rapport a conclu de ces trois témoignages que le Shin Bet était conscient que les informations fournies par l’AP avaient été obtenues sous la contrainte.

« Cependant, il va de soi – comme il est clairement indiqué par les attestations des trois détenus fournies pour ce rapport – que les enquêteurs savaient que le matériel d’interrogation, qui leur était fourni par l’AP, avait été obtenu sous une sévère torture. Dans ces cas, les enquêteurs du Shin Bet utilisaient consciemment des informations obtenues par des méthodes illégales », peut-on lire dans le rapport.

Le rapport a de plus accusé le Shin Bet de « violences verbales, et occasionnellement physiques » contre les détenus, comme l’isolement, des conditions déplorables dans les cellules et pour la nourriture, des privations de sommeil, et l’exposition des détenus au froid et au chaud. De telles méthodes relèvent de la « politique officielle », a-t-il accusé.

Une décision de la Cour suprême de 1999 interdit aux interrogateurs d’utiliser la violence, excepté dans les cas d’une « bombe à retardement ».

Sur les 116 Palestiniens interrogés, 14 ont rapporté de la violence physique, 105 ont déclaré que leurs mains avaient été attachées à une chaise pendant l’interrogatoire, 30 ont dit avoir été interrogé la plupart des heures pendant plus de trois jours et trois nuits, et 38 qu’ils étaient attachés à des chaises difformes.

Six d’entre eux ont rapporté avoir été enchaînés à un lit, et 12 ont dit avoir été privés de sommeil pendant plus de 24 heures.

« Cette mesure extrême [l’enchaînement à un lit] a apparemment été adoptée à la suite de menaces de suicides, ou après qu’il ait été pensé ou affirmé qu’un détenu pourrait être dangereux pour lui-même – après un éclat ou une dépression pendant les interrogatoires ou pendant l’isolement. Dans certains cas, il y a des inquiétudes sur le fait qu’attacher le détenu au lit ait pu servir de méthodes d’interrogatoire. »

Le rapport a maintenu que les incidents relevaient d’une politique, plutôt que de décisions prises individuellement par les enquêteurs.

« Le traitement cruel, inhumain et dégradant des détenus palestiniens est intrinsèque à la politique d’interrogatoire du Shin Bet, qui est dicté par l’échelon supérieur, par mise en place par les enquêteurs sur le terrain », a-t-il accusé.

« Chacune de ces mesures est cruelle, inhumaine et dégradante, un effet qui est additionné quand utilisé en combinaison ou pour de longues périodes de temps. Dans certains cas, l’utilisation de ces mesures constitue de la torture – en contravention des lois internationales et en violation des jugements de la haute cour de justice et de la loi israélienne », a conclu le rapport.

Aux côtés des accusations les plus sérieuses, d’autres plaintes comprenaient l’interdiction d’une douche, l’éclairage dans les cellules (« Les cellules étaient allumées tout le temps par des ampoules qui donnaient une lumière jaunâtre. Dans certains cas, la lumière était orange ou rouge. Selon les détenus, la lumière rendait le sommeil extrêmement difficile et entraînait des douleurs aux yeux et des maux de tête »), la température dans les cellules (extrêmement chaud et extrêmement froid), et les conditions dans les cellules, que beaucoup ont décrites comme « envahies d’insectes, de mouches, de beaucoup de cafards et dans un cas, d’une souris »).

Le Shin Bet a déclaré en réponse qu’il ne répondrait pas à chaque accusation spécifique, en raison d’une pétition en cours de traitement par la haute cour de justice sur le rapport, qu’il a qualifié de « déformé » et de « trompeur ».

Daniel Shenhar, un des auteurs du rapport, regrette le manque de réponses des autorités israéliennes aux accusations contenues dans le document.

« L’absence d’enquête conduit à l’impunité, et à l’immunité de facto des interrogateurs et de ceux qui violent les droits de l’Homme », a-t-il déclaré.

« Les interrogatoires du Shin Bet sont menés en accord avec la loi pour contrecarrer et empêcher des activités conçues pour nuire à la sécurité de l’Etat », a-t-il déclaré.

L’équipe du Times of Israël et l’AFP ont contribué à cet article.

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