L’équipe de foot israélienne qui vivait des dons du Qatar
Lors d’une cérémonie, l’équipe de Bnei Sakhnin a honoré la mémoire d’Azmi Bishara et glorifié l’émirat qui finance le terrorisme
Des hommes politiques de droite ont exigé que les autorités sportives pénalisent lourdement l’équipe de football de Bnei Sakhnin – le club d’une ville arabe israélienne – après que la direction du club ait tenu une cérémonie controversée samedi en l’honneur de donateurs du Qatar et de personnalités arabes.
La cérémonie honorait en particulier Azmi Bishara, un ancien membre de la Knesset qui a fui Israël après avoir été soupçonné d’avoir fourni des informations au Hezbollah pendant la seconde guerre du Liban en 2006.
« Les sanctions ou les amendes ne sont pas des mesures suffisantes contre ce qu’a montré l’équipe de Bnei Sakhnin la nuit dernière ! » a écrit sur sa page Facebook dimanche Limor Livnat, la ministre de la Culture et des Sports, ajoutant que « priver l’équipe de championnat signifiera clairement à ses dirigeants la gravité d’une ‘cérémonie’ en l’honneur d’Azmi Bishara, soupçonné d’avoir commis trahison et espionnage au profit des pires ennemis d’Israël ».
Samedi, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman avait appelé à l’expulsion de Bnei Sakhnin, une équipe dont les joueurs sont presque exclusivement arabes, du championnat israélien, ajoutant ironiquement que le club devrait envisager de jouer dans les ligues de football qataries ou palestiniennes à la place.
La cérémonie a eu lieu au « Doha Stadium » de Sakhnin, un stade de 8 500 places nommé d’après la capitale qatarie, quelques minutes avant le match face à l’Hapoel Tel-Aviv.
Dans le cadre de la cérémonie, le maire de Sakhnin, Mazen Ghanayem, a brandi une photo de Bishara et consacré un bouclier d’honneur au prince du Qatar. Pendant le match lui-même, les fans de Sakhnin ont soulevé une bannière avec les mots « Jérusalem est à nous » inscrits sous une photo de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.
Mis à part des dons de millions de dollars pour les installations sportives de Bnei Sakhnin au cours des dernières années, le petit émirat du Qatar a été accusé d’avoir financé le Hamas ainsi que d’avoir voulu mettre à mal les tentatives de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël suite à la guerre de 50 jours de l’été dernier.
L’État du Golfe persique offre également un refuge aux dirigeants en exil du Hamas et il est censé maintenir des liens avec d’autres groupes terroristes islamistes à travers le Moyen-Orient.
Bien que l’Association israélienne de football envisage sa propre réponse à la cérémonie controversée, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a salué la gestion de Bnei Sakhnin pour sa volonté d’honorer Bishara.
« Toutes nos bénédictions à l’équipe sportive du Bnei Sakhnin, qui est prête à relever le défi en honorant le Dr Azmi Bishara, et en lui donnant une récompense lors de l’ouverture du Doha Stadium à Sakhnin, en dépit de toutes les menaces du criminel Liberman », a écrit Barhoum sur sa page Facebook.
Le député Jamal Zahalka du parti Balad [qui était aussi le parti de Bishara] et qui a assisté au match samedi, a repoussé les critiques et a accusé Liberman de l’usage délibéré de parler de cette cérémonie comme d’un moyen d’incitation à la haine contre les Arabes israéliens.
« Le sport de Liberman, c’est l’incitation contre les Arabes, » a-t-il dit. « Il n’a pas peur d’utiliser chaque occasion et tous les moyens pour attaquer et diffuser les poisons de la haine et du racisme. »
Le maire de Sakhnin a défendu la cérémonie et affirmé que les dons du Qatar étaient essentiels à l’équipe.
« Il est regrettable que tout le monde fasse un tel tapage à ce sujet, parce que sans la contribution du Qatar et sans l’aide d’Azmi Bishara, Bnei Sakhnin n’aurait même pas été en mesure de jouer dans la ligue» a déclaré Ghanayem dimanche selon Ynet. [L’équipe a d’ailleurs été la première équipe arabe à remporter le championnat d’Israël en 2004].
Il a ajouté que le gouvernement israélien avait rejeté ses demandes d’assistance dans le financement de l’équipe.
« Ils nous ont dit : ‘Pourquoi ne vous tournez-vous pas aussi vers le monde arabe [pour de l’aide] ?’ » a accusé Ghanayem. « Nous nous sommes donc tournés vers le monde arabe, et voilà ce qui s’est passé ».