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Les 3 cancers dont les Juifs doivent s’inquiéter le plus – et comment réduire les risques

Dans la mesure où les Ashkénazes ont une prédisposition génétique à plusieurs formes de la maladie, les médecins recommandent des mesures préventives et des tests de dépistage pour une détection anticipée

Illustration : Une meilleure sensibilisation sur les dangers de l'exposition au soleil aurait permis à Israël de réduire son taux de cancer de la peau,. Le pays est passé de la deuxième place à la 18ème aujourd'hui (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Illustration : Une meilleure sensibilisation sur les dangers de l'exposition au soleil aurait permis à Israël de réduire son taux de cancer de la peau,. Le pays est passé de la deuxième place à la 18ème aujourd'hui (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

NEW YORK — Les menaces géopolitiques qu’affrontent les populations juives peuvent croître et décroître, mais il y a un autre danger mortel particulier aux Juifs qui ne montre pour le moment aucun signe de disparition dans le temps à venir : le cancer.

De manière spécifique, les Juifs ont un risque élevé de développer trois types de la maladie : le mélanome, le cancer du sein et le cancer des ovaires. Le péril est particulièrement important pour les femmes juives.

La prévalence forte de ces maladies n’est pas répartie de la même façon chez tous les Juifs. Les mutations génétiques qui amènent à un taux plus important de cancer se sont concentrées chez les Juifs ashkénazes – les Juifs d’origine européenne.

« Les Ashkénazes sont une population plus homogène du point de vue génétique, là où les Séfarades sont largement plus divers », estime le docteur Ephrat Levy-Lahad, directeur de l’Institut de génétique médicale au Centre médical Shaare Zedek de Jérusalem.

Mais il y a de l’espoir. Les populations prédisposées peuvent prendre un certain nombre de précautions pour réduire les risques. Les récentes avancées médicales facilitent le dépistage précoce, ce qui réduit significativement le taux de mortalité de certains cancers.

Des tests génétiques moins onéreux permettent aux scientifiques de détecter les facteurs de risque associés à certains cancers. Et les scientifiques travaillent sur de nouvelles approches pour soigner ces maladies pernicieuses – en particulier en Israël, où les Juifs ashkénazes représentent une proportion plus grande de la population que dans n’importe quel autre pays.

Certaines femmes ashkénazes porteuses d'une mutation génétique particulière de type BRCA-1 ont 65% de chances de développer un cancer du sein (Crédit : Media for Medical/UIG via Getty Images)
Certaines femmes ashkénazes porteuses d’une mutation génétique particulière de type BRCA-1 ont 65% de chances de développer un cancer du sein (Crédit : Media for Medical/UIG via Getty Images)

Comprendre les facteurs de risque et apprendre les mesures de prévention sont essentiels pour améliorer le taux de survie au cancer. Voici ce que vous devez savoir.

Mélanome

Le mélanome est le type de cancer de la peau le plus meurtrier, représentant environ 80 % des morts suite à un cancer de la peau, et le taux de mélanomes est en hausse aux Etats-Unis. C’est également l’une des formes de cancer les plus communes chez les jeunes, en particulier chez les femmes.

Il y a seulement une décennie, Israël avait le deuxième plus fort taux de cancer de la peau dans le monde derrière l’Australie. L’une des raisons est qu’il y a beaucoup de soleil en Israël. Certains attribuent la baisse du taux de cancer de la peau per capita (l’état juif est dorénavant 18ème au classement) à une meilleure sensibilisation aux dangers de l’exposition aux rayons du soleil.

Mais le soleil n’explique pas tout. Les Juifs en Israël développent plus fréquemment des mélanomes que les citoyens arabes et non-juifs du pays.

Mélanome (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Mélanome (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Qu’est-ce qui explique que les Juifs soient davantage touchés par le mélanome que les autres ?

C’est une combinaison de génétique et de comportement, selon le docteur Harriet Kluger, chercheuse sur le cancer à l’université de Yale. Du point de vue génétique, les Juifs ashkénazes – qui comprennent environ la moitié de la population juive en Israël – seront significativement et plus probablement porteurs de la mutation génétique BRCA-2, qui serait liée, selon diverses études, à un plus fort taux de mélanomes.

L’autre facteur, l’ensoleillement abondant en Israël, vient exacerber le problème des Juifs d’origine européenne qui sont sensibles au soleil. C’est pour cela que les Arabes et les Juifs orthodoxes israéliens, dont la tenue plus conservatrice expose moins la peau aux rayons que ce n’est le cas des vêtements laïcs typiques, sont moins affectés par ce cancer.

« Il y a des études épidémiologiques qui ont été réalisées en Israël et qui montrent que les Juifs laïcs souffrent davantage de mélanomes que les Juifs orthodoxes », dit Kluger.

Alors que faire ?

‘En Australie, se faire dépister pour un cancer de la peau fait partie de la culture, comme se faire détartrer les dents en Amérique’

« Au lieu d’éviter le soleil, les gens devraient se faire dépister une fois par an », explique Kluger. « En Australie, se faire dépister pour un cancer de la peau fait partie de la culture, comme se faire détartrer les dents en Amérique ».

Vous pouvez détecter d’abord vous-même des grains de beauté inquiétants en utilisant une astuce mnémotechnique grâce aux lettres de l’alphabet allant de A à F : Voyez un médecin si vous repérez des grains de beauté qui montrent de l’asymétrie, des irrégularités sur les bordures, des couleurs noirs ou multiples, ceux qui présentent un large Diamètre, qui évoluent, ou qui ont une apparence fantaisiste. Les individus à la peau claire ou les roux doivent se montrer particulièrement vigilants, ainsi que ceux qui vivent dans des régions ensoleillées comme la Californie, la Floride ou les états des montagnes Rocheuses.

Et si vous voulez vraiment vous exposer au soleil, un écran solaire peut aider à amoindrir les risques mais jusqu’à un certain point seulement.

« Cela réduit les chances d’avoir un mélanome mais cela n’élimine pas ces mêmes risques », avertit Kluger.

A scientist does cancer research at lab in Hadassah Hospital (KEREN FREEMAN/FLASH90)
Un scientifique fait une recherche contre le cancer dans un laboratoire de l’Hôpital Hadassah. Israël est devenu un pôle des recherches contre cette maladie. (Crédit : KEREN FREEMAN/FLASH90)

Comme avec les autres cancers, un dépistage précoce peut augmenter les taux de survie de manière spectaculaire.

En même temps, les scientifiques en Israël – l’un des leaders mondiaux dans la recherche sur le mélanome – nourrissent de forts espoirs dans l’immunothérapie, qui rassemble les mécanismes immunitaires du corps pour attaquer ou neutraliser le cancer.

A l’Université de Bar-Ilan, le docteur Cyrille Cohen utilise une subvention de recherche octroyée par le Fonds de recherche contre le cancer israélien pour implanter des cellules de mélanome humain chez des souris afin d’étudier si les leucocytes peuvent être génétiquement modifiés. Objectif : les transformer en « interrupteur » susceptible d’attiser les propriétés de lutte contre le cancer de l’immunité humaine.

Cancer du sein

Le cancer du sein est déjà plus commun dans les pays développés occidentaux que partout ailleurs – probablement parce que les femmes qui retardent la naissance de leurs enfants – également moins nombreux qu’avant – à un âge plus avancé ne profitent pas autant des effets positifs et réducteurs de cancer des changements hormonaux associés à la maternité.

Les juives ashkénazes en particulier ont un risque significativement plus élevé d’avoir un cancer du sein : le risque de mutations des gènes BRCA-1 et BRCA-2 est chez elles multiplié par trois par rapport aux non-ashkénazes. L’une des mutations du gène BRCA-1 est associée à 65 % de chances supplémentaires de développer un cancer du sein. Sur la base de l’histoire familiale, notamment du côté du père, le risque peut être plus élevé encore.

A woman with breast cancer undergoes a CT scan. (Photo credit: Chen Leopold/FLASH90)
Une femme avec un cancer de sein examinée au CT scan (Crédit : Chen Leopold/FLASH90)

« Toute Juive ashkénaze devrait être examinée pour ces mutations », explique Levy-Lahad, auteur de travaux de recherche significatifs sur la génétique des cancers du sein et ovarien. Les juives irakiennes ont également une prévalence importante en termes de mutation du gène BRCA, dit-elle.

Levy-Lahad collabore actuellement à un projet à long-terme aux côtés de Mary-Claire King, docteur à l’Université de Washington — pionnière de la recherche contre le cancer qui a découvert la mutation du gène BCRA-1 à l’origine de la pathologie – et travaille sur une étude de séquençage de génomes effectuée sur des femmes israéliennes qui ont hérité de gènes du cancer du sein et ovarien.

Les deux femmes utilisent une bourse versée par le Fonds israélien de recherche sur le cancer pour appliquer la technologie génomique dans l’étude des mutations de BRCA-1 et BRCA-2 et déterminer leur implication dans le risque de cancer du sein chez les femmes non-ashkénazes d’Israël, qui sont similaires aux populations européennes et des Etats-Unis.

Dans ce projet qui examine des milliers de femmes pour travailler sur les mutations évoluant en un cancer mortel, elles étudient également comment les mutations de gènes autres que BRCA-1 and BRCA-2 impactent le cancer du sein héréditaire chez les juives non-ashkénazes.

Plus tôt les mutations susceptibles d’évoluer vers un cancer du sein sont découvertes et plus tôt les femmes pourront décider d’agir. Certaines choisissent des mastectomies bilatérales, qui réduisent la perspective de développement d’un cancer du sein de 90 à 95 %. L’actrice Angelina Jolie a mis en lumière cette question lorsqu’elle a écrit en 2013 une lettre ouverte dans le New York Times sur sa décision d’aller au bout de cette procédure.

Angelina Jolie (Crédit : PAN Photo Agency / Shutterstock.com)
Angelina Jolie (Crédit : PAN Photo Agency / Shutterstock.com)

Mais les mastectomies ne sont pas la seule option. Certaines femmes choisissent à la place un programme rigoureux de dépistage, notamment des mammographies et des IRM plus fréquents.

Le dépistage précoce est la pierre d’achoppement de l’amélioration du taux de survie lié au cancer du sein.

« Le cancer du sein n’est presque plus aussi mortel que ce n’était le cas auparavant », estime Levy-Lahad.

Le cancer ovarien

Sur les trois cancers « juifs », le cancer ovarien est le plus meurtrier.

Lié aux deux mutations de gènes BRCA communes parmi les juives, le cancer de l’ovaire est à la fois excessivement difficile à dépister à un stade précoce et présente un taux de mortalité très élevé lorsqu’il est à une phase avancée. Les femmes devraient être dépistées pour ces mutations à l’âge de 30 ans afin de pouvoir évaluer leurs risques.

Dans ses premiers stades, le cancer ovarien ne présente pas habituellement de symptômes manifestes – parfois des ballonnements, des douleurs abdominales ou des envies fréquentes d’uriner qui peuvent être expliquées par des causes moins graves. Au moment où il est découvert, le cancer des ovaires est généralement plus avancé que n’importe quel autre cancer et peut s’être propagé aux organes voisins. Si cela survient, le taux de survie à cinq ans diminue alors considérablement.

Une femme qui fait de la recherche sur le cancer du sein à la faculté de médecine de l'Université hébraïque  à Jérusalem (Crédit : Keren Freeman/Flash90)
Une femme qui fait de la recherche sur le cancer du sein à la faculté de médecine de l’Université hébraïque à Jérusalem (Crédit : Keren Freeman/Flash90)

Les femmes porteuses des mutations BRCA ont environ 50 % de chance de développer un cancer ovarien. La meilleure option est alors d’enlever les ovaires.

« Nous mettons beaucoup de pression sur les femmes pour qu’elles se fassent ôter les ovaires parce que c’est une intervention qui sauve la vie », dit Levy-Lahad.

Ce qui ne signifie pas que ces femmes ne pourront pas avoir d’enfant. La recommandation est que les femmes attendent l’intervention avant qu’elles ne mènent à bien une grossesse, habituellement autour de 35 à 40 ans.

Il reste encore beaucoup de travail à faire en termes de prévention, de dépistage précoce et de traitement du cancer des ovaires mais de nouvelles recherches semblent prometteuses.

Test sanguin Octava développé pour détecter précisément les tumeurs des cancers du sein (Crédit : EventusDx)
Test sanguin Octava développé pour détecter précisément les tumeurs des cancers du sein (Crédit : EventusDx)

« Nous vivons à l’âge du génome et nous avons des capacités sans précédent pour comprendre les causes du cancer », explique Levy-Lahad. « Il y a tout un champ qui vous permet, si vous êtes touché, d’observer la constitution génétique de la tumeur dont vous êtes affecté. »

L’étude de ces trois « cancers juifs » sont une composante majeure du travail effectué par le Fonds de recherche israélien contre le cancer (ICRF) qui collecte de l’argent en Amérique du nord pour la recherche en Israël. Sur les 3,85 millions de dollars de subventions distribuées l’année dernière en Israël par le Fonds, à peu près un quart a été consacré au cancer du sein, au cancer ovarien ou au mélanome, selon Ellen T. Rubin, directrice des subventions de recherches au sein de l’ICRF. La Rachel’s Society de l’organisation se concentre spécifiquement sur le soutien à la sensibilisation et à la recherche des cancers féminins.

Un montant significatif des subventions octroyées par l’organisation est distribué à la recherche fondamentale qui peut s’appliquer à un large spectre de cancers. Par exemple, le groupe soutient les recherches menées par le docteur Varda Rotter de l’Institut Weizmann de Science, qui étudie le rôle joué par le gène p53 dans le cancer ovarien. Le gène P53 est un suppresseur de tumeur qui, quand il mute, est impliqué dans la majorité des cancers humains.

Une chercheuse travaille sur le cancer du sein à l'hôpital Hadassah (Crédit :Keren Freeman/Flash90)
Une chercheuse travaille sur le cancer du sein à l’hôpital Hadassah (Crédit :Keren Freeman/Flash90)

De la même manière, le docteur Yehudit Bergman de l’école de médecine Hadassah, à l’Université hébraïque, utilise une subvention du Fonds israélien pour étudier la manière dont les mécanismes biologiques qui déterminent la régulation des gènes – appelée régulation épigénétique – opèrent dans les cellules-souches et dans le cancer.

« Le cancer ne sera vaincu qu’à travers la recherche fondamentale au niveau moléculaire », affirme le docteur Howard Cedar de l’école de médecine Hadassah de l’Université hébraïque.

« Avec un peu de chance, un jour, il y aura des moyens plus faciles et meilleurs de détecter et de détruire les cellules cancéreuses qui mènent à ces maladies. Mais jusqu’à ce que la recherche arrive à cela, les experts médicaux continueront à dire que les Juifs – en tant que membres d’une catégorie particulière à haut-risque – doivent s’assurer qu’ils suivent des protocoles de dépistage génétique et des examens nécessaires pour la détection précoce et pour la prévention ».

(Cet article a été parrainé et produit en partenariat avec le Fonds israélien de recherche contre le cancer, engagé à trouver et à financer des traitements révolutionnaires et des soins pour toutes les formes de cancer en démultipliant le talent unique, l’expertise et les bénéfices qu’Israël et ses scientifiques ont à offrir).

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