Les Arabes israéliens combattent le projet de loi sur « l’État juif »
Peu impressionnés par leurs représentants au Parlement, les jeunes Arabes mènent leur lutte pour l’égalité civile dans les réseaux sociaux

Israël ne publie pas de tampons classifiant certaines personnes comme des citoyens de seconde classe, mais une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux conduit par des Arabes israéliens pour protester contre le projet de loi du gouvernement sur « l’Etat juif » laisse penser que Jérusalem fait exactement cela.
Les artistes Haitham Charles et Sana Jamalieh ont inventé un faux tampon officiel de l’Etat portant les mots en hébreu « citoyen de seconde classe » entourés par les mots Etat d’Israël et l’emblème national de la menorah et des branches d’oliviers.
Le faux s’est rapidement propagé sur les pages Facebook des Arabes israéliens qui le superposent sur leur photo de profil comme pour protester contre le projet de loi.
Charles a déclaré au site internet d’information arabe israélien Al-Hayat, « un ami a suggéré que nous inventions un autocollant en réaction à la terrible situation ». Nous avons ri et dit : « Tout ce dont nous avons besoin maintenant c’est que le nouveau tampon de l’Etat soit marqué sur nos fronts. C’est alors que nous avons décidé de créer ce tampon ».
Dimanche, le cabinet a approuvé une liste de mesures à inclure dans la nouvelle législation, rédigée par des parlementaires de droite, définissant Israël comme l’Etat nation du peuple juif et inscrivant ses symboles juifs dans la loi.
D’importants ministres comme Tzipi Livni et Yair Lapid ont menacé de quitter la coalition si le Premier ministre Benjamin Netanyahu proposait la loi la semaine prochaine.
Le projet de loi a également été critiqué mardi par le Président Reuven Rivlin, un ancien parlementaire du Likud et président de la Knesset, et mercredi, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré qu’il soutenait les législateurs israéliens s’opposant à la mesure.
Des critiques du projet de loi déclarent que la mesure, qui garantit des droit égaux pour tous les citoyens israéliens, conduirait à une mise à l’écart plus grande encore des Arabes israéliens de la société israélienne.
Hanin Majadli, une étudiante arabe en littérature de 25 ans à l’Université de Tel Aviv, a modifié sa photo de profil pour inclure le nouveau tampon.
« C’est une campagne brillante, a déclaré la native de Baqa Al-Gharbiyah qui a créé une page Facebook populaire visant à enseigner aux juifs israéliens de l’argo arabe. « C’est terrible, c’est sur votre visage, c’est provocateur dans le bon sens du terme. Je suis aussi d’accord avec le sens de la protestation ».
Majadli a déclaré que les campagnes Facebook ont un pouvoir limité pour entraîner un changement direct, mais peuvent attirer l’attention des média qui peuvent avoir une inflence sur les choix politiques. « C’est mieux que d’avoir des membres de la Knesset qui parlent sur le podium toute la journée », a-t-elle déclaré.
« Je ne crois pas qu’aucun Arabe [israélien] ait placé beaucoup d’espoir dans les membres arabes de la Knesset, a-t-elle déclaré. En ce qui nous concernent, ils n’ont aucune influence ».
Aucun des amis arabes de Majadli n’ont été surpris par le nouveau projet de loi, a-t-elle expliqué. « Ce n’est pas comme nous nous étions réveillés un matin pour dire ‘Non, mais à quoi tout cela rime-t-il ? La réalité que nous avons toujours vécu prend simplement une forme officielle maintenant. Avant, cela existait seulement dans la politique du gouvernement et dans la Déclaration d’Indépendance. Depuis la création de l’Etat, les Arabes ont toujours été des citoyens de seconde classe du seul fait que nous vivons dans un Etat nation juif ».
La réaction typique de ses amis était : « Quand avons-nous été quelque chose d’au-
tre ? » ou « Qui est surpris ? », a-t-elle déclaré.
Sana Jamalieh, la co-initiatrice du projet, a publié une photo d’elle-même avec le nouveau tampon en dessous de la légende : « Célébrant mon vieux (mais officiel) État : citoyen de seconde classe ! » Elle a également ajouté un hashtag hébreu avec les mêmes mots.
Contrairement à Majadli, elle n’avait aucun espoir de changer la réalité grâce à la campagne Facebook.
« Je n’attends pas à obtenir quoi que ce soit avec ce symbole, je voulais simplement m’amuser de la situation », a-t-elle déclaré au site d’information arabe israélien Panet dans un entretien de mardi. Elle a également placé le tampon bleu sur une photo en noir et blanc de son chat, Salma.
Le fait que le tampon soit en hébreu (et en Anglais) mais pas en arabe est à remarquer. Cela pourait bien s’interpréter comme un cri de frustration dirigé vers la société juive, dans un pays où la citoyenneté est de plus en plus liée à la majorité ethnique.
« Nous avons fait cela pour refléter la tendance du gouvernement et dessiner la nouvelle réalité », a déclaré Charles, étudiant du département du Genre à l’Université de Tel Aviv, à Al-Hayat. « Nous ne voulions pas être politiquement correct ».
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