Les commémorations des 80 ans de la libération d’Auschwitz en France
Le chef de l'État s'est rendu au Mémorial de la Shoah de Paris et devrait assisté l'après-midi aux commémorations organisées à Auschwitz

Emmanuel Macron a promis lundi que « nous ne céderons rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes » à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
« L’universalisme de la France se nourrit de ces combats et se retrouve aussi dans cet imprescriptible », a écrit le chef de l’État sur le livre d’or du Mémorial de la Shoah qu’il visitait lundi matin.
Ces commémorations sont « un des derniers moments où nous pourrons tous bénéficier de la présence, des témoignages, de rescapés de la Shoah », a-t-on souligné dans l’entourage du président.
Dans le cadre des commémorations de la libération du camp d’Auschwitz, le président et son épouse Brigitte Macron participeront lundi après-midi en Pologne à la cérémonie internationale organisée sur le site d’Auschwitz-Birkenau en présence d’autres dirigeants étrangers.
Ils se rendront ensuite au pavillon français qui accueille depuis 1979 une exposition permanente de la France à Auschwitz, dédiée à la mémoire des victimes françaises déportées dans le camp.
À Paris, la ministre de l’Éducation Elisabeth Borne, dont le père avait été déporté à Auschwitz, s’est rendue en fin de matinée au mémorial de la Shoah.
L’enseignement de la Shoah doit pouvoir être abordé « sans aucune censure », a déclaré la ministre, faisant de l’école « ce rempart d’humanité contre l’oubli de l’Histoire et la banalisation de la haine ».

Après la lecture d’une lettre de déporté, un chœur de 120 lycéens a chanté plusieurs chansons choisies par les rescapés présents et symbolisant à leurs yeux la Shoah – Nuit et brouillard de Jean Ferrat, la Marseillaise, le Chant des marais…
Dans la matinée, Esther Sénot et Léon Placek, rescapés des camps, ont répondu aux questions de lycéens sur leur déportation, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos… », a ainsi expliqué Léon Placek, 91 ans, survivant du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l’âge de 10 ans avec sa mère et son frère.
« Autant d’horreur »
Les questions sont nombreuses et il n’en élude aucune : « En termes d’hygiène ça se passait comment ? »
« – Il y avait un lavabo avec de l’eau froide. On devait puer.
– Est-ce que vous aviez des objets personnels ?
– On se servait sur les cadavres, on prenait les vêtements des cadavres…
– Comment c’est possible de revenir à la vie normale après avoir vu autant d’horreurs ?
– Je ne sais pas, l’homme est fait comme ça. De deux choses l’une : ou on crève ou on va de l’avant. »

Comme personne ne l’aborde, il pose lui même la question de la foi : « Non, je ne suis plus croyant… Si Dieu existait, où il était à l’époque ? »
Comme beaucoup, Léon Placek a longtemps gardé le silence. Au début « on ne parlait pas, ça n’intéressait personne. Mais depuis un an que je le fais dans des collèges et lycées, la nuit ça me revient… », ajoute-t-il, appelant les plus jeunes à « faire confiance au prochain : le prochain c’est comme vous, c’est un homme ou une femme »…
« Émotions »
Dans le public, Emma Arene, 17 ans, en terminale au lycée Charles Péguy d’Orléans, éprouve « beaucoup d’émotions » à écouter ce témoignage. « Se dire que c’était il y a 80 ans, c’est si récent… Écouter un rescapé, on sent l’Histoire, ça nous touche », confie-t-elle.
Le Premier ministre François Bayrou procédera à 18h30 au ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l’Union des déportés d’Auschwitz.
La ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a inauguré, quant à elle, le jardin mémoriel de l’ancienne synagogue à Strasbourg avant d’échanger avec des collégiens sur la lutte contre le négationnisme et l’antisémitisme.

Le président de la République a donné un relief important aux commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale, notamment autour des débarquements alliés en Normandie et en Provence, ainsi que des différentes étapes de la Libération. Il sera encore le 2 février à Colmar, en Alsace, dernière ville libérée de l’occupation allemande en territoire français.
Plusieurs rendez-vous d’envergure sont ensuite prévus pour commémorer le 8 mai 1945, date de la fin de la guerre avec la capitulation de l’Allemagne nazie.