Les convois d’aide pour Gaza sont à la fois un risque et la clé du succès pour Tsahal – officier
Selon le lieutenant-colonel Dan Doron, responsable des combats de la 679e brigade blindée, les missions humanitaires quotidiennes sont un défi en plus des tâches offensives

URIM – Selon un officier supérieur de la 679e brigade blindée de Yiftah, sécuriser les convois d’aide humanitaire et les largages aériens est un « défi des plus complexes » pour les unités terrestres de Tsahal déployées dans le centre de la bande de Gaza.
S’adressant au Times of Israel depuis le poste de commandement arrière de la brigade dans la communauté méridionale d’Urim, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec le sud de Gaza, le lieutenant-colonel Dan Doron, 56 ans, explique que l’une des principales missions de l’unité consiste à s’assurer que l’aide passe par son secteur, dans le corridor de Netzarim, et ce, en dépit des dangers.
« Pour nous, la protection de l’aide humanitaire et des routes humanitaires est la bouffée d’oxygène qui permet à Israël de continuer à mener à bien sa mission », dit-il.
Doron est le gestionnaire de combat de la brigade, le commandant de la salle de guerre dans laquelle se trouvent les différents éléments de soutien de l’unité de chars – tirs aériens et d’artillerie, renseignement, médical, logistique, ingénierie, etc.
L’acheminement de l’aide humanitaire aux civils palestiniens est une question majeure depuis le début de la guerre à Gaza, qui a commencé avec l’assaut barbare du Hamas sur les communautés israéliennes et les postes militaires, le 7 octobre dernier, à commencer par la base qui abrite actuellement la salle de guerre arrière de la brigade.
Israël a considérablement augmenté la quantité d’aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza suite à une frappe meurtrière de Tsahal, en avril, contre un convoi humanitaire de World Central Kitchen.
Toutefois, les agences de l’ONU et les organisations humanitaires assurent que l’arrivée de plus grandes quantités d’aide via les points de passage frontaliers de Gaza n’a pas permis d’atténuer la crise humanitaire, faute de points de distribution en nombre suffisant, ce qu’elles imputent à Israël.
Selon l’organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens [COGAT], ce sont les Nations unies et les agences d’aide qui ne sont pas parvenues à augmenter les capacités de distribution.

Le fait que l’Égypte refuse de laisser passer l’aide par son poste-frontière de Rafah depuis qu’Israël a pris le contrôle du côté de Gaza, début mai, ne fait que compliquer la tâche de Tsahal.
Côté israélien, le point de passage de Kerem Shalom continue de fonctionner malgré les attaques intermittentes du Hamas, et deux points de passage récemment ouverts dans le nord de Gaza sont également opérationnels.
« C’est quelque chose que nous ne faisions pas avant – saisir l’importance [de l’aide humanitaire] et faciliter son acheminement », confie Doron.
La mission de la brigade, dit-il, est de « défendre notre secteur et approfondir les réalisations opérationnelles tout en facilitant l’aide humanitaire ».
Dans la salle de crise qu’il dirige, Doron dispose d’un responsable de la population chargé de superviser la coordination de l’aide humanitaire.
« Il nous dit : « Demain, il y aura cinq convois et un largage, préparez-vous en conséquence », explique Doron. Les largages aériens amènent la brigade à limiter ses opérations, insiste-t-il.
Des dizaines de camions passent devant la brigade, venus du point de passage de Kerem Shalom, dans le sud de Gaza, en direction de la partie nord de la bande de Gaza.

Les chauffeurs sont des locaux, et chacun d’entre eux est connu des membres de la 679e brigade et de l’unité 504, la force de renseignement humain de Tsahal qui gère les entrées avec les soldats au sol.
Doron, qui est père de trois enfants et qui, dans le civil, est responsable de la construction des usines Intel pour le monde entier – dit avoir été témoin de pillages des convois, une fois passés dans le nord de Gaza, sans savoir si c’était le fait du Hamas ou de gangs locaux.
La mission humanitaire – comme la défense du corridor et les opérations offensives – est lourde de risques pour les soldats israéliens.
« Le corridor humanitaire pourrait très facilement être le théâtre d’une attaque terroriste », explique Doron. « Des camions venant de Rafah passent devant nos soldats. Bien sûr qu’il y a du danger. »
« Essaient-ils de faire passer des personnes recherchées ? Bien sûr », dit-il. « Essaient-ils de faire passer des armes ? C’est sûr. »
Le Hamas tire régulièrement sur les soldats qui contrôlent les convois, ajoute-t-il.

« C’est une mission difficile », explique Doron. « On est sur le champ de bataille, mais en même temps, on doit s’assurer que l’aide humanitaire passe en toute sécurité. »
« D’un côté, nous livrons un combat contre un ennemi des plus cruels, et de l’autre… nous nous assurons que les camions passent le plus rapidement possible, de la manière la plus fluide possible, pour arriver à destination », explique-t-il.
Pour atténuer les risques, la brigade a mis en place des procédures strictes concernant le contrôle des camions. Parfois, les convois doivent être retenus en raison des combats entre Tsahal et le Hamas.
« Si le convoi doit s’arrêter parce qu’il y a un incident, nous ne disons pas : ‘yalla, rentre chez toi et reviens demain’ », dit Doron. « Nous nous coordonnons avec [l’unité] 504 et nous faisons en sorte de les faire passer, parce que c’est l’une de nos missions. »

La brigade a également alloué le périmètre de sécurité nécessaire au déploiement de la jetée JLOTS de l’armée américaine, qui a causé bien des désillusions. Construite par les États-Unis sur la côte de Gaza pour 200 millions de dollars, cette jetée pourrait être démantelée dès le mois prochain, alors qu’elle n’a, au total, fonctionné que 10 jours durant.
L’aide a commencé à arriver par la jetée le 17 mai dernier, et les Nations unies ont déclaré y avoir fait passer 137 camions – l’équivalent de 900 tonnes métriques – à destination d’entrepôts avant que les États-Unis n’annoncent, le 28 mai, la mise à l’arrêt de la jetée pour réparation.
Une étude des conditions de sécurité alimentaire commanditée par les Nations unies a révélé mardi que, contrairement aux craintes exprimées en mars, il n’y avait pas de famine à Gaza mais que le risque persistait.
Cette étude établit que les hypothèses faites sur les quantités de nourriture admises dans le territoire étaient erronées et que l’approvisionnement en nourriture de Gaza avait augmenté et non diminué ces tout derniers mois, mais que le niveau d’insécurité alimentaire à Gaza demeurait catastrophique.
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