Les Druzes dans la rue, demandant à Israël d’intervenir pour aider la communauté en Syrie
Les manifestants ont bloqué la circulation sur plusieurs routes du nord, entraînant des échauffourées ; un rassemblement a également eu lieu près du domicile de Netanyahu à Césarée

Des manifestants druzes ont bloqué des routes dans le nord d’Israël à une heure avancée de la soirée de jeudi et aux premières heures de la matinée de vendredi, au cours d’une manifestation qui a appelé le gouvernement à aider la communauté druze en Syrie dans le cadre des violences qui ont fait des dizaines de morts, ces derniers jours.
Les protestataires ont bloqué plusieurs axes de circulation importants dans le nord du pays, notamment une partie de l’autoroute 6 – la section séparant le carrefour Tel Kashish du carrefour Ein Tut. L’autoroute 85 a également été fermée aux voitures à l’intersection de Rama, tout comme l’autoroute 65, à hauteur de l’échangeur de Tzalmon.
Ces fermetures ont provoqué des embouteillages. Il y a eu des altercations physiques entre les manifestants et les automobilistes qui demandaient à ces derniers de dégager la route, selon des vidéos qui ont été diffusées sur internet.
Sur ces images, on peut voir les protestataires brûler des pneus aux intersections bloquées et grimper sur les poteaux de signalisation pour y accrocher des drapeaux druzes.
Des dizaines de manifestants se sont aussi rassemblés à proximité du domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans la ville côtière de Césarée.
Le cheikh Muafak Tarif, qui est le chef spirituel de la communauté druze d’Israël, ainsi que le député de Yisrael Beytenu Hamad Amar, ont ultérieurement posté une déclaration vidéo appelant les manifestants druzes à dégager les axes de circulation et à rentrer chez eux.
תיעוד: מדורות על הכביש ועימותים בין המפגינים בני העדה הדרוזית לבין אזרחים שביקשו מהם לפתוח את הדרך
(אורלי אלקלעי) pic.twitter.com/KSo4UCBQvL— כאן חדשות (@kann_news) May 1, 2025
Parmi les protestataires se trouvaient un grand nombre de réservistes druzes qui servent au sein de Tsahal et qui estiment qu’Israël manque à ses devoirs à l’égard de leur communauté en Syrie, a fait savoir Ynet.
« Nous recevons un nombre croissant d’informations de la part de nos frères qui nous disent que des cheikhs sortent pour défendre eux-mêmes leurs villages et qu’ils se font massacrer, tandis qu’Israël reste les bras croisés et ne fait rien pour mettre fin à ces atrocités, comme le pays l’avait pourtant promis », a déploré un réserviste qui s’est entretenu avec le site Ynet.
« Il y a une alliance historique entre les Juifs et les Druzes, et tout comme nous nous sommes dressés pour nous battre au nom de l’État et pour mourir si nécessaire à chaque occasion – et en particulier face à l’horreur du 7 octobre – nous devons nous dresser et mettre un terme aux atrocités actuelles qui sont dirigées contre nos frères en Syrie », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, un groupe de soldats druzes a envoyé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu, demandant à Tsahal d’agir « pour mettre un terme au massacre de nos frères druzes de l’autre côté de la frontière, en Syrie, comme vous et le ministre de la Défense l’avez promis ».
Les signataires – parmi lesquels des réservistes et des soldats en service, a précisé la chaîne publique Kan – ont également indiqué qu’ils étaient prêts à passer à l’acte seuls.
« Des centaines de soldats druzes sont prêts à se porter immédiatement volontaires pour combattre aux côtés de nos frères dans le but de les sauver, même au prix des risques que de tels combats pourraient représenter pour notre bien-être et pour nos vies », ont-ils écrit.
תיעוד מההפגנת בנ העדה הדרוזית בצומת עמיעד. צילום: לפי סעיף 27א pic.twitter.com/NPD2MWW8Ue
— החדשות – N12 (@N12News) May 1, 2025
Le mouvement de protestation a eu lieu après que le chef spirituel des Druzes syriens, le cheikh Hikmat al-Hijri, a condamné ce qu’il a qualifié de « campagne génocidaire » menée à l’encontre de sa communauté. Il a demandé une intervention immédiate des « forces internationales qui seraient chargées de maintenir la paix et d’empêcher la poursuite de ces crimes ».
Lors d’une réunion des dirigeants druzes, des anciens et des groupes armés dans la ville de Sweida, la communauté a convenu qu’elle était « une partie inséparable de la patrie syrienne unifiée », a déclaré un porte-parole.
« Nous rejetons la partition, la séparation ou le désengagement », a ajouté le porte-parole.
Le rassemblement druze, jeudi soir, a demandé au gouvernement de dialoguer avec « la police judiciaire de Sweida, en s’appuyant sur les habitants de la province » au sujet des événements survenant en Syrie.

Les nouvelles autorités syriennes – dont certaines trouvent leur origine dans l’organisation terroriste al-Qaïda – ont promis de mettre en place un gouvernement inclusif dans ce pays multiconfessionnel et multiethnique, mais elles doivent également faire face aux pressions des islamistes radicaux.
Le ministre des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, a répété jeudi le rejet par la Syrie des demandes d’intervention internationale, en postant sur X que « l’unité nationale est le fondement solide de tout processus de stabilité ou de renouveau ».
« Tout appel à une intervention extérieure, quel que soit le prétexte et quel que soit le slogan invoqué, ne fait qu’accentuer la détérioration et la division », a-t-il ajouté.
Israël considère les nouvelles forces au pouvoir en Syrie comme des djihadistes. L’armée a effectué des frappes aux abords de Damas dans la journée de mercredi – elles ont été suivies par une autre attaque perpétrée à proximité du palais présidentiel dans la capitale syrienne aux premières heures de la journée de vendredi.
« C’est un message clair qui est ainsi transmis au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces soient envoyées au sud de Damas ou que la communauté druze soit menacée », ont déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israël Katz dans un communiqué commun consacré à la frappe qui a pris pour cible le palais où vit le dirigeant syrien Ahmad al-Sharaa – un bombardement qui a ultérieurement été confirmé par l’armée.
Israël a attaqué des centaines de sites militaires en Syrie depuis le renversement de Bachar el-Assad. Le pays a déclaré que son armée continuerait de frapper des cibles gouvernementales « si les violences commises à l’encontre des communautés druzes doivent se poursuivre ».
L’État juif a également envoyé des troupes dans la zone-tampon démilitarisée qui séparait les forces israéliennes et les forces syriennes sur le plateau du Golan, exprimant son soutien aux Druzes de Syrie.
Plusieurs Druzes syriens qui ont été blessés lors des récentes violences ont été amenés en Israël pour y être pris en charge dans les hôpitaux.
La porte-parole du département d’État américain, Tammy Bruce, a déclaré jeudi que les violences et la rhétorique utilisée à l’encontre de la communauté druze en Syrie étaient « répréhensibles et inacceptables » et elle a appelé les autorités intérimaires à demander des comptes aux auteurs de ces actes.