Les enseignants priés de ne plus poser de congés maladie pour contester les baisses de salaire
Selon le tribunal, les enseignants ne peuvent pas légalement faire grève en dehors du cadre syndical et doivent reprendre le travail

Le tribunal du travail de Tel Aviv a ordonné mercredi aux enseignants qui manifestent contre les baisses de salaire en prenant des congés de maladie de reprendre le travail.
Dans sa décision, la Cour a déclaré que les groupes individuels ou non syndiqués d’enseignants ne pouvaient légalement pas faire grève et devaient cesser de prendre des jours de maladie « de complaisance ». Elle ne dit rien de l’ordre donné par le ministère des Finances de retenir le salaire des enseignants qui prendraient des jours de maladie.
Des milliers d’enseignants se sont en effet déclarés malades mercredi mais les manifestations se sont atténuées par rapport au début de la semaine, avec 71 écoles fermées à Tel Aviv – il y en avait 117 lundi – et 72 écoles fermées dans le district du centre, contre 155 lundi, selon le site d’information Ynet. Alors que 26 écoles de Haïfa avaient ferméleurs portes lundi, elles ne sont plus que huit mercredi. À Jérusalem, une seule école a été fermée, contre 13 en début de semaine, selon la même source.
La grève a commencé par l’ouverture en retard des écoles primaires, dimanche dernier, à l’issue de la décision du ministère des Finances de baisser les salaires du secteur public de 3,3 % en raison de la guerre à Gaza. Certains enseignants ne se sont pas présentés au travail avant 10 heures, et d’autres ne se sont pas présentés du tout, de nombreuses écoles choisissant de rester fermées toute la journée. Quelque 25 000 enseignants se seraient joints à l’action de dimanche.
Le même jour, le ministère a conclu un accord avec le Syndicat des enseignants d’Israël, qui représente les enseignants des collèges, du primaire et des maternelles, en vertu duquel les salaires baisseront de 0,95 % au lieu des 3,3 % prévus, et uniquement entre mai et fin décembre de cette année.

En Israël, le salaire mensuel de départ des enseignants débutants n’est que de 9 000, là où les plus expérimentés peuvent gagner près du double, mais avec 30 ans d’ancienneté. Evoquant des salaires déjà bas, les enseignants exigent que cette baisse soit purement et simplement annulée.
Nombre d’enseignants, mécontents des concessions faites par la dirigeante syndicale Yaffa Ben David lors de ces négociations, ont poursuivi une action de grève non officielle en se déclarant malades lundi, mardi et mercredi.
Un de ces groupements a mis en demeure Ben David de les rencontrer avant 18 heures, mardi, faute de quoi le mouvement se durcirait.
Un responsable du syndicat des enseignants a déclaré mercredi à Kan news que les négociations n’étaient pas encore terminées et que Ben David « continu[ait] de peaufiner » l’accord.

La chaîne N12 avait rapporté la semaine dernière que les baisses de salaire ne s’appliqueraient pas aux enseignants des écoles ultra-orthodoxes.
Le président de l’Association des enseignants des écoles secondaires, Ran Erez, a déclaré que l’organisation se joindrait à la lutte contre les baisses de salaires et organiserait une grande manifestation à Tel Aviv mercredi prochain, et a appelé tous les enseignants à y prendre part pour manifester. Cette petite organisation, qui représente les enseignants du secondaire, a déposé un recours contre ces réductions de salaire auprès de la Cour Suprême, sans faire grève.
Dans une interview à la radio 103FM, Erez a déclaré qu’il était clair que la grève non syndicale des enseignants serait interdite par le tribunal du travail, mais a promis : « Nous les aiderons. »
« Faire grève contre la loi – c’est une grève illégale, une grève politique. J’ai choisi la voie légale. L’État se doit de répondre avant le 6 juin et je ferai, de mon côté, tout pour réussir. J’espère que les mesures que nous prenons permettront d’abroger ce décret injuste. Aujourd’hui, dans l’État d’Israël, tout repose sur l’éducation. Les enseignants votent avec leurs pieds et quittent le système. »