Les Etats-Unis et le Royaume Uni ont espionné des drones israéliens pendant 18 ans
Les services de renseignements de la NSA et du GCHQ ont craqué le code crypté des communications de l'armée de l'air israélienne
Les Etats-Unis et les services de renseignements britanniques ont espionné Israël pendant au moins 18 ans, après avoir décrypté le système de cryptage spécial de Tsahal pour la communication entre les avions de combat, les drones et les bases de l’armée, selon les révélations approuvées pour la publication par la censure militaire d’Israël vendredi.
Les deux pays auraient utilisé cet accès pour surveiller les opérations de Tsahal dans la bande de Gaza, surveiller une frappe potentielle sur l’Iran, et garder un œil sur la technologie des drones qu’Israël exporte.
Basé sur les documents et les photos des renseignements américains révélés par Edward Snowden, qui étaient précédemment classés confidentiels, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont depuis des années été en mesure de suivre les transmissions de l’aviation israélienne et voir des images et des vidéos diffusées des commandements de Tsahal pendant les opérations des drones dans la bande de Gaza, la Cisjordanie, et à proximité de la frontière nord de l’Etat juif.
La surveillance a été faite à partir d’une installation de la Royal Air Force dans les montagnes de Troodos, près du mont Olympus, le point le plus élevé de l’île de Chypre, selon The Intercept, qui, avec le journal allemand Der Spiegel, ont d’abord publié les documents.
Le code de cryptage de Tsahal a été craqué dans le cadre d’une importante opération de renseignement qui a été menée par l’agence de sécurité nationale des Etats-Unis (NSA) et son homologue britannique, le GCHQ, depuis 1998, a annoncé le site de nouvelles Ynet.
Tout au long de l’opération, de nombreux codes pour les systèmes avancés d’armes utilisées par le Hezbollah, l’Egypte, la Turquie, l’Iran et la Syrie ont été craqués.
Cependant, une grande partie du but de l’opération, dont le nom de code est anarchiste, était Israël.
« Ceci est un tremblement de terre », a déclaré une source sécuritaire de hauts rangs – qui a accepté de témoigner sous condition d’anonymat – à Ynet. « Cela signifie qu’ils nous ont dépouillé de force, et, non moins important, que probablement aucun de nos systèmes cryptés sont sûrs avec eux. Ceci est la pire fuite dans l’histoire des renseignements israélien ».
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a ajouté The Intercept, ont « surveillé (les Israéliens) des opérations militaires dans la bande de Gaza, une frappe potentielle contre l’Iran, et en gardant un œil sur la technologie de drone qu’Israël exporte dans le monde entier ».
Dans les exemples de photos qui ont été révélées par Snowden, des captures d’écran à partir d’enregistrements vidéo prises par des avions israéliens peuvent être vues en détail, ainsi que des diapositives préparées par les membres des agences de renseignement des Etats-Unis et du Royaume-Uni expliquant la signification de ces images.
« Cet accès est indispensable pour la compréhension de l’entraînement et des opérations militaires israéliennes, ainsi qu’un aperçu de possibles futurs développements dans la région », a affirmé un rapport du GCHQ de 2008, qu’Intercept a cité.
« En temps de crise cet accès est essentiel et est l’un des seuls moyens d’obtenir des informations à la minute et [donner] un soutien aux États-Unis et aux opérations alliées dans la région ».
En 2008, selon The Intercept, le bulletin interne de la NSA, SIDToday, s’est enthousiasmé du fait que le 3 janvier, après un raid aérien israélien sur des cibles terroristes dans la bande de Gaza, les analystes avaient « recueilli une vidéo pour la première fois depuis le cockpit d’un avion de chasse F-16 de l’armée israélienne », qui « a montré une cible sur le terrain qui était suivie ».
Dans un autre document divulgué, les analystes des renseignements sont invités à enregistrer et à envoyer une vidéo des opérations de Tsahal au GCHQ. « En raison de la situation politique de la région, il y a une exigence que les opérations des drones israéliens dans certaines régions soient interceptées et exploitées de manière à ce que les évaluations puissent être faites sur les actions possibles qui peut-être [sic] auront lieu », peut-on lire dans la demande en date du 29 juillet 2008.
Vingt instantanés identifiés par The Intercept dans les documents comprennent plusieurs captures d’écran de vidéo prises à partir de drones israéliens, datant de février 2009 au moins de juin 2010.
Selon un rapport publié dans le Wall Street Journal à la fin du mois dernier, même après que le président américain Barack Obama a annoncé il y a deux ans qu’il limiterait l’espionnage sur les dirigeants d’Etats amis, la NSA gardait un œil sur Netanyahu et les hauts responsables israéliens tandis que l’Etat juif cherchait à contrecarrer l’accord naissant avec l’Iran sur son programme nucléaire.
Dans le processus, l’agence a surpris quelques conversations avec les législateurs américains, selon l’article.
Selon l’article du Journal, certains des échanges en question portaient sur la stratégie israélienne dans l’accord sur le nucléaire iranien auquel Netanyahu était ardemment opposé, de même que les républicains du Congrès. Dans certains cas, la NSA a entendu des responsables israéliens essayant de convaincre les législateurs indécis à s’opposer à l’accord, que le Congrès, au final, n’a pas réussi à bloquer.
La Maison Blanche a refusé de commenter les activités des renseignements spécifiques menées par les États-Unis. Mais les responsables de la Maison Blanche ont déclaré que les Etats-Unis n’espionnent pas à l’étranger, sauf s’il y a une raison en sécurité nationale spécifique validée de le faire, en soulignant que le principe vaut aussi bien pour les dirigeants du monde que les citoyens ordinaires.