Les États-Unis ont poussé les Kurdes à conclure un accord avec Damas
Pour Washington, cet accord pourrait prévenir un nouveau conflit dans le nord syrien à une période où l'avenir des forces américaines déployées dans cette région reste incertain

Les Etats-Unis ont encouragé leurs alliés kurdes, en Syrie, à conclure lundi un accord historique avec le gouvernement islamiste de Damas, selon six sources – accord qui pourrait prévenir un nouveau conflit dans le nord syrien à une période où l’avenir des forces américaines déployées dans cette région reste incertain.
L’accord vise à recoller les morceaux d’un pays brisé par 14 années de guerre, en ouvrant la voie à une fusion des forces kurdes – qui détiennent un quart du territoire syrien – avec Damas, ainsi que les autorités régionales de gouvernement kurde. Les détails essentiels de cette fusion n’ont toutefois pas encore été précisés.
Trois sources ont indiqué que le général Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes, s’était rendu à Damas pour la signature de l’accord avec le président par intérim Ahmed al-Sharaa, à bord d’un avion militaire américain.
Trois autres sources – des responsables américains – ont expliqué que les États-Unis avaient encouragé les FDS à s’orienter vers un accord visant à résoudre leur statut dans la nouvelle Syrie – un sujet au cœur des pourparlers pluripartites qui avaient commencé après le renversement de Bachar el-Assad en décembre et dont Reuters avait rendu compte au mois de janvier.
« Les États-Unis ont joué un rôle déterminant, » a affirmé une source appartenant à des services régionaux de renseignement de premier plan.
L’accord est survenu à un moment où les pressions sont fortes sur les deux parties.
Sharaa est actuellement aux prises avec les conséquences des massacres sectaires qui auraient été perpétrés par des militants alignés sur son gouvernement, tandis que les FDS sont en conflit avec des groupes syriens soutenus par la Turquie et alliés à Damas.
Quatre sources – notamment une proche du gouvernement syrien – ont fait savoir que les violences avaient mis l’accord en péril.
La source issue des services de renseignement et un diplomate basé à Damas s’attendaient à ce que l’accord allège les pressions exercées par l’armée turque sur les FDS, qui sont considérées par Ankara comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe hors-la-loi. La Turquie a salué l’accord.
Un représentant du gouvernement syrien a déclaré que la présidence s’efforcerait de résoudre les problèmes en suspens entre les FDS et la Turquie.