Les expositions surréalistes marquent le début de la 60e année du Musée d’Israël
Les responsables des expos "Rêves lucides" et "Alma Mater", boudés par les institutions internationales, ont rassemblé plus de 180 œuvres israéliennes qui placent le rêve à portée de main
- Des œuvres d'art présentées dans le cadre de l'exposition "Lucid Dreams" qui a ouvert ses portes au musée d'Israël, le 17 décembre 2024 (Crédit : Zohar Shemesh)
- L'œuvre "Lying Down", faite en 2020 par Samah Shehadeh, présentée dans le cadre de l'exposition "Lucid Dreams" au Musée d'Israël, qui a ouvert ses portes le 17 décembre 2024 (Crédit : Zohar Shemesh)
- Quelques-unes des œuvres surréalistes présentées dans le cadre de l'exposition "Lucid Dreams" au musée d'Israël, qui a ouvert ses portes le 17 décembre 2024 (Crédit : Zohar Shemesh)
- Des œuvres d'art présentées dans le cadre de l'exposition "Lucid Dreams" qui a ouvert ses portes au musée d'Israël, le 17 décembre 2024 (Crédit : Zohar Shemesh)
- De l'exposition "Lucid Dreams" au Musée d'Israël qui a ouvert ses portes le 17 décembre 2024 (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)
Dans les périodes de détresse et de chagrin – comme ont pu l’être les 14 derniers mois de guerre qui ont suivi le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023 – les rêves peuvent être une porte d’entrée vers la guérison, ou un espace cauchemardesque.
Des concepts qui sont explorés en profondeur dans « Lucid Dreams », une nouvelle exposition de 180 œuvres qui a été mise en place par Adina Kamien depuis le 17 décembre jusqu’au 7 juin 2025 au Musée d’Israël – parallèlement à « Alma Mater », une installation sonore et vidéo et un jeu de lumières de Yuval Avital qui enveloppe les visiteurs dans une matrice de sons et dans un dédale de vécus.
Ces deux expositions permettent de s’évader de la dure réalité actuelle d’Israël en apportant une « touche thérapeutique », déclare Suzanne Landau, la directrice du musée d’Israël.
Elles marquent aussi le début des célébrations du 60e anniversaire de la fondation du musée – un anniversaire qui commence avec la nouvelle année 2025.
Dans « Lucid Dreams », Kamien se penche sur l’imagerie magique et fantastique des rêves, avec un lien important avec le surréalisme – un penchant naturel pour la conservatrice, qui est experte du mouvement dada et du surréalisme et qui est, de surcroît, titulaire d’une maîtrise en psychologie clinique.
Cette exposition onirique est conçue comme un couloir avec de multiples espaces, inspirée par l’œuvre surréaliste « Objet de rêve » du poète André Breton, en 1937, qui comporte des portes en carton disposées le long d’un couloir rouge.
Les visiteurs pourront rester à réfléchir à une œuvre sous forme de néon, « If You Will It Is Not a Dream », de Yael Bartana,. Ils pourront se laisser hypnotiser par « Mascara », l’installation vidéo de Sharon Balaban, qui présente des cils recouverts d’un mascara épais. Ils pourront plonger les yeux dans « Step By Step » de Guy Zagursky, une installation ronde faite de miroirs et de lettres au néon.

Pénétrer dans la galerie de l’artiste multidisciplinaire Nelly Agassi, c’est comme pénétrer dans un conte de Hans Christian Andersen. Les collages animés d’Agassi créent des ombres sombres sur les murs peu éclairés. Agassi emprunte des images familières aux contes de fées, créant des mondes fantastiques où règnent la magie et le secret.
Dans « L’échelle de Jacob » de Shai Azoulay, les visiteurs peuvent également se pencher sur d’autres histoires familières de rêves – des histoires évoquées dans des œuvres de Marc Chagall, Rembrandt, Salvador Dali, Goya et d’autres encore.
« Les rêves ressemblent à l’art dans la mesure où ils sont visuels, où ils nous aident à travailler sur nos pensées et à résoudre nos problèmes », explique Kamien. « Nous voyons des choses qui ne sont pas réalistes dans nos rêves, nous ressentons des émotions extrêmes et nous oublions ce que nous avons rêvé lorsque nous nous levons. C’est une sorte d’amnésie ».
Une grande partie de l’exposition provient de la collection du musée, et certaines pièces ont été empruntées à la Bibliothèque nationale d’Israël, voisine du musée.

Kamien explique que de nombreuses œuvres d’art qu’elle avait prévu d’inclure dans l’exposition en provenance d’autres collections en France, en Espagne, en Angleterre et en Chine n’ont finalement pas été confiées au musée, en raison des préjugés anti-israéliens qui ont tendance à régner dans le monde de l’art international depuis le début de la guerre contre le Hamas à Gaza.
« Cela n’a servi à rien d’expliquer que nous avions, les uns à côté des autres, des œuvres qui provenaient du judaïsme, de l’islam, du christianisme ou des travaux réalisés par des Israéliens d’origine palestinienne ou par des membres de la communauté Druze », fait-elle remarquer.
Au lieu de cela, elle a changé d’orientation et compte-tenu du fait que le musée est finalement très riche en œuvres surréalistes, elle a décidé de créer une rencontre entre le surréalisme historique et les artistes israéliens.
« Vous pouvez voir que le surréalisme n’est pas quelque chose qui date d’une certaine époque, mais c’est une sorte d’état d’esprit », note Kamien.
Parmi les installations vidéo israéliennes, « The Moon Film » de Yehudit Sasportas et « The Dreamers » de Rut Patir, une œuvre créée en 2017.

Il y a aussi une vidéo étonnante créée par Alma Mia Hadas au sujet d’Avera Mengistu, un Israélien d’origine éthiopienne souffrant de troubles psychiques qui était entré dans la bande de Gaza le 7 septembre 2014, depuis les dunes de la plage de Zikim.
À ce jour, Mengistu est considérée comme l’un des 94 otages israéliens encore détenus par le Hamas à Gaza. L’exposition rappelle avec force que certains rêves ne sont hélas que trop réels.
L’exposition « Lucid Dreams » s’harmonise parfaitement à l’exposition « Alma Mater » de Yuval Avital – une galerie de sons créés par cet artiste israélien qui vit à Milan et qui se souvient de ces sons caractéristiques qui émanaient de sa mère et de sa grand-mère, ainsi que des appels, des chuchotements, des histoires et des chants des femmes, en Méditerranée et en Europe.

Avital a rassemblé des sons provenant de différentes archives et de ses propres enregistrements – et la galerie se remplit de lumière et s’assombrit, avec des chaises basses qui permettent de s’asseoir pour ressentir à l’intérieur de soi les sons qui émergent des haut-parleurs installés au plafond et au sol.
« C’est un cercle qui se referme », explique Avital, qui a grandi à Jérusalem et qui vit à Milan depuis 20 ans. « C’est comme un retour dans l’utérus. »
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