Les extrémistes juifs appellent à une marche à Jérusalem sous tension
"Nous voulons un véritable Etat juif. Nous voulons voir le Temple (reconstruit) sur le mont du Temple. Nous voulons voir Jérusalem reconstruite", proclame l'affiche du rassemblement

Des extrémistes juifs ont appelé à marcher jeudi après-midi jusqu’au site ultra-sensible du mont du Temple, faisant redouter une nouvelle montée de la tension à Jérusalem après la flambée de violences de la veille.
Les extrémistes ont annoncé leur intention de marcher à partir de 17H00 (15H00 GMT) « jusqu’aux portes du mont du Temple », un peu plus de 24 heures après y avoir provoqué de violents affrontements.
Les heurts déclenchés par la visite d’une centaine d’extrémistes juifs ont marqué mercredi le début d’un vif accès de fièvre.
Jérusalem-Est, la partie palestinenne de la ville, est en proie depuis des semaines à des troubles qui se sont intensifiés au cours des dernières semaines et au cœur desquels se trouve le site du mont du Temple.
Dans ce contexte, l’appel à la marche est susceptible d’échauffer encore les esprits, même si des mesures ont été prises. L’esplanade sera fermée aux non-musulmans à cette heure et il est peu probable que les policiers laissent les extrémistes juifs l’approcher.
« Nous voulons un véritable Etat juif. Nous voulons voir le Temple (reconstruit) sur le mont du Temple. Nous voulons voir Jérusalem reconstruite », proclame l’affiche du rassemblement.
Délicat exercice pour Netanyahu
Bien que les musulmans craignent un changement du statu quo, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cède pas à la pression.
M. Netanyahu a répété à plusieurs reprises n’avoir aucune intention de modifier le statu quo qui stipule que les Juifs sont autorisés à visiter l’esplanade, mais pas à y prier.
A la tête d’une coalition gouvernementale précaire, M. Netanyahu s’emploie à contenir les ardeurs de sa droite sans pour autant la heurter.
Des jeunes Palestiniens ont affronté les policiers israéliens mercredi et, fait rare, ces derniers sont entrés de plusieurs mètres à l’intérieur d’Al-Aqsa, où ils ont découvert des tas de pierres. Cette « intrusion » a provoqué l’ire de la Jordanie et de la Turquie qui l’a qualifié d’acte « barbare ».
Trois attaques à la voiture bélier
Quelques heures plus tard, un Palestinien a foncé sur des passants et tué un policier avec son véhicule avant d’être abattu.
Dans la soirée, un autre chauffeur palestinien l’a imité contre un groupe de soldats israéliens près du Gush Etzion, en Cisjordanie. Trois soldats ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique. Le chauffeur s’est rendu jeudi.
C’était la troisième attaque du genre en deux semaines.
Les affrontements qui se sont propagés mercredi à plusieurs quartiers de Jérusalem-Est ont continué dans la nuit. La police a dressé des barrages dans plusieurs quartiers et déployé des forces supplémentaires aux principaux carrefours, a constaté un photographe de l’AFP.
Les forces de sécurité ont également entrepris de disposer des blocs de béton pour protéger les arrêts de tramway de nouvelles attaques à la voiture bélier.
Depuis une première attaque de cette sorte le 22 octobre, « 188 personnes, dont 71 mineurs, ont été arrêtés » à Jérusalem-Est, a indiqué la police.
Pour le Premier ministre israélien, la situation à Jérusalem constitue aussi un défi diplomatique. La Jordanie, un des deux seuls pays arabes à avoir un traité de paix avec Israël, a rappelé son ambassadeur.
Amman a dit vouloir faire appel à l’ONU pour faire cesser les agissements « graves et scandaleux » d’Israël sur l’esplanade.
Dans ce contexte, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Liberman a accusé les députés de l’ultra-droite qui se sont rendus récemment sur l’esplanade de faire une « utilisation politique cynique d’une situation particulièrement complexe ».