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Les forces de l’ordre assurent avoir tiré les enseignements des violences de 2021

Le ministère de la Sécurité publique explique que les forces de l’ordre ont travaillé dur pour tirer les enseignements des événements et améliorer leurs méthodes

La police est vue à Lod pendant les émeutes ethniques dans la ville mixte juive-arabe dans le centre d'Israël, le 12 mai 2021. (Crédits : Yossi Aloni/Flash90)
La police est vue à Lod pendant les émeutes ethniques dans la ville mixte juive-arabe dans le centre d'Israël, le 12 mai 2021. (Crédits : Yossi Aloni/Flash90)

Le ministère de la Sécurité intérieure, la police et l’agence de sécurité du Shin Bet ont déclaré, mercredi, avoir introduit des changements pour régler les problèmes dénoncés par un rapport du contrôleur de l’État, faisant état de défaillances systémiques dans la gestion des émeutes interraciales meurtrières de mai 2021.

Des problèmes liés à la collecte du renseignement, à la coordination et à la préparation opérationnelle ont rendu difficile l’action de la police face aux violences qui ont fait rage dans des villes à population mixte arabo-juive, a déclaré le contrôleur de l’État dans un rapport accablant publié plus tôt dans la journée.

Le contrôleur, Matanyahu Englman, a noté que les responsables n’avaient pas anticipé la possibilité de violences en dehors de Jérusalem et qu’il avait de surcroît fallu cinq jours à la police des frontières pour se déployer dans l’ensemble des zones affectées et réprimer les émeutes qui ont fait trois morts.

« Les violentes émeutes qui ont suivi les événements de l’opération Gardien des murs ont révélé d’importantes lacunes dans l’action de la police », a déclaré Englman.

Le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Barlev, autorité de tutelle de la police, a accepté les conclusions de ce rapport, rappelant que pendant son mandat, commencé après les émeutes, il avait pris des mesures pour résoudre ces problèmes, en créant par exemple une garde nationale au sein de la police des frontières.

« Je suis déterminé à ce que les violences qui ont émaillé l’opération Gardien des Murs, telles que nous les avons vécues à l’intérieur de l’État d’Israël, ne se reproduisent plus », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

La police israélienne a déclaré qu’une « grande partie » des questions soulevées par le contrôleur de l’État avaient déjà été examinées et traitées.

Elle a également rejeté certaines critiques concernant le renseignement, affirmant que sa division chargée du renseignement « avait présenté une évaluation fiable, à jour et complète de la situation », sur la base des informations disponibles à l’époque, et que « comme la situation du renseignement changeait, la police agissait en conséquence ».

Le ministre de la Sécurité publique, Omer Barlev, lors d’une réunion du Comité de la Défense et des Affaires Etrangères, à la Knesset à Jérusalem, le 13 septembre 2021 (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90).

La police a déclaré que des budgets supplémentaires avaient été alloués au renouvellement et à l’augmentation des stocks de munitions utilisées pour la dispersion des manifestations et les équipements tactiques anti-émeute utilisés par les forces sur le terrain.

En outre, 26 compagnies de réserve supplémentaires ont été créées pour la police des frontières afin de renforcer sa capacité à faire face à des violences à grande échelle dans un court laps de temps, a expliqué la police.

Le Shin Bet, qui relève du bureau du Premier ministre, a pour sa part déclaré qu’il étudiait le rapport et qu’il avait d’ores et déjà commencé à introduire des changements dans sa manière d’opérer au sein de la communauté arabe, tirant les leçons des émeutes.

« Depuis le début de cette année, le Shin Bet a décidé, dans le cadre de sa mission, d’intensifier ses activités dans la communauté arabe, en général, et dans les villes concernées en particulier », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Une voiture qui a été brûlée lors des récents affrontements entre les résidents juifs et arabes de Lod, dans la ville centrale israélienne de Lod, le 23 mai 2021. (Flash90)

L’accent a été mis sur « l’ordre public et l’interface entre activités criminelles et sécurité », le tout conformément à la loi, a déclaré le Shin Bet.

S’agissant des activités antérieures aux violences de 2021, l’agence a noté que le rapport soulignait qu’il avait attircé l’attention sur des signaux forts, pris en compte par la police pour se préparer aux violences.

« Contrairement à ce qui est écrit dans le rapport, le Shin Bet a identifié dès le début des événements qu’il existait un potentiel d’escalade sur fond nationaliste » et mené des opérations pour obtenir des renseignements en temps réel, a-t-il ajouté.

Il a également appelé de ses vœux des changements législatifs pour lui permettre de mieux faire face à de telles situations, rappelant qu’il agissait dans les « limites de la loi et avec un usage raisonné de la force » avec les citoyens israéliens.

Le chef du parti d’extrême droite Sionisme religieux, le député Bezalel Smotrich, a écrit sur Twitter que le rapport mettait en évidence « l’aveuglement et le déni face à la réalité » dont font preuve les forces de l’ordre, assurant que la police passait complètement à côté du nationalisme extrême, « de plus en plus présent au sein de la société arabe ».

Meirav Ben-Ari a une session parlementaire à la Knesset (Crédit : Porte parole de la Knesset)

La députée Merav Ben-Ari, présidente de la Commission de la sécurité publique à la Knesset, a déclaré qu’il ne fallait pas s’étonner du résultat étant donné les ressources insuffisantes allouées à la police par les gouvernements précédents et l’absence de chef de la police au moment des émeutes.

« Pendant des années, ils ont investi dans l’armée, à coups de milliards, et les policiers, eux, ont été laissés pour compte, avec des salaires misérables et une carte de bus pour se déplacer », a-t-elle écrit sur Twitter.

« Il y a beaucoup à faire et la police ne ménage pas ses efforts pour s’améliorer », a-t-elle déclaré.

Dans un communiqué séparé, le ministère de la Sécurité intérieure a assuré, avec la police, avoir tiré les enseignements des incidents de l’opération Gardien des murs afin de mieux faire face à une situation similaire.

Cela a consisté à « mettre en place des actions pour améliorer la préparation à des violences à grande échelle, avec un accent particulier sur l’augmentation de la sécurité des personnes dans les villes concernées, au sein de la société arabe, dans le Neguev et à Jérusalem », a déclaré le ministère.

Grièvement blessé après avoir été agressé par une foule arabe dans la ville d’Akko, dans le nord du pays, Mor Ganashvili a déclaré au radiodiffuseur public Kan douter que le rapport change quoi que ce soit et qu’il « moisirait dans un tiroir ».

Il a appelé à la création d’un comité d’enquête sur ce qu’il estime être des restrictions imposées à la police dans sa riposte aux émeutiers.

« Il n’est pas logique qu’on attente à nos vies et que la police laisse faire », a-t-il déclaré.

Mor Ganashvili, Un Israélien agressé par des Arabes, à l’hôpital Ichilov, le 14 mai 2021. (Capture d’écran : Vidéo)

La députée Aida Touma-Sliman (Liste arabe unie) a critiqué Engleman pour la mention faite dans le rapport des citoyens arabes « ennemis ou ennemis potentiels » qui doivent être contrôlés.

« Tant que l’État et le gouvernement continueront à pratiquer une discrimination systématique et à mettre en œuvre une idéologie de suprématie juive, ni les Juifs ni les Arabes ne jouiront d’une réelle sécurité », a-t-elle affirmé.

Trois personnes ont été tuées et des centaines d’autres ont été blessées lors des violences qui ont éclaté dans des villes à population mixte arabo-juive – sans doute les pires violences intercommunautaires depuis la fondation de l’État.

Les tensions nationalistes, qui couvaient depuis longtemps entre Juifs et Arabes, ont à cette occasion explosé, dans un déluge de bombes incendiaires, de fusillades et d’affrontements.

Les émeutes ont eu lieu pendant l’opération Gardien des Murs, nom donné à la guerre de 11 jours d’Israël avec Gaza.

Le rapport a révélé que la police n’était pas parvenue à obtenir de renseignements sur l’éventualité de violences de grande ampleur motivées par des considérations nationalistes.

Il a également souligné l’incapacité du Shin Bet et de la police à partager le renseignement, les retards et approximations dans le déploiement des forces de police et le manque d’équipements adaptés aux mains de la police anti-émeute.

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