Les Français « doivent faire attention » à l’extrême droite, dit Sebastião Salgado
"Quand l'extrême droite prend le pouvoir, elle détruit les institutions, comme c'est le cas au Brésil aujourd'hui", dit le photographe franco-brésilien
Le photographe franco-brésilien Sebastiao Salgado, évoquant la situation au Brésil, a mis en garde les Français contre l’extrême droite, dans un entretien avec l’AFP.
« Les Français doivent faire très attention à ne pas permettre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir », a déclaré le célèbre photographe ce weekend, lors de l’ouverture de la 17e édition du festival photographique de La Gacilly, où une exposition lui est consacrée.
« Car quand l’extrême droite prend le pouvoir, elle détruit les institutions pour parfois ne rien mettre à la place, comme c’est le cas au Brésil aujourd’hui », a-t-il poursuivi. « On a vu le mal qu’a fait au monde l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne dans les années 30. L’extrême droite est très dangereuse et c’est ce qui arrive au Brésil aujourd’hui », a-t-il estimé.
« Ce qui arrive au Brésil n’est pas lié qu’à la pandémie. Ils (le nouveau pouvoir sous la présidence de Jair Bolsonaro, NDLR) sont en train de détruire les institutions brésiliennes », a affirmé M. Salgado.
« Il a été difficile de créer ces institutions, comme ce le fut ici en France (…) Des institutions qui créent une certaine harmonie dans la société. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement qui est en train de toutes les détruire, que ce soit sur le plan culturel, de l’éducation, de la santé, de l’environnement (…) C’est une destruction permanente », a-t-il dit.
Le gouvernement Bolsonaro « fait un mal terrible » aux populations indigènes d’Amazonie, premiers habitants avant la colonisation.
Consacré cette année à l’Amérique latine, le festival photo de La Gacilly, présente en plein air et en grand format jusque fin octobre une vingtaine d’expositions. Parmi celles-ci, une quarantaine de photos de Salgado sont proposées, extraites de sa série « Gold », réalisée en 1986 sur le travail des orpailleurs dans la Serra Pelada (Brésil), avec lesquels il avait passé 35 jours dans une mine à ciel ouvert.
« Aujourd’hui, on a un groupe de gens exactement comme ceux-la qui ont envahi le territoire indien. Ils sont à peu près 22 000 personnes dans le territoire Yanomami. Ils violent des Indiens, ils assassinent, ils polluent les rivières. Ils veulent l’or. Ils le cherchent à n’importe quel prix. Ils détruisent la forêt. Ça se passe comme ça au Brésil aujourd’hui », a affirmé le photographe.