Israël en guerre - Jour 429

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Les Gardiens de la Révolution en Iran sont un groupe terroriste, martèle Lapid

Le ministre des Affaires étrangères a appelé les États-Unis à les conserver sur la liste des organisations terroristes lors de son intervention devant la CoP, à Jérusalem

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le ministre des Affaires étrangères  Yair Lapid s'exprime lors de la Conférence des présidents à Jérusalem, le 21 février 2022. (Crédit : Miri Shimonovich/GPO)
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid s'exprime lors de la Conférence des présidents à Jérusalem, le 21 février 2022. (Crédit : Miri Shimonovich/GPO)

Le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a indiqué lundi que l’administration Biden pouvait être favorable à l’idée de supprimer de sa liste des organisations terroristes le corps des Gardiens de la révolution islamique, et il a demandé aux acteurs internationaux de tenter de convaincre la Maison Blanche de rejeter cette demande soumise par l’Iran.

« Toute personne dotée de bon sens doit aller parler à l’administration et dire : ‘c’est une mauvaise chose, ne faites pas cela’, » a commenté le chef de la diplomatie israélienne qui s’exprimait devant la Conférence des présidents des organisations juives américaines majeures.

A la même tribune, hier soir, le Premier ministre Naftali Bennett avait lui aussi mis en garde contre cette requête soumise par Téhéran.

« Ils demandent maintenant de laisser s’échapper la plus grande organisation terroriste de la Terre », avait déclaré Bennett.

Au mois de juillet, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait savoir, dans un compte-rendu fait devant le Parlement, que les États-Unis ôteraient les Gardiens de la Révolution de la liste des groupes terroristes et qu’ils lèveraient les sanctions appliquées aux hauts-responsables iraniens si un accord sur le nucléaire devait être conclu à Vienne.

En 2019, le secrétaire d’État de l’administration Trump, Mike Pompeo, avait annoncé que les Gardiens de la révolution seraient inscrits sur la liste des organisations terroristes étrangères – cela avait été la première fois que l’intégralité d’une entité relevant d’un gouvernement étranger avait été placée ainsi sur liste noire.

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo s’exprime lors d’une conférence de presse au Département d’Etat, le mercredi 20 mai 2020 à Washington.(Crédit : Nicholas Kamm/Pool Photo via AP)

Cette désignation avait été assortie de sanctions – notamment le gel de tous les avoirs des Gardiens de la Révolution dans les juridictions américaines, et l’interdiction faite aux ressortissants des États-Unis de mener des activités commerciales avec ces derniers ou de leur offrir un soutien matériel.

Lapid a estimé lundi que tout retour potentiel au JCPOA, l’accord sur le nucléaire signé en 2015, « est un retour vers un accord plus faible, faute de temps ».

« Pour commencer, nous ne sommes pas satisfaits de l’accord », a-t-il dit. « Et nous sommes d’autant plus insatisfaits que c’est un accord qui a perdu quatre ans. »

Les clauses d’expiration de l’accord limitent l’usage de certaines centrifugeuses avancées jusqu’en 2025 et établissent un plafond sur le stock d’uranium autorisé jusqu’à 2030.

La République islamique a enfreint ces deux aspects du JCPOA depuis que les États-Unis s’en étaient retirés, en 2018.

Le chef des Gardiens de la révolution iraniens, le général Hossein Salami, s’exprime lors d’un rassemblement pro-gouvernemental à Téhéran, en Iran, le 25 novembre 2019. (Ebrahim Noroozi/AP)

Malgré les divergences d’opinion avec l’administration Biden sur la pertinence d’un retour au sein de l’accord sur le nucléaire iranien, Lapid a expliqué que les deux alliés « sont en désaccord, mais d’une manière qui nous aide à travailler avec eux a) sur les résultats de nos désaccords et b) sur d’autres problématiques. »

Il a ainsi évoqué les Accords d’Abraham, l’économie et la Syrie – des dossiers où la collaboration avec les Américains est importante.

Lapid a fait la comparaison entre la manière dont son gouvernement approche la Maison Blanche et l’attitude de « conflit » et de « provocation » de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu face à l’administration Obama.

« Il a tout simplement abîmé les relations qu’entretenait Israël avec l’administration et, de toute évidence, cela n’a servi à rien », a-t-il continué. « Le JCPOA a été conclu et on a ignoré la forte opposition d’Israël à l’accord ».

Lapid a déploré le fait que Netanyahu ait presque détruit le soutien bipartisan vital pour Israël à Washington : « On ne pouvait pas jouer avec ça, et il a joué avec ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle de l’Iran lors d’une réunion conjointe du Congrès des États-Unis dans la salle de la Chambre au Capitole américain, le 3 mars 2015 à Washington, DC. (Win McNamee/Getty Images/AFP)

« Nous avons fait un bon travail concernant la restauration du statut bipartisan d’Israël à Washington », a-t-il poursuivi.

« Le plus facile à faire, c’est d’aller dans les studios de télévision et de crier, de hurler contre l’administration », a-t-il dit. « Mais c’est irresponsable. Pour ma part, je suis un homme responsable et ce gouvernement a le sens des responsabilités ».

Lapid a reconnu que si Israël devait protéger seul ses intérêts, il pourrait y avoir « un prix à payer » dans les relations entretenues par l’État juif avec les États-Unis.

Par ailleurs, a-t-il noté, Israël est en contact étroit avec Washington concernant les autres moyens à utiliser pour éviter que l’Iran ne devienne un État du seuil nucléaire, et sur ce que « plus long et plus fort » signifiait dans le contexte de l’accord sur le nucléaire.

Israël en tant que nation « balte »

Évoquant les tensions sur les frontières entre l’Ukraine et la Russie, Lapid a estimé que le conflit « est encore évitable ».

Il s’est dit optimiste face aux initiatives diplomatiques prises par le président Emmanuel Macron, ce week-end, faisant part de son espoir qu’elles entraîneront une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères russe et américains jeudi et entre Biden et le président russe Vladimir Poutine, le week-end prochain.

Le président français Emmanuel Macron, à droite, rencontre le président russe Vladimir Poutine, à gauche, à Moscou, le 7 février 2022. (Crédit : SPUTNIK / AFP)

Lapid a parlé de l’équilibre délicat qu’Israël doit conserver entre ses alliés américains et occidentaux d’un côté, et la Russie, avec laquelle le pays entretient une relation de proximité en particulier s’agissant de la Syrie, de l’autre.

Il a noté qu’Israël était, dans une certaine mesure, comme un pays « balte » en raison de la présence des forces russes en Syrie. « Nous avons une ‘frontière’ avec la Russie et nous devons en tenir compte », a-t-il déclaré.

Les diplomates israéliens doivent aussi se montrer particulièrement prudents en raison des importantes communautés juives qui se trouvent en Russie et en Ukraine. « Je dois faire preuve de plus de vigilance sur ce sujet que n’importe quel autre ministre des Affaires étrangères dans le monde », a dit Lapid.

« Le gouvernement israélien n’est pas seulement le gouvernement des Israéliens, il est aussi la plus grande force du peuple Juif », a-t-il indiqué.

En raison de la « relation particulière » qui unit Jérusalem et Washington, les États-Unis comprendraient si l’État juif ne participait pas à de strictes sanctions potentielles qui pourraient être imposées à la Russie, a-t-il ajouté.

« Ils comprennent cela parce qu’ils nous comprennent », a-t-il poursuivi.

Une photo prise dans le bureau du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita (en haut à droite) dans la capitale Rabat, le montre avec ses homologues israélien Yair Lapid (en haut à gauche) et américain Antony Blinken (en bas), participant à une réunion virtuelle, le 22 décembre 2021. (Crédit : AFP)

Concernant les Accords d’Abraham, Lapid a déclaré que l’administration Biden soutenait les relations naissantes d’Israël avec les EAU, Bahreïn et le Maroc – même si elle n’avait pas montré beaucoup d’enthousiasme lorsque le président démocrate était arrivé au pouvoir.

« Ils étaient hésitants, ils ne savaient pas trop comment approcher la question », a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, a ajouté le ministre des Affaires étrangères, l’administration « a adopté » les accords d’Abraham – même s’il ne semble pas que d’autres pays musulmans soient prêts à les rejoindre à court-terme.

« Nous savions, quand nous sommes arrivés aux responsabilités, que ça allait être être difficile, qu’il allait falloir du temps avant de voir d’autres pays rejoindre les accords d’Abraham », a souligné Lapid. « Aujourd’hui, le plus important qu’il y a à faire, l’outil le plus déterminant pour convaincre d’autres pays d’intégrer les accords d’Abraham, c’est de transformer ces accords en succès incontestables ».

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