Bennett : un accord avec l’Iran renforcera les attaques de Téhéran contre Israël
Devant des leaders juifs US, le Premier ministre a juré qu'Israël serait à la hauteur et n'accepterait jamais un Iran qui serait un État du seuil nucléaire
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre a averti dimanche que l’accord entre les puissances mondiales et l’Iran – dont la conclusion serait « imminente » – « créera probablement un Moyen-Orient plus violent, plus volatile », ajoutant que la République islamique utiliserait les ressources qui seraient libérées pour cibler Israël, et il a juré qu’Israël « n’acceptera pas l’Iran en tant qu’État du seuil nucléaire ».
Bennett a souligné que ce sont les Israéliens et les populations du Moyen-Orient qui subiront les conséquences de l’accord qui est actuellement négocié à Vienne, affirmant néanmoins que « se rejeter mutuellement la faute n’a aucun intérêt ».
Les propos du Premier ministre ont été tenus alors que les responsables occidentaux ont indiqué qu’un accord serait possible d’ici quelques jours.
Le plus gros problème avec l’accord, a affirmé Bennett, ce sont ses « clauses d’expiration ».
« Dans deux ans et demi, autant dire demain », a estimé le Premier ministre, « l’Iran sera en capacité de développer, d’installer et d’exploiter des centrifugeuses de pointe. Imaginez des stades entiers de centrifugeuses avancées en fonctionnement – c’est ce qui est permis par cet accord ».
S’exprimant à Jérusalem devant la Conférence des Présidents (CoP), il a aussi déploré le fait que l’accord permettra à l’Iran d’accéder à des milliards de dollars alors que le régime se trouve actuellement au pied du mur.
« Aujourd’hui, le régime est très faible », a expliqué Bennett. « Le rial a perdu de sa valeur. Les Iraniens en sont au point le plus bas de l’Histoire » et pourtant, grâce à l’accord qui s’annonce, ce sont des dizaines de milliards de dollars qui seront injectés « dans cet appareil de terrorisme ». Et, a-t-il averti, « une grande partie de cet argent sera destinée à financer des attaques contre Israël ».

Bennett a évoqué trois points qui, selon lui, doivent être pris en compte en amont de la conclusion de l’accord :
1. L’accord permettra à l’Iran d’enrichir rapidement son uranium au stade militaire. Et au moment où le pacte expirera, le pays ne sera pas dans l’obligation de détruire toutes les centrifugeuses qui ont été développées au cours des dernières années.
2. Le régime iranien insiste pour que les dossiers ouverts par l’Agence internationale de l’Énergie atomique – concernant des enquêtes sur des activités nucléaires possibles de niveau militaire – soient fermés. Pour le dire plus simplement, l’Iran a caché et cache encore des matériaux en lien avec la fabrication d’une arme nucléaire. La république islamique a été prise la main dans le sac et Téhéran demande à l’AIEA que les inspecteurs oublient ce qu’ils ont vu.
3. L’accord permettra d’injecter de l’argent, des milliards de dollars, dans la machine terroriste iranienne – « un plus grand nombre de drones, un plus grand nombre d’attaques contre des navires, un plus grand nombre de roquettes sur Israël et sur nos alliés par le biais des groupes mandataires » de la République islamique, a-t-il dit.
Il a aussi révélé que dans les négociations en cours, « pour couronner le tout, l’Iran demande que les Gardiens de la Révolution islamique soient ôtés de la liste des organisations terroristes. Vous comprenez ? Ils demandent maintenant de laisser s’échapper la plus grande organisation terroriste de la Terre ».
Malgré « toute cette série de nouveaux défis lancés à la sécurité d’Israël » par la conclusion d’un accord, Bennett a conclu sur une note positive, affirmant à l’assistance réunie à l’hôtel Inbal qu’Israël serait à la hauteur de la situation.
« Il n’y a aucun doute, dans mon esprit, que nous l’emporterons », a-t-il dit. « Oui, cet accord enrichira ce régime brutal et corrompu – mais ce n’est que temporaire. Si j’étais investisseur, l’Iran serait le dernier endroit où je placerais mon argent. Personne de sain d’esprit n’investira dans un pays dont l’exportation numéro un est le terrorisme ».
Israël, pour sa part, a-t-il ajouté, « est plus fort que jamais avec une croissance de 8 % en 2021, une année de COVID. Notre économie est en plein essor et cela va continuer, elle deviendra plus concurrentielle encore et moins entravée. Notre secteur du high-tech dépasse tous les records. De plus en plus d’hommes juifs et de femmes arabes rejoignent le marché du travail. Nous avons amené la stabilité politique, nous avons adopté un budget et notre trajectoire est toujours aussi bonne ».
Il a assuré qu’Israël « est en train de se doter de capacités militaires sans précédent… alors oui, il y a des défis, mais nous sommes à la hauteur ».
Insistant sur le fait que l’État juif n’accepterait pas que l’Iran devienne un État du seuil nucléaire, il a souligné que « nous avons une ligne claire, qui est non-négociable : Israël conservera toujours sa liberté d’action pour se défendre ».
Selon un reportage qui a été diffusé par la Treizième chaîne dimanche, Israël cherche à s’assurer que le pays conservera toute sa latitude d’action face à l’armement et au développement de missile par le régime de Téhéran – les missiles ne sont pas intégrés dans l’accord. L’État juif reconnaît toutefois qu’il ne sera pas encore en mesure de prendre pour cible les usines d’enrichissement si et quand un accord sera signé.
Dans une pique lancée à l’encontre de son prédécesseur Benjamin Netanyahu, Bennett a expliqué qu’Israël avait accordé la priorité à la reconstruction des liens avec les pays voisins, ajoutant que les hauts-responsables sont déterminés à travailler avec les députés des deux bords aux États-Unis.
« Israël redevient bipartisan », a-t-il noté.
Les relations avec le président américain Joe Biden et l’administration vont rester étroites et robustes malgré les désaccords sur la question du nucléaire iranien, a juré Bennett, qui a souligné la présence, cette semaine en Israël, de législateurs républicains et démocrates.

Bennett avait tenu des propos similaire dans la journée, lors de la réunion hebdomadaire du cabinet. Il avait déclaré qu’Israël se préparait « au jour d’après » la signature de l’accord qui émergera des négociations sur le nucléaire de Vienne, un accord qui, selon lui, serait « plus court et moins contraignant » que le précédent et permettrait à Téhéran de construire « des stades entiers de centrifugeuses avancées ».
L’AFP a contribué à cet article.