Suite à un bombardement iranien, l’hôpital Soroka ne prend plus de patients et se réorganise
De peur de nouvelles frappes, le ministère de la Santé a demandé aux hôpitaux israéliens de limiter le nombre de patients et de laisser sortir les femmes tout de suite après leur accouchement

Le centre hospitalier Soroka de Beer Sheva a annoncé, jeudi, procéder au transfert de la majorité de ses patients vers d’autres hôpitaux en raison des dégâts considérables et des dizaines de blessés occasionnés par un missile iranien. Les autres hôpitaux ont été invités à limiter les nouvelles entrées et se préparer à l’éventualité d’une frappe.
Le centre hospitalier a laissé entendre que 80 personnes avaient été blessées par la chute d’un missile balistique doté d’une grosse ogive explosive sur le service de chirurgie de l’hôpital, aujourd’hui détruit : les bâtiments voisins ont été fortement endommagés.
Suite à cette attaque, l’hôpital, qui couvre une zone de près d’1 million d’habitants dans le sud d’Israël, a fait savoir qu’il n’accepterait pas de nouveaux patients, sauf urgences vitales, et que des centaines de patients allaient être autorisés à sortir ou transférés dans d’autres hôpitaux.
Selon les médias israéliens rapportant des chiffres donnés par l’hôpital, il y avait 700 patients en soins à l’hôpital au moment de l’attaque. Jeudi après-midi, il n’en restait plus que 300, selon ces męmes sources.
Le réseau hospitalier Hadassah, à Jérusalem, a indiqué avoir pris en charge certains des patients de Soroka.
« Nos hôpitaux se sont remarquablement préparés de façon à continuer de soigner les patients dans des hôpitaux souterrains et des zones protégées, tout en accueillant un grand nombre de victimes », a déclaré la présidente de Hadassah, Carol Ann Schwartz, par voie de communiqué.

Soroka a déclaré : « La population est priée de ne pas se rendre à l’hôpital, sauf urgence vitale. Les femmes qui accouchent en urgence peuvent se rendre au Centre de sages-femmes Saban, qui est protégé. A ce stade, les autres femmes sur le point d’accoucher sont priées de se rendre dans d’autres hôpitaux.
Cet hôpital du sud du pays avait commencé à évacuer les patients du service de chirurgie quelques jours avant l’attaque. Certains patients du bâtiment endommagé ont été transférés dans un établissement souterrain quelques heures avant la frappe, apprend-on dans un communiqué du ministère de la Santé.
La frappe est survenue lors d’une salve de missiles balistiques qui a visé une grande partie du pays, vers 7 heures du matin jeudi : d’autres impacts sont à déplorer dans un quartier financier de Ramat Gan ainsi qu’un immeuble résidentiel de Holon.
Le porte-parole de Tsahal, le général de brigade Effie Defrin, a déclaré jeudi soir que l’Iran avait volontairement tiré sur Soroka.

« Il n’y a aucun doute là-dessus, c’est de manière délibérée et malveillante que le régime iranien a tiré sur l’hôpital et les zones peuplées, pour faire des vicitmes civils. Il s’agit d’un terrorisme d’État et d’une violation flagrante du droit international », a déclaré Defrin.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé que le centre hospitalier soignait en majorité les soldats qui combattaient à Gaza et que l’explosion n’avait occasionné que des dégâts superficiels.
En réalité, l’explosion a ravagé une partie du dernier étage d’un immeuble et transformé des zones entières de l’hôpital en amas de gravats et d’acier.
Selon le personnel hospitalier, l’explosion a été tellement forte qu’elle les a projetés en arrière. Jeudi après-midi, depuis la cour de l’hôpital, ils ont regardé des vidéos d’imposants panaches de fumée.
« Nous avons su, rien qu’au bruit, que ce n’était pas comme d’habitude, que cale ne ressemblait pas à ce que nous avions eu auparavant », confie Nissim Huri, qui travaillait dans la cuisine et s’est réfugié dans un abri en béton lors des tirs.

« C’était terrifiant…Tout était détruit », poursuit Huri en parlant de ce qu’elle a découvert en sortant de l’abri.
L’ambulancier Yogev Vizman, appelé sur les lieux après l’explosion, dit avoir vu « des zones totalement détruites » à son arrivée.
« Tout le bâtiment était en feu… tout s’est effondré », a explique Vizman. « Je suis triste, c’était un peu ma maison ici : ils ont détruit notre maison… Je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse bombarder un hôpital. »
L’Iran bombarde Israël de missiles balistiques chaque jour depuis les attaques israéliennes contre ses programmes nucléaire et balistique, qui ont commencé vendredi dernier. Les bombardements ont détruit des immeubles résidentiels, tué 24 personnes et fait des milliers de blessés.

Suite à l’attaque, le directeur adjoint du ministère de la Santé, le Dr Sefi Mendelovich, a demandé aux centres hopitaliers de limiter les hospitalisations et de se préparer à l’éventualité d’être bombardés.
Dans le courrier adressé aux directeurs d’hôpitaux – que s’est procuré le site d’information Ynet -, Mendelovich prie les directeurs d’hôpitaux d’autoriser à sortir les femmes ayant accouché depuis 12 heures, alors que la norme est de 36 heures pour les accouchements par voie basse et 48 heures pour les césariennes.
Le ministère demande par ailleurs aux hôpitaux de revoir leurs protocoles internes en matière de gestion des événements de grande ampleur, à commencer par les procédures d’« évacuation d’urgence » des services touchés par des missiles.

Il est par ailleurs demandé aux hôpitaux de se préparer à l’éventualité de la présence de matières dangereuses, nécessitant la mise à jour des plans d’urgence toxicologique et l’activation de systèmes de décontamination extérieurs.
Le Comité international de la Croix-Rouge a condamné la frappe iranienne sur Soroka et rappelé « Les hôpitaux doivent être respectés ».
« En vertu du droit international humanitaire, les blessés et les malades, le personnel hospitalier et les hôpitaux doivent être respectés et protégés », a écrit le CICR sur X.