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Des Iraniens scandent « Mort à la Palestine » lors de manifestations à Téhéran

Colère croissante contre le soutien du régime aux groupes terroristes régionaux aux dépens des difficultés économiques du pays - Rare grève du Bazar de Téhéran

Des étudiants iraniens protestent à l'université de Téhéran lors d'une manifestation contre les problèmes économiques, le 30 décembre 2017 (AFP PHOTO / STR)
Des étudiants iraniens protestent à l'université de Téhéran lors d'une manifestation contre les problèmes économiques, le 30 décembre 2017 (AFP PHOTO / STR)

Lundi, des Iraniens protestant contre la dépréciation en chute libre de la monnaie iranienne ont été entendus en scandant « Mort à la Palestine » dans un contexte de colère nationale face à la crise économique croissante de la République islamique.

A un carrefour dans le centre de Téhéran, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des dizaines de jeunes qui scandaient des slogans et jetaient des pierres, ont déclaré des témoins oculaires, tandis que les commerçants du Grand Bazar de la capitale iranienne ont organisé une grève de protestation – sans précédent.

Les manifestations de lundi à Téhéran ont commencé au Grand Bazar de la capitale, qui a longtemps été un centre du conservatisme dans la politique iranienne et où la Révolution islamique de 1979 des ayatollahs a commencé à gagner du terrain. Les manifestants ont forcé les commerçants à fermer leurs magasins lundi.

Les vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des manifestants en train de scander : « Mort à la Palestine », « Non à Gaza, non au Liban » et « Quittez la Syrie et pensez à nous. » Des slogans tels que « Nous ne voulons pas des ayatollahs » et « Mort au dictateur » ont également été entendus lors de certains rassemblements.

Les manifestations révèlent une colère généralisée contre le régime qui dépense des milliards de dollars dans des guerres régionales par procuration et soutient des groupes terroristes, au lieu de l’investir dans l’économie très en difficulté du pays.

Ces dernières années, l’Iran a fourni une aide financière aux organisations terroristes palestiniennes Hamas et Jihad islamique, au Hezbollah au Liban, aux rebelles Houthi du Yémen et aux milices chiites en Irak. Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, Téhéran a versé 6 milliards de dollars pour soutenir le gouvernement du président Bashar el-Assad.

Les slogans entendus lors des rassemblements de lundi marquent un changement dans les manifestations de rue iraniennes, où « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique » sont habituellement entendus. Les protestations ont révélé un malaise généralisé à la suite de la décision du président américain Donald Trump de retirer l’Amérique de l’accord nucléaire iranien avec les puissances mondiales et de rétablir les sanctions sur le pays.

Selon Ehud Yaari, analyste expérimenté de la chaîne de télévision Hadashot TV, les manifestations de lundi ont été la première fois que les Iraniens ont scandé « Mort à la Palestine » lors de rassemblements anti-régime.

Le rial iranien a perdu près de 50 % de sa valeur en six mois et le billet vert s’échange désormais autour de 85 000 rials pour un dollar sur le marché parallèle.

Traditionnellement conservateur, le puissant « bazar », comme on surnomme en Iran le milieu des commerçants traditionnels, a soutenu la révolution islamique de 1979, mais il a usé de son influence à plusieurs reprises depuis lors pour faire reculer des projets politiques qu’il estimait allant à l’encontre de ses intérêts.

« Les exigences des commerçants du Bazar sont légitimes, ils veulent que la situation du marché des changes soit clarifiée une fois pour toutes », a déclaré à l’agence Isna Abdollah Esfiandari, chef du conseil central d’administration du Bazar de Téhéran.

« Nous espérons que l’on va se pencher sur leurs problèmes et que demain (mardi), le Bazar pourra retrouver une activité normale. »

Les marchands « protestent contre le taux de change élevé, la fluctuation des devises étrangères […] le blocage des marchandises à la douane et le manque de critères clairs pour le dédouanement, et le fait que, dans ces conditions, ils ne peuvent pas prendre de décisions ni vendre leurs biens », a ajouté M. Esfiandari.

Dans les rues couvertes du Grand Bazar à proximité de la place aux Herbes (Meidoun-é Sabzeh), on ne trouve pas une boutique ouverte. Les passants longent une succession de rideaux métalliques fermés.

« C’est comme ça dans tout le bazar », assure un marchand de tapis de 45 ans ayant grandi dans la boutique familiale avant de la reprendre, « c’est la première fois de ma vie que je vois ça ».

« Tout est lié, [la chute de la monnaie nationale] affecte tous les secteurs » de l’économie, ajoute-t-il.

« Les boutiques sont fermées depuis le matin », témoigne un autre marchand de tapis. « La police anti-émeutes est intervenue le matin » contre une manifestation de bazaris, « a arrêté deux hommes et le calme est revenu. »

Outre l’effondrement du rial, le secteur privé iranien a longtemps été privé d’investissements, son système bancaire est paralysé par les créances douteuses et les niveaux record de chômage signifient qu’un tiers des moins de 30 ans sont sans emploi.

À la fin de l’année dernière, des manifestations similaires contre la crise économique ont secoué l’Iran et se sont propagées dans quelque 75 villes et villages, devenant ainsi les plus grandes manifestations dans le pays depuis l’élection présidentielle contestée de 2009. Les manifestations de fin décembre et début janvier ont fait au moins 25 morts et près de 5 000 arrestations.

Cependant, ces manifestations ont principalement concerné les provinces iraniennes plutôt que la capitale Téhéran. Les analystes pensent que les partisans de la ligne dure ont probablement encouragé la première manifestation qui a eu lieu à Mashhad pour essayer d’affaiblir le président Hassan Rouhani, présenté comme un modéré. Les protestations ont ensuite dégénéré, les gens critiquant ouvertement Rouhani et le guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei.

Le gouvernement de Rouhani est aux prises avec des problèmes économiques, notamment un taux de chômage élevé. Un taux de change fixé par le gouvernement de 42 000 rials pour 1 dollar a généré un marché noir très actif. Lundi, la télévision d’Etat a cité le chef de la Banque centrale iranienne, Valiollah Seif, qui a déclaré que le gouvernement prévoit de créer un marché parallèle la semaine prochaine pour lutter contre le marché noir.

Entre-temps, certains partisans de la ligne dure ont réclamé de nouvelles élections ou le remplacement du gouvernement civil de Rouhani par un gouvernement militaire. L’agence de presse Fars, considérée comme proche des Gardiens de la révolution, s’est fait un devoir de publier lundi un article du quotidien Sobh-e No décrivant le gouvernement comme étant prêt à « s’incliner devant les menaces étrangères et à s’asseoir à la table des négociations ».

Eshaq Jahangiri, le premier vice-président de l’Iran, aurait déclaré lundi : « Nous sommes au bord d’une guerre économique menée par un terroriste économique », en référence aux États-Unis.

« Les conditions vont s’aggraver à l’avenir », a déclaré M. Jahangiri, selon le quotidien pro-réforme Etemad. « Même nos amis et voisins comme la Russie, la Chine et les Européens ne peuvent pas nous aider à l’heure actuelle. »

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