Les JFNA soutiennent un projet de loi bipartisan visant à interdire TikTok
Les Fédérations juives d'Amérique du Nord soutiennent le texte en raison des craintes liées à la prolifération de l'antisémitisme sur ce réseau social; Trump n'est plus de cet avis
JTA – L’un des groupes juifs les plus importants du pays a apporté son soutien à un projet de loi qui adopté mercredi et qui pourrait conduire à l’interdiction de l’application vidéo TikTok, extrêmement populaire, aux États-Unis.
La Chambre américaine des représentants a adopté mercredi une proposition de loi qui prévoit l’interdiction de TikTok aux Etats-Unis si le réseau social ne coupe pas les liens avec sa maison mère ByteDance et plus largement avec la Chine.
C’est un développement majeur pour la plateforme, qui ne semblait pas menacée il y a encore quelques jours, même si l’issue du vote à venir au Sénat reste incertaine.
Les hommes politiques qui soutiennent le projet de loi, républicains comme démocrates, ont axé leurs critiques à l’égard de TikTok sur les problèmes de sécurité nationale liés à la propriété chinoise de l’application et à ses pratiques de collecte de données.
« Il est très important que cette mesure soit ciblée et spécifique à la menace pour la sécurité nationale », a déclaré la semaine dernière Cathy McMorris Rodgers, une républicaine de Washington. « Cela n’a rien à voir avec le contenu. Il s’agit de la menace que représentent les données collectées. »
Les Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA), qui représentent des centaines de communautés juives, ont déclaré que leur soutien au projet de loi était motivé par les inquiétudes suscitées par l’antisémitisme sur la plateforme. Les JFNA et l’Anti-Defamation League (ADL) ont accusé TikTok de permettre à l’antisémitisme et au sentiment anti-Israël de se propager.
« Le problème le plus important pour nos communautés juives aujourd’hui est la montée dramatique de l’antisémitisme », ont écrit les JFNA dans une lettre officielle adressée au Congrès. « Notre communauté comprend que les réseaux sociaux sont un moteur important de la montée de l’antisémitisme et que TikTok est de loin le pire des contrevenants. »
La lettre des JFNA indique également que le projet de loi est soigneusement conçu pour s’assurer qu’il ne va pas à l’encontre du premier amendement, reflétant ainsi les préoccupations concernant la censure des réseaux sociaux par le gouvernement. (L’Union américaine pour les libertés civiles s’oppose au projet de loi pour des raisons de liberté d’expression).
« Les auteurs du projet de loi ont travaillé dur et longtemps pour développer une approche de ce problème qui équilibre de manière appropriée la liberté d’expression et les droits individuels avec l’action réglementaire », indique la lettre.
Si le projet de loi est adopté, ByteDance, la société mère de TikTok basée en Chine, devra se désengager de l’application dans un délai de six mois, sous peine de se voir interdire de se connecter aux appareils mobiles et aux ordinateurs américains.
Dans un rare moment de consensus bipartisan à Washington, les membres de la commission de l’Énergie et du Commerce ont voté 50-0 la semaine dernière pour faire avancer le projet de loi sur TikTok à la Chambre des Représentants. Les chefs de file de la majorité républicaine de la Chambre des représentants ont approuvé le projet de loi et se sont engagés à le soumettre à un vote accéléré cette semaine, ce qui permettrait de l’envoyer au Sénat pour qu’il l’examine. Le président Joe Biden a déclaré qu’il signerait le projet de loi s’il parvenait sur son bureau.
Le consensus manifeste sur le projet de loi TikTok a toutefois duré moins d’une journée, puisque l’ancien président Donald Trump s’est prononcé en faveur du réseau social, jeudi en fin de journée. Trump, qui avait – en sa qualité de président – menacé d’interdire TikTok en 2020, a expliqué sa position en attaquant le rival de TikTok, Meta, le propriétaire de Facebook et d’Instagram.
« Si vous vous débarrassez de TikTok, Facebook et Zuckerschmuck doubleront leur chiffre d’affaires », a déclaré Trump, en référence au PDG de Meta, Mark Zuckerberg. Il a ajouté, sans fournir de preuves, que Meta « a triché lors des dernières élections. Ils sont un véritable ennemi du peuple ».
Le nouveau surnom utilisé par Trump, qui emploie le mot yiddish « schmock » pour se moquer de Zuckerberg, qui est Juif, a été condamné par la présentatrice de CNN, Dana Bash, qui l’a qualifié de « scandaleux » et « d’offensant ». L’ADL a dénoncé une précédente tentative de politiciens républicains de qualifier Zuckerberg de « Zuckerbucks », ce surnom évoquant des tropes antisémites autour des Juifs et de l’argent.
Le revirement de Trump concernant TikTok survient alors que certains commentateurs alliés et influenceurs des réseaux sociaux en sont venus à reconnaître l’attrait de l’application pour les jeunes électeurs, et que les contenus liés à Trump recueillent régulièrement des millions de vues.
Mais le moment choisi pour le vote semble également lié au rétablissement des liens entre Trump et le grand donateur conservateur Jeff Yass, dont la société d’investissement, Susquehanna International Group, détient une participation de plusieurs milliards de dollars dans ByteDance. Yass a fait don de millions aux campagnes des politiciens qui soutiennent TikTok.
La réconciliation a été rendue publique quelques jours avant le volte-face de Trump sur TikTok, lors d’une réunion du groupe conservateur Club for Growth, qui compte Yass parmi ses bienfaiteurs. Trump a remercié Yass de l’avoir invité à s’exprimer et l’a qualifié de « fantastique ».
Les allégations d’antisémitisme sur l’application ont mis Yass et ses partenaires de Susquehanna dans une position compliquée.
Yass est Juif, tout comme ses co-fondateurs de Susquehanna, Arthur Danchik et Joel Greenberg, et les trois milliardaires contribuent au financement de diverses causes juives et liées à Israël. Greenberg, qui avait quitté Susquehanna il y a sept ans, dirige une fondation familiale, Seed the Dream, qui a donné plus de trois millions de dollars aux JFNA et à l’ADL ces dernières années, d’après les registres fiscaux.
L’AFP a contribué à cet article.
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