Les Juifs allemands indignés par la vente d’effets personnels d’Hitler
Des paires de chaussettes, des nappes ou encore l'attestation fiscale du dictateur nazi concernant la taxe sur les chiens, figurent parmi les objets
Le Conseil central des Juifs d’Allemagne a manifesté jeudi son indignation face à la vente aux enchères prévue samedi à Munich (sud) d’effets personnels d’Adolf Hitler, qu’il a qualifiée de « scandaleuse et abjecte ».
« C’est scandaleux et abject », a jugé le président du Conseil central, Josef Schuster, cité par l’agence allemande DPA.
« D’un côté certains vont jusqu’à remettre en question la parution d’une édition commentée par des chercheurs de ‘Mein Kampf’, d’un autre côté on peut faire des affaires sans restrictions avec des objets d’Hitler, de Göring (le ministre de l’Aviation du dictateur nazi) et d’Eva Braun (la compagne d’Hitler) », a-t-il ajouté.
La maison d’enchères munichoise Hermann Historica organise samedi une vente d’effets personnels du dictateur nazi, parmi lesquels des paires de chaussettes et des cravates, des nappes ou encore son attestation fiscale concernant la taxe sur les chiens, selon les médias allemands.
Des affaires ayant appartenu à Hermann Göring, qui créa la terrible Gestapo, seront également proposées, parmi lesquelles ses sous-vêtements.
« Ce genre d’effets appartient aux musées ou aux archives sans qu’un commerce ne soit fait », a ajouté M. Schuster.
Tous ces objets étaient détenus par l’ancien médecin de l’armée américaine John K. Lattimer, chargé de la santé des accusés lors du procès du Nuremberg des responsables du régime nazi.
La maison d’enchères, qui ne donne accès au catalogue de la vente qu’à ses clients disposant d’un mot de passe sur internet, a assuré dans un communiqué que son objectif était « de ne pas déranger la paix sociale ou de blesser des sentiments » et s’est dit « tout à fait consciente de l’histoire funeste allemande de 1933 à 1945 ».
Le maire de Munich a également fait part de sa colère.
En avril 2014 en France, la vente d’une quarantaine d’objets nazis ayant appartenu aux deux responsables du 3e Reich, dont des passeports et de la vaisselle, avait été annulée par la maison d’enchères après l’intervention de la ministre française de la Culture.
Les associations juives avaient vivement protesté contre cette vente.
La publication en janvier d’une édition commentée de « Mein Kampf » pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale avait suscité un vif débat en Allemagne, certains se prononçant pour une interdiction pure et simple du brûlot écrit par Hitler, dont les droits sont tombés dans le domaine public.