Les Juifs iraniens disparus, pris pour des rebelles et abattus
Les forces de sécurité iraniennes ont tué plusieurs des huit hommes qui avaient tenté de s'enfuir du pays en 1994
Les autorités iraniennes sont responsables de la mort de plusieurs membres d’un groupe de Juifs d’Iran, disparus en 1994 alors qu’ils cherchaient à fuir le pays pour Israël.
Les fugitifs auraient été pris pour des militants d’un groupe rebelle, a révélé samedi la dixième chaîne de télévision israélienne.
L’évasion a été orchestrée par Israël et supervisée par des responsables du Mossad et de l’Agence juive.
Dans le même temps, des photographies montrant les victimes, avec leurs noms et leurs dates de disparition, ont fait surface. Ces images ont été publiées sur le site internet ketab.com, il y a plusieurs mois.
Selon la dixième chaîne, les huit Juifs iraniens ayant cherché à s’enfuir en 1994 avaient reçu pour consigne de se rendre dans la région de Zahedan, à l’est de l’Iran, où ils auraient rejoint un contact d’une tribu locale qui les aurait fait traverser clandestinement la frontière pakistanaise.
Ils auraient ensuite gagné la Turquie ou Chypre par avion, avant d’arriver en Israël.
Mais le plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Les huit Juifs iraniens se sont séparés en trois groupes.
Les membres de deux groupes ont été abattus par les forces de sécurité iraniennes, qui les ont pris pour des combattants du Mujahedeen-e-Khalq, une faction dissidente opposée au régime des mollahs.
Le troisième groupe a été capturé par les forces iraniennes, puis libéré, selon la dixième chaîne. Mais ses membres ont été tués peu de temps après par une tribu locale pour des raisons non spécifiées.
Les huit Juifs assassinés sont : Babak Shaoulian-Tehrani de Téhéran, âgé de 17 ans au moment de sa disparition ; Shahin Nik – Khoo, 19 ans, de Téhéran ; Salari Behzad, 21 ans, de Kermanshah; Farad Ezati – Mahmoudi, 22 ans, de Kermanshah, Homayoun Bala – Zade, 41 ans, de Shiraz, Omid Solouki, 17 ans, de Téhéran; Rubin Kohan-Mosleh, 17 ans, de Shiraz et Ibrahim Kohan-Mosleh, 16 ans, de Shiraz.
Un communiqué publié jeudi soir par le bureau du Premier ministre mentionnait que les huit Juifs « avaient été attrapés durant l’évasion et assassinés. »
Le texte ne précisait pas où et quand les huit personnes avaient été tuées, ni l’identité des assassins. Le cabinet du premier ministre affirmait simplement que le Mossad tenait l’information d’une « source fiable ».
Le rapport officiel sur cette affaire a été transmis à l’ancien grand rabbin séfarade Shlomo Amar, qui a statué sur la fiabilité de l’information. Sa décision devrait permettre aux épouses des victimes de se remarier.
Selon la loi juive, les femmes dont les maris ont disparu ont l’interdiction de se remarier jusqu’à ce que la mort de leurs époux soit confirmée.
Les familles des huit Juifs iraniens ont reçu la confirmation de la mort de leurs proches jeudi, 20 ans après leur disparition.
David Meidan, un ancien haut responsable du Mossad qui a supervisé l’enquête, a rencontré les familles pour les informer des découvertes.
Meidan avait également été impliqué dans les négociations pour la libération du soldat Gilad Shalit. Après sa retraite il y a deux ans, Netanyahu a demandé à Meidan de continuer à consacrer du temps à cette enquête.
Certains membres des familles des victimes ont manifesté leur colère contre l’État pour son silence sur son rôle dans la disparition et pour avoir caché des informations qui auraient pu libérer les femmes de leur liens de mariage.
Yoel Ram, le fils d’une des victimes, a déclaré que seule une pression intense des familles avait conduit les dirigeants de l’État à divulguer des informations sur les morts. « Il avaient l’information depuis trois mois et n’ont rien dit », a-t-il regretté.
Yehuda Kassif, un activiste qui a mené campagne pour les familles, a accusé l’État d’avoir préparé et de dirigé la tentative d’évasion, puis « d’esquiver ses responsabilités quand les choses ont mal tourné. »
Des responsables de l’État ont affirmé que l’information avait été transmise aux familles aussitôt que possible. Ils ont reconnu un délai, qu’ils ont attribué aux craintes de freiner la collecte d’informations sur trois autres disparus, appartenant à un quatrième groupe, qui a lui tenté de s’échapper en 1997.
Ces trois disparus dont le sort reste inconnu sont Syrous Ghahremani, 42 ou 32 ans au moment de la disparition, originaire de Kermanshah, Ibrahim Ghahremani, 61 ans, de Kermanshah et Nourollah Rabi – Zade, 52 ans, de Shiraz.