Les médias et les réseaux sociaux arabes fustigent Peres
Les journaux évoquent le 9e président israélien comme le "parrain des colonies" et le "Boucher de Cana"
De l’Iran au Maroc, les titres de la presse témoignaient jeudi de l’image négative laissée par Shimon Peres.
« Peres, l’ingénieur du massacre de Cana meurt », titre en Une Al Ahram, le journal égyptien d’Etat. Quant au journal privé Al-Masry Al-Youm, il décrit M. Peres comme ayant « commis des crimes de guerres contre les Palestiniens dans (les territoires occupés) et au Liban ».
En Jordanie, le journal Al-Rai s’élève contre le « discours hypocrite de l’Occident colonisateur » qui présente Peres comme un homme de paix, en faisant « mine d’oublier (ses) crimes ».
Le journal libanais Al-Akhbar titre son article sur M. Peres « Le parrain des colonies et un meurtrier… qui le regrette ? ». Il rappelle que Shimon Peres a parfois été surnommé le « Boucher de Cana », mais mentionne toutefois ses liens avec les figures arabes modérées. Peres figure le bombardement, alors qu’il était Premier ministre, d’un camp de l’ONU près du village libanais de Cana en 1996. 106 civils libanais avaient été tués.
Peres a supervisé l’opération Raisins de la Colère de l’armée israélienne, une attaque contre le Hezbollah dans le sud du Liban. Pendant l’opération, l’armée a bombardé un bâtiment des Nations unies dans le village de Qana. Quelque 106 civils libanais ont été tués et plus de 100 blessés.
Dans un rapport, l’ONU a estimé qu’il était « improbable » que le bombardement ait eu lieu par erreur, une affirmation qu’Israël a catégoriquement démentie.
« Nous ne savions pas que plusieurs centaines de personnes étaient concentrées dans ce camp. Cela a été pour nous une amère surprise », avait déclaré Peres pendant une réunion du cabinet après le bombardement.
« Peres est un tueur et un criminel de guerre… Ne regrettent (sa mort) que les hypocrites et les complices », conclut le journal.
La parole est tout aussi libre sur les réseaux sociaux où dominent les commentaires acrimonieux.
De nombreux internautes tunisiens ont rappelé que Peres était déjà Premier ministre lors du bombardement du QG tunisien de l’OLP par l’aviation israélienne à Hammam Chott, près de Tunis, qui a fait 68 morts (50 Palestiniens et 18 Tunisiens) et une centaine de blessés en 1985.
Par ailleurs, un journaliste du quotidien Haaretz, Barak Ravid, qui déplorait, en arabe dans un tweet, le silence des responsables arabes comme étant « inhumain et immoral », a provoqué une déferlante de commentaires outrés d’internautes arabes.
« L’ancien président Peres a-t-il présenté ses excuses pour ses positions inhumaines et immorales envers les Arabes et les Palestiniens ? », a lancé Jamil Dakwar un avocat de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme ACLU.