Les meurtres de militants écologistes toujours plus nombreux
Environ quatre militants écologistes dans le monde sont tués chaque semaine en raison de leurs activités – et seulement 10 % des meurtriers sont condamnés
Environ quatre militants écologistes dans le monde seraient assassinés chaque semaine en raison de leurs activités : tel est le constat critique d’une étude publiée dans la revue scientifique Nature Sustainability.
Ce nombre d’assassinats aurait ainsi doublé en quinze ans, et au moins 1 558 défenseurs de l’environnement de 50 pays ont été tués durant cette période.
Selon l’étude, une condamnation a résulté de ces meurtres dans seulement 10 % des cas, alors que 43 % des homicides font habituellement l’objet de poursuites judiciaires.
« Le nombre de morts signalées de militants écologistes a augmenté, tout comme le nombre de pays dans lequel ces morts surviennent », a expliqué Nathalie Butt, auteure principale de l’étude et chercheuse à l’université du Queensland, au journal The Independent.
« Dans de nombreux pays, de véritables enquêtes ne sont pas menées sur ces morts en raison d’un état de droit affaibli. Et parfois, ce sont les autorités ou la police elle-même qui commettent ces violences », a-t-elle ajouté.
Les pays dans lesquels on compte le plus de meurtres sont généralement touchés par une importante corruption et par un non-respect des droits fondamentaux.
Le pays le plus dangereux serait les Philippines, selon l’ONG Global Witness. En 2018, 164 défenseurs de l’environnement opposés à des projets miniers, forestiers ou agro-industriels ont été tués. Parmi eux, des militants, des avocats, des membres de communautés locales, d’ONG ou de mouvements sociaux et des journalistes.
Selon l’étude, le nombre de meurtres a augmenté en raison de l’importance qu’a pris la cause et la conscience écologiste, alors que la demande en ressources naturelles ne cesse d’augmenter.
Ce nombre pourrait néanmoins être sous-évalué, de nombreux assassinats n’étant jamais signalés, notamment parmi les peuples indigènes.
« Nous pensons que les attaques contre les peuples indigènes vont continuer de se multiplier, notamment au Brésil où le président Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir en affirmant que les peuples indigènes allaient devoir s’adapter à la majorité ou bien disparaître. Il place l’exploitation de l’environnement en priorité », a rapporté l’ONG Not1More.
Jair Bolsonaro, arrivé au pouvoir en début d’année, est ainsi considéré comme une menace pour l’Amazonie.
« Le programme environnemental du nouveau président est désolant. Il n’y aura plus de ministère de l’Environnement, et une nouvelle autoroute pavée sera lancée à travers l’Amazonie », expliquait le site militant Reporterre.
Le président entend également « ouvrir des territoires autochtones à l’exploitation minière » et « assouplir l’application de la loi en matière d’environnement et l’octroi de permis d’exploitation ». Il avait un temps été envisagé que les ONG environnementales Greenpeace et WWF.
Il a également dénoncé l’accord de Paris sur le climat, adopté par 55 pays – dont le Brésil – en 2015.
L’Amazonie est actuellement confrontée à d’importants incendies. Le président, qui avait reçu une offre d’aide de l’allié américain afin de lutter contre, a remercié dans un tweet « les dizaines de chefs d’Etat qui (…) vont nous aider à surmonter la crise qui intéresse seulement ceux qui veulent affaiblir le Brésil ».
Première action concrète prise par le gouvernement brésilien : deux C-130 Hercules capables de transporter 12 000 litres d’eau et de produit retardant ont été déployés en matinée par la Force aérienne brésilienne (FAB), a annoncé le ministère de la Défense.
Le nombre d’incendies a augmenté de 1 130 dans tout le Brésil en 24 heures, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE). Les derniers chiffres arrêtés samedi soir font état de 79 513 feux de forêt depuis le début de l’année au Brésil, dont un peu plus de la moitié en Amazonie.