Les non-musulmans interdits sur le mont du Temple jusqu’à la fin du ramadan
Cette initiative très commentée, même si elle est prise chaque année, vise à apaiser les tensions mais les nationalistes, furieux, accusent le gouvernement de céder au terrorisme

La police israélienne va interdire aux non-musulmans de venir sur le mont du Temple et de visiter la mosquée al-Aqsa à partir de vendredi et jusqu’à la fin du mois sacré musulman du ramadan, le 2 mai.
L’information de cette interdiction a fuité auprès d’un certain nombre de médias israéliens mardi soir, suscitant l’indignation immédiate des députés et des personnalités de droite qui ont accusé le gouvernement de « s’incliner devant le terrorisme » après plusieurs journées d’affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens sur le mont du Temple.
Cette politique consistant à interdire l’accès des non-musulmans au mont du Temple pendant les dix dernières journées du ramadan est malgré tout en place depuis des années.
L’année dernière, l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ordonné la fermeture du site aux non-musulmans pendant 19 jours du mois sacré. Il avait par ailleurs été lourdement critiqué quand il avait ordonné aux fidèles juifs, l’année dernière, de rester à l’écart du site pendant la journée de Jérusalem, Yom Yeroushalayim, une fête nationaliste célébrant la prise de contrôle par Israël de la capitale en 1967, qui avait coïncidé avec le ramadan.
Son gouvernement avait alors expliqué que l’initiative prise était la preuve de son engagement à maintenir le calme dans un contexte de tensions accrues à Jérusalem – des tensions qui avaient entraîné une guerre d’onze jours entre l’État juif et les groupes terroristes palestiniens.
L’interdiction des visiteurs juifs sur le site, cette année – une interdiction qui durera donc dix jours – est considérée comme entrant dans le cadre du statu-quo sur le mont du Temple. Le statu-quo permet aux musulmans d’y monter et d’y prier, tandis que les Juifs ne sont autorisés à le visiter qu’à des horaires choisis et il leur est interdit d’y prier.
Le site est le lieu le plus saint du judaïsme – c’est là que se trouvaient les deux temples bibliques – et la mosquée al-Aqsa, qui se dresse sur le mont du Temple, est le troisième site le plus sacré de l’Islam.

Ni la police ni le bureau du Premier ministre n’ont émis de communiqué confirmant cette fermeture.
Le ministre de la Coopération régionale Esawi Frej, un député arabe israélien dont le bureau œuvre à renforcer les liens avec les pays voisins, a exprimé son soutien à cette initiative.
« C’est la décision prise par un gouvernement qui cherche à apaiser les tensions et à ne pas céder aux sirènes des provocateurs qui tentent de transformer les lieux saints en allumette qui allumerait définitivement l’incendie », a-t-il commenté.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens ont grimpé en flèche pendant le ramadan – c’est le cas pratiquement chaque année –, une époque où des dizaines de milliers de fidèles, dont de nombreux Palestiniens de Cisjordanie, viennent assister aux prières à la mosquée Al-Aqsa.
Vendredi, ces tensions se sont encore accrues après que des jeunes Palestiniens ont rassemblé des pierres et d’autres armes à l’intérieur de la mosquée, certains brandissant la bannière verte du groupe terroriste du Hamas.

La police israélienne est alors entrée dans le complexe pour tenter d’empêcher des émeutes d’éclater, ce qui a entraîné des heurts. Environ 400 Palestiniens ont été arrêtés et plus de 150 ont été blessés. La police a expliqué avoir attendu la fin de la prière du matin pour pénétrer sur le mont du Temple et disperser les manifestants qui, pour certains, jetaient des pierres sur le mur Occidental, situé au-dessous, mettant en danger les fidèles juifs qui y priaient.
Des images qui ont circulé sur internet montrent des Palestiniens empiler des pierres à l’intérieur de la mosquée et les jeter sur les policiers, lançant également des pétards dans leur direction. D’autres vidéos montrent les policiers frapper des civils avec des matraques et entrer dans le lieu de culte, une incursion qui avait entraîné les condamnations des voisins arabes d’Israël. La Jordanie et les Émirats arabes unis ont, depuis, convoqué les ambassadeurs israéliens en poste dans leurs deux pays pour une réprimande et les États-Unis, l’Union européenne et les Nations unies ont émis, pour leur part, des appels au calme.
L’État juif a dit s’être engagé à faire respecter le statu-quo sur le site, soulignant les arrestations d’extrémistes juifs qui tentaient de se livrer à un sacrifice rituel de Pessah sur le mont du Temple en égorgeant un agneau – ce qui avait entraîné la fureur des Palestiniens.

Israël a également dénoncé une campagne d’incitations à la violence de la part du Hamas et d’autres groupes extrémistes, qui affirment de manière mensongère que l’État juif cherche à contrevenir au statu-quo sur le mont du Temple. La semaine dernière, les groupes terroristes de Gaza avaient appelé à l’escalade contre Israël suite aux événements survenus dans le lieu saint.
Le ramadan, cette année, coïncide avec la fête juive de Pessah, qui dure une semaine, ce qui entraîne de nouvelles frictions dans la mesure où de nombreux Juifs se rendent, eux aussi, dans les lieux saints, notamment au mur Occidental. Des Palestiniens ont attaqué des bus et des fidèles se rendant au mur au cours de la semaine passée.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a ordonné, mardi, à la vice-secrétaire d’État aux Affaires du Proche-Orient, Yael Lempert, et au vice-Secrétaire d’État aux Affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, de se rendre en Israël, en Cisjordanie, en Jordanie et en Égypte dans les prochains jours, pour des rencontres visant à apaiser les tensions dans la ville sainte, a confié un responsable proche du dossier au Times of Israel.
Un nouveau défi se présentera mercredi pour Israël – journée où les activistes d’extrême-droite se préparent à défiler dans toute la Vieille Ville de Jérusalem. Ils passeront notamment devant la porte de Damas, un site particulièrement sensible du quartier arabe. La police avait refusé d’autoriser la marche dans un premier temps mais des informations ont laissé entendre mardi soir qu’elle était encore en pourparlers avec les organisateurs de la manifestation.
Les forces israéliennes de sécurité ont aussi mené toute une série d’arrestations en Cisjordanie après des attentats terroristes qui ont fait 14 morts au sein de l’État juif. Ces opérations ont parfois entraîné de fortes violences dans les villes de Cisjordanie et au moins 17 Palestiniens sont morts au cours de ces heurts.