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Les Palestiniens au chômage forcé, employés en Israël, n’ont pas d’indemnisation

L'Institut d'assurance nationale ne leur offre pas d'indemnisations chômage ; Cette instabilité économique en Cisjordanie aura de graves conséquences pour Israël

Des ouvriers palestiniens sur un chantier de construction de nouvelles résidences d'appartement dans le quartier juif de   Har Homa, à Jérusalem-Est, le 28 octobre 2014 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Des ouvriers palestiniens sur un chantier de construction de nouvelles résidences d'appartement dans le quartier juif de Har Homa, à Jérusalem-Est, le 28 octobre 2014 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Ali Hamdan, 58 ans, s’est réveillé tôt dans son habitation de Bethléem, dans la matinée du 8 mars. Il a pris ses affaires et il est parti vers le chantier de construction où il travaille à Jérusalem.

Lorsqu’il est arrivé à l’important poste de contrôle piéton qui sépare la ville de Cisjordanie de Jérusalem, les agents de sécurité israéliens lui ont dit de repartir chez lui. Ils ont ajouté qu’il venait d’une zone fermée suite à plusieurs cas rapportés de Covid-19.

Ali Hamdan, qui travaille au sein de l’Etat juif depuis environ quarante ans, a supplié les agents de le laisser entrer à Jérusalem, mais ils ont obstinément refusé. Il est donc retourné chez lui – où il passe désormais la majorité de son temps.

Il fait partie des dizaines de milliers de Palestiniens employés en Israël et dans les implantations qui se sont récemment retrouvés au chômage forcé en raison de la prolifération de ce virus hautement contagieux à travers toute la Cisjordanie et l’État juif.

Les Palestiniens gagnent des salaires significativement plus élevés en Israël et dans les implantations en comparaison de ce qu’ils pourraient toucher, à travail égal, sur le marché du travail palestinien.

Un responsable palestinien de la Santé fait passer un test de dépistage du Covid-19 à un homme de Bethléem, le 31 mars 2020. (Crédit : Wafa)

« Pour moi, le travail, c’est la vie. Et quand le travail s’arrête, c’est la vie qui s’arrête », explique Ali Hamdan, qui touche habituellement une rémunération mensuelle de 3 000 à 4 000 shekels. « Je sais que le virus est dangereux et je comprends pourquoi ces restrictions ont été mises en place, mais je ne sais pas si je vais être en mesure de pouvoir faire des courses au supermarché la semaine prochaine ».

Depuis que les premiers cas confirmés de Covid-19 ont émergé en Cisjordanie, le 5 mars, l’Autorité palestinienne et Israël ont pris des mesures graduelles de restriction de la liberté de mouvement.

L’AP a demandé à la population palestinienne de rester confinée à domicile, avec quelques exceptions – comme faire des courses alimentaires ou se rendre dans les établissements sanitaires.

L’État juif, pour sa part, a interdit l’entrée sur son territoire de la grande majorité des Palestiniens, mais a accepté de permettre à environ 75 000 d’entre eux, qui travaillent dans des secteurs d’activité considérés comme « essentiels », de se rendre dans le pays il y a deux semaines – à condition qu’ils y passent un mois ou deux. Seuls 35 000 à 40 000 se sont saisis de cette opportunité.

Mais les ouvriers des environs de Bethléem et autres lieux qui ont été fermés, ceux dont l’emploi n’est pas considéré comme « essentiel » et de nombreux autres qui se trouvent dans l’incapacité de quitter leurs familles pour une période prolongée n’ont pas pu rejoindre leur lieu de travail en Israël et dans les implantations.

Le Premier ministre de l’AP Mohammad Shtayyeh a également indiqué que les 35 000 à 45 000 ouvriers qui travaillent actuellement au sein de l’État juif retourneront en Cisjordanie dans les deux prochaines semaines.

Jusqu’à présent, les responsables palestiniens ont fait état de 117 cas de contamination en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le ministère de la Santé a confirmé qu’il y avait plus de 5 000 cas en Israël.

Mohammed Hamuda, 60 ans, déclare ne pas avoir été en mesure de se rendre à son travail dans une usine de conserves alimentaires située dans la zone industrielle Atarot, à Jérusalem, depuis que plusieurs personnes ont été testées positives au virus, la semaine dernière, à Biddou et dans les villages avoisinants du centre de la Cisjordanie, notamment là où il habite.

« Je dois rester à la maison parce que nous n’avons pas le droit de la quitter », s’exclame Mohammed Hamuda, qui touche d’ordinaire un salaire mensuel de 5 000 shekels. « Nous nous préparons à réduire nos dépenses en achetant des produits moins chers au marché et en évitant les dépenses non nécessaires ».

Les forces de sécurité palestiniennes portant des masques faciaux bloquent l’entrée de la ville de Bethléem, en Cisjordanie, le 8 mars 2020 (Crédit : Wisam Hashlamoun/Flash90)

Israël a fait une exception pour les ouvriers palestiniens employés dans des « usines vitales » d’Atarot, de manière à ce qu’ils puissent se déplacer quotidiennement entre leurs habitations et leur lieu de travail.

Mohammed Hamuda, qui travaille dans cette usine depuis huit ans, dit penser qu’Israël et l’AP devraient lui fournir – ainsi qu’à tous les autres employés dans l’incapacité de se rendre sur leur lieu de travail – des aides économiques.

« Nous méritons des indemnisations de manière à pouvoir répondre à nos besoins de base jusqu’à la fin de la crise », a-t-il dit. « Je sais que c’est dangereux d’être à l’extérieur, et on comprend la logique de ces mesures, mais les deux gouvernements ont la responsabilité de nous aider ».

Même si de nombreux Palestiniens travaillent au sein de l’État juif depuis des décennies, l’Institut d’assurance nationale ne leur offre pas d’indemnisations chômage.

Toutefois, Assaf Adiv, directeur-exécutif de WAC-Maan, un syndicat représentant les travailleurs israéliens et palestiniens, affirme que l’État juif pourrait prendre des mesures pour alléger le fardeau financier des Palestiniens dans cette situation de chômage forcé.

« Ces employés placent 18,5 % de leur salaire dans des fonds de retraite, tous les mois. Le gouvernement peut prendre la décision de les autoriser à recevoir de petits montants de leurs retraites tant que la situation actuelle continue », explique Assaf Adiv.

Les employeurs israéliens, ajoute-t-il, contribuent chaque mois à un « fonds-maladie » en direction des travailleurs palestiniens, qui est actuellement estimé à 500 millions de shekels.

Assaf Adiv, directeur-exécutif de WAC-Maan, syndicat représentant les ouvriers israéliens et palestiniens, donne une conférence (Capture d’écran : Wac-Ma’an)

« Le gouvernement peut fournir certains de ces fonds aux employés palestiniens afin de les aider à traverser cette période difficile », note-t-il.

Interrogé sur la mise au point d’un plan visant à aider les employés palestiniens dans l’incapacité de se rendre sur leur lieu de travail au sein de l’État juif et dans les implantations, le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, instance responsable de la liaison avec les Palestiniens au sein du ministère de la Défense, n’a pas répondu.

Assaf Adiv ajoute qu’il est dans l’intérêt d’Israël de tout faire pour pouvoir atténuer les effets d’une éventuelle crise économique en Cisjordanie.

« Si les Palestiniens ne peuvent pas aller travailler et que le virus continue à se propager, on pourrait bien assister à un désastre en Cisjordanie – un désastre qui pourrait franchir les frontières d’Israël », souligne-t-il. « Et c’est pour cela qu’il est si important de faire aujourd’hui tout notre possible pour venir en aide à ces travailleurs ».

Jafar Sadaka, expert de l’économie palestinienne, dit que l’AP – qui a promis de rassembler un fonds de 20 millions de shekels au profit des travailleurs frappés par la crise – ne pourra pas fournir d’indemnisations significatives aux Palestiniens qui travaillent en Israël.

« Les travailleurs en Israël et dans les implantations font entrer habituellement un à 1,2 milliard de shekels par mois dans l’économie. 20 millions de shekels ne permettront pas de compenser cela », clame-t-il.

« L’Autorité va également toucher des impôts significativement moindres, le mois prochain, et elle rencontrera probablement de grandes difficultés à fournir une aide supplémentaire », poursuit-il.

Un membre de la Défense civile de l’Autorité palestinienne désinfecte un espace public à Bethléem avec de l’eau et du chlore, le 31 mars 2020. (Crédit : Wafa)

En temps normal – et encore récemment – environ 120 000 à 130 000 Palestiniens sont autorisés à aller travailler en Israël et dans les implantations, et des dizaines de milliers d’autres sont employés illégalement au sein de l’État juif.

Jafar Sadaka avertit également que si les 35 à 45 000 Palestiniens qui se trouvent actuellement en Israël retournent en Cisjordanie dans les deux prochaines semaines et que les autres Palestiniens qui travaillent pour les Israéliens ne peuvent pas retrouver leur emploi, l’économie palestinienne en subira les conséquences. Et elles seront dures.

« Nous parlons là de travailleurs qui répondent aux besoins de familles entières », explique-t-il. « Leurs salaires représentent environ un quart de tous les salaires en Cisjordanie. Et s’ils ne peuvent pas retourner au travail pendant longtemps, alors nous allons devoir affronter une instabilité économique grave ».

Nassim Abu George, 60 ans, qui habite Beit Sahour, aux environs de Bethléem, se dit très frustré de ne pas avoir pu se rendre, depuis plus de trois semaines, à son travail dans un garage automobile du parc industriel Mishor Adumim, aux abords de l’implantation de Maale Adumim.

« Si cette situation continue encore un mois ou deux, ce sera impossible », explique celui qui gagne environ 7 000 shekels par mois en temps habituel. « Qui va payer la nourriture, les médicaments, la facture de téléphone et tout le reste ? ».

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