Les Palestiniens présentent une résolution à l’ONU contre le plan de paix Trump
Le chef de l'AP Mahmoud Abbas doit assister au vote du Conseil de sécurité mardi prochain ; le projet devrait obtenir un large soutien mais sera bloqué par le veto américain
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Autorité palestinienne (AP) va proposer une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer le plan de paix de l’administration américaine, affirmant qu’il viole le droit international.
Le projet sera probablement voté mardi, en présence du président de l’AP, Mahmoud Abbas. Il n’a pratiquement aucune chance d’être adopté, en raison du veto américain très prévisible. Le plan de paix, qui a été présenté par le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu la semaine dernière, stipule explicitement que Washington opposera son veto à toute tentative de le condamner à l’ONU.
Pourtant, mercredi, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Danny Danon, s’en est pris aux Palestiniens. « Assez avec votre cinéma. Au lieu de venir à l’ONU, venez à la table des négociations », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Danon a passé les derniers jours à négocier avec ses homologues du Conseil de sécurité « pour obtenir leur soutien à l’action conjointe américano-israélienne et pour empêcher tout soutien aux déclarations de protestation palestiniennes », a déclaré la mission israélienne des Nations unies dans un communiqué.
La France, la Russie, la Chine, la Tunisie, l’Indonésie, le Niger et l’Afrique du Sud ne manqueront pas de soutenir la résolution. On peut également s’attendre à ce que la Belgique, l’Estonie et le Vietnam soutiennent le texte. Le vote des autres États membres du Conseil des 15 n’est pas encore connu.
La manière dont l’Allemagne et le Royaume-Uni vont se comporter reste également floue. Londres a d’abord semblé soutenir le plan, mais a ensuite averti Israël de ne pas annexer les zones de Cisjordanie qu’il réservait à Israël. Berlin semble être d’accord avec la plupart des éléments de la résolution, mais a promis de contrer les attaques obsessionnelles des Nations unies contre Israël.
« Le projet de résolution qui sera voté au Conseil de sécurité comprendra le rejet de l’accord Trump-Netanyahu », a déclaré mercredi Saleh Rafat, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Le plan de Trump, que Netanyahu soutient avec enthousiasme, est « à l’opposé des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit palestinien », a-t-il ajouté.
En cas de veto au Conseil de sécurité, la question sera portée devant l’Assemblée générale des Nations unies, selon M. Rafat. Les résolutions de l’AG ne peuvent pas faire l’objet d’un veto et tout texte pro-palestinien est donc garanti d’être adopté à une écrasante majorité.
Le projet, dont une copie a été obtenue par le Times of Israel, « regrette vivement » le soi-disant « Deal of the Century », [Affaire du siècle] qui a été dévoilé à la Maison Blanche la semaine dernière.
Le plan « viole le droit international et les termes de référence approuvés au niveau international pour la réalisation d’une solution juste, globale et durable au conflit israélo-palestinien, tels que consacrés par les résolutions adoptées par les Nations unies, et porte atteinte aux droits inaliénables et aux aspirations nationales du peuple palestinien, notamment à l’autodétermination et à l’indépendance », poursuit le document.
L’annexion de toute partie des Territoires palestiniens serait illégale et en vertu du droit international, déclare le projet de résolution, condamnant les récentes promesses de Netanyahu d’appliquer la souveraineté israélienne sur toute la vallée du Jourdain et toutes les implantations situées en Cisjordanie.
Il appelle en outre à la « réalisation, sans délai » d’un accord de paix israélo-palestinien basé sur les résolutions précédentes des Nations unies, et à « la fin de l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 ». Le document réaffirme « son soutien indéfectible, conformément au droit international, à la solution à deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, sur la base des frontières d’avant 1967 ».
Il exhorte les nations du monde à ne reconnaître aucune modification des lignes de 1967, y compris à Jérusalem, « en veillant à ce que leurs déclarations, actions et accords avec Israël n’impliquent pas la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les territoires occupés depuis 1967 ».
En conclusion, la résolution appelle à « l’intensification et l’accélération » des efforts internationaux et régionaux pour entamer des « négociations crédibles » sur le conflit israélo-palestinien, notamment en convoquant « une conférence internationale de paix … le plus tôt possible ».
Mardi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un discours devant la Conférence internationale de la société civile à l’appui du peuple palestinien, [Committee on the Exercise of the Inalienable Rights of the Palestinian People] n’a pas explicitement fait référence au plan de paix de Trump, mais a indiqué qu’il continuait à soutenir une approche plus traditionnelle du conflit israélo-palestinien.
« La position des Nations unies sur la solution à deux États a été définie, au fil des ans, par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale auxquelles le Secrétariat est tenu », a-t-il déclaré.
« Les Nations unies restent déterminées à aider les Palestiniens et les Israéliens à résoudre le conflit sur la base des résolutions des Nations unies, du droit international et des accords bilatéraux et à concrétiser la vision de deux États – Israël et Palestine – vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, sur la base des lignes antérieures à 1967 ».
António Guterres a poursuivi en disant que les Nations unies ont « lancé des alertes sur les actions qui pourraient compromettre la possibilité d’un État palestinien viable et contigu », comme l’expansion des implantations.
L’AFP a contribué à cet article.
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