Les personnes ayant été à Bethléem ces 2 dernières semaines doivent s’isoler
La directive du ministère de la Santé survient alors que le ministre de la Défense envisage la fermeture complète de la Cisjordanie pour contenir l'épidémie de COVID-19
Le ministère de la Santé israélien a déclaré dimanche que les personnes ayant été dans la « région de Bethléem » ces deux dernières semaines doivent se mettre en quarantaine pendant 14 jours, en pleine épidémie du COVID-19 en Cisjordanie.
On ignore si la directive du ministère de la Santé incluait les régions voisines. La directive ne précise pas non plus si citoyens et non-citoyens sont concernés. La ville palestinienne a été bouclée la semaine dernière, et toutes les entrées vers la région ont été fermées, par crainte de propagation de la maladie. Les rues sont vides depuis la mesure prise la semaine dernière, et l’Église de la Nativité, construite sur la grotte ou serait né Jésus, a été fermée au public.
L’épicentre de l’épidémie se situe à l’hôtel Angel, à Beit Jala, une ville en périphérie de Bethléem, où un groupe de touristes grecs, qui ont ensuite été diagnostiqués positifs au coronavirus à leur retour, ont séjourné.
Quatorze des 19 cas de coronavirus en Cisjordanie sont des employés de l’hôtel.
Dimanche, le ministre de la Défense Naftali Bennett a indiqué qu’il envisageait sérieusement de fermer les zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, dans le cadre des mesures prises par Israël pour endiguer l’épidémie.
Le bureau de Bennett a ajouté qu’il demanderait une évaluation détaillée des conséquences d’un tel confinement, qu’il examinera au cours d’une réunion lundi.
On ignore si le ministre de la Défense demandait un bouclage qui empêcherait les Palestiniens d’entrer en Israël depuis la Cisjordanie, ou si cela interdirait également aux Palestiniens de se déplacer au sein du territoire. Sollicité pour des éclaircissements, le bureau de Bennett a répondu : « divers scénarios seront présentés demain pendant la réunion ».
Indépendamment du coronavirus, l’armée israélienne a annoncé vendredi la fermeture des postes-frontières entre Israël et la Cisjordanie ainsi que la bande de Gaza aux Palestiniens. Celle-ci sera effective pendant quatre jours, depuis 00h01 ce dimanche, avant la fête de Pourim cette semaine. En vertu de cette fermeture, les Palestiniens ne sont pas autorisés à se rendre en Israël, mais peuvent se déplacer au sein du territoire.
Le ministre s’est exprimé durant une visite d’un exercice militaire du Commandement de la Défense passive, qui simulait la réaction du système de santé israélien à une propagation rapide de l’épidémie.
« L’exercice portait sur la schématisation des paramètres d’un scénario dans lequel il y a une charge maximale dans le système de soins de santé, en mettant l’accent sur l’implication des forces de défense israéliennes et du Commandement de la Défense passive dans un tel scénario », a fait savoir le bureau de Bennett dans un communiqué.
L’armée israélienne n’a pas fourni d’informations supplémentaires pour l’instant.
Dans ses commentaires faisant suite à l’exercice, Bennett a semblé contredire le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant que la propagation du virus n’avait pas encore atteint le stade d’une pandémie.
« Le coronavirus s’est répandu dans tout Israël ces derniers jours, et cela exige que nous prenions tous nos responsabilités, y compris face à la possibilité d’une pandémie », a déclaré Bennett.
« Il est important de dire que nous n’en sommes pas encore là, et nous espérons que cela ne se produira pas », a-t-il ajouté.
Samedi soir, Netanyahu a qualifié la propagation de la maladie COVID-19, qui est apparue en Chine à la fin de l’année dernière, de « pandémie mondiale ».
« Tout d’abord, il s’agit d’une pandémie mondiale, que le CDC (Center for Disease Control and Prevention) l’appelle ainsi ou non. C’est une question de jours ou d’heures. Il est peu probable qu’une pandémie similaire se soit produite au cours des 100 dernières années. Il semble que le taux d’infection soit plus élevé que nous le pensions », avait ainsi commenté Netanyahu.
En cas de déclaration d’un état d’urgence sanitaire national, les services de sécurité israéliens – principalement l’armée et le Commandement de la Défense passive – deviendraient responsables de la gestion de la crise, prenant le relais du ministère de la Santé, qui pilote actuellement les opérations.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a également proposé de déclarer un état d’urgence mineur, ce qui donnerait à la police israélienne, aux services pénitentiaires et aux autres services d’intervention d’urgence des pouvoirs supplémentaires.
Trente-neuf Israéliens, dont un dans un état grave, sont actuellement atteints du virus.
Le directeur général adjoint du ministère de la Santé, Itamar Grotto, a estimé dimanche que le nombre de cas israéliens de COVID-19 pourrait atteindre des dizaines de milliers.
Samedi et dimanche, Netanyahu a indiqué être en contact avec d’autres dirigeants mondiaux et qu’il avait discuté de la coopération internationale pour endiguer la propagation de l’épidémie. Le virus a franchi une étape importante vendredi, infectant désormais plus de 100 000 personnes dans le monde. Il en a tué quelque 3 400.
Israël a déjà exigé le retour des Israéliens de plusieurs pays pour les mettre en quarantaine et a interdit d’entrée des étrangers issus de certains pays d’Europe et d’Asie. Près de 80 000 Israéliens se trouveraient aujourd’hui en auto-quarantaine, et de grands événements tels que des concerts et des matchs sportifs ont été annulés.
Les autorités israéliennes ont recommandé d’éviter tout voyage international non vital.
Dimanche également, le ministère de la Santé, dirigé par le groupe terroriste palestinien du Hamas, a exhorté les Palestiniens de la bande de Gaza à éviter tout voyage à l’étranger. Aucun cas de contamination n’a été signalé à Gaza, où vivent plus de 2 millions de personnes, dont beaucoup dans des quartiers densément peuplés.
Judah Ari Gross a contribué à cet article.