Le soldat de Hébron reste assigné dans une prison d’une base militaire
L'avocat général affirme que le soldat, qui a tiré sur un terroriste palestinien désarmé, est resté évasif face aux "anomalies" dans son récit

L’audience d’appel au tribunal militaire de Tel-Aviv vendredi dans le cadre d’un recours contre la libération du soldat de Tsahal, qui, la semaine dernière a abattu un terroriste palestinien désarmé à Hébron, a été assigné dans une base de l’armée non divulguée.
Dans la requête d’appel, les procureurs militaires ont soutenu que le soldat a refusé de coopérer avec les enquêteurs et a donné des versions contradictoires des événements.
L’audience d’appel a eu lieu à la base militaire du ministère de la Défense à Kirya dans le centre de la ville, a indiqué la radio militaire.
Le tribunal avait pris la décision de libérer le soldat et de le placer en détention surveillée à la base jeudi, rejetant la demande de l’accusation de le garder derrière les barreaux pour une autre semaine. Il ne sera pas, cependant, autorisé à rejoindre son bataillon, ni à porter d’arme.
Dans son recours contre la décision de laisser le soldat sortir de prison, l’accusation a affirmé que le soldat ne coopérait pas avec les enquêteurs, même si ses avocats avaient initialement dit qu’il avait promis de participer à une reconstitution de la fusillade et de se confronter aux soldats qui ont témoigné contre lui, a signalé le site Ynet.
« Il a refusé de participer à la reconstitution ou à la confrontation (sauf avec un soldat avec qui il avait en fait aucun litige), et a même indiqué qu’il ne se souvenait pas des choses qui ont été dites par des témoins sur les lieux », a déclaré la requête d’appel présentée par le procureur général, Sharon Zagagi Pinchas.
L’appel a également déclaré que « le soldat a à plusieurs fois affirmé au cours de l’enquête que l’attaquant a essayé d’atteindre un couteau qui était ‘à portée de main’, tandis que la vidéo [de l’incident] brosse un tableau différent : le couteau était à une distance significative de l’attaquant, qui était lui-même dans un état grave. Il a donné des réponses évasives pendant l’enquête chaque fois qu’il a été confronté à des anomalies dans sa version des événements. Les versions [différentes] du soldat soulèvent de sérieux doutes quant à la crédibilité des arguments de la défense, pour le moins ».
Le soldat de la Brigade Kfir a été filmé en train d’abattre un terroriste palestinien qui a tenté de poignarder des soldats à Hébron – environ 10 minutes après le terroriste ait déjà été neutralisé, blessé et désarmé.
Il a été interpellé un jour plus tard pour des soupçons d’assassinat, bien que les procureurs militaires jeudi ont déclaré qu’ils allaient plutôt chercher une accusation d’homicide involontaire, en citant une « évolution », sans donner plus de précision.
Au cours de l’audience de jeudi à la cour militaire à Qastina, le procureur de l’armée, le lieutenant-colonel Adoram Reigler a expliqué que « des développements significatifs » ces derniers jours ont nécessité un changement d’accusation.
Bien qu’il n’ait pas précisé quels étaient ces nouveaux développements, Reigler a déclaré que le soldat aurait tiré sur le terroriste « délibérément et inutilement ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exhorté jeudi la famille du soldat à faire confiance à l’enquête de la police militaire qui est en cours.
« J’ai entendu vos paroles et étant moi-meme le père d’un soldat, je comprends votre détresse », a déclaré Netanyahu au père du soldat encore non identifié dans un appel téléphonique.
« Je fais confiance à Tsahal, au chef d’état-major et à l’enquête à 100 % et je pense que vous devriez aussi faire confiance aux commandants et à l’enquête », a-t-il ajouté. « Je suis convaincu que l’enquête sera professionnelle et équitable envers votre fils ».

Dans les jours qui ont suivi l’incident, les hauts fonctionnaires – y compris Netanyahu et le ministre de la Défense Moshe Yaalon – ont publiquement pris leurs distances avec le soldat, en insistant sur ses actes qui ont violé le code de l’éthique de l’armée, déclenchant une bataille politique sur son sort au sein de la coalition gouvernementale.
Lors d’une conférence de presse organisée à leur maison de Ramle plus tôt cette semaine, la famille du soldat en colère a dénoncé un « lynchage » médiatique et dans l’espace public et a déclaré que les dirigeants israéliens étaient trop prompts à le juger avant qu’il n’ait eu l’occasion de se défendre.