Les propos de Liberman sur Netanyahu et les ultra-orthodoxes font polémique
Le chef de Yisrael Beytenu a refusé de s'excuser après avoir dit qu'il allait jeter le Premier ministre et ses alliés haredim "à la décharge"
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le leader de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a été vivement critiqué pour avoir promis d’aider à mettre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses alliés ultra-orthodoxes « à la décharge ». Les politiciens ultra-orthodoxes ont déclaré que ses propos étaient antisémites.
Alors qu’il s’exprimait sur la Douzième chaîne, interrogé par Eyal Berkovic et Ofira Asayag, il a été demandé à Liberman s’il prendrait en considération la possibilité d’intégrer une coalition avec les partis ultra-orthodoxes si cela permettait d’écarter Netanyahu du pouvoir.
« C’est impossible », a-t-il répondu. « Ecoutez-moi : nous allons envoyer les ultra-orthodoxes en compagnie de Bibi sur une brouette, direction la décharge ».
Réagissant à ces commentaires, dans la soirée de samedi, les responsables ‘haredi ont réclamé une enquête, allant jusqu’à mettre en doute l’état de santé mental de Liberman.
Le leader de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, a déclaré attendre « des autorités judiciaires qu’elles se préoccupent de cette déclaration antisémite ».
Il a ajouté que « le combat désespéré de Liberman contre Netanyahu explique ce type de propos. Cela fait longtemps que nous considérons que l’esprit de Liberman s’est embrouillé ».
Le vice-ministre de l’Education, Meir Porush, qui est lui aussi issu des rangs de Yahadout HaTorah, a indiqué qu’il « semble qu’on en soit arrivés à un niveau où des autorités professionnelles doivent être sollicitées. Je n’envoie pas un Juif à la décharge, Dieu m’en préserve, mais une visite à l’hôpital psychiatrique d’Abarbanel ne lui ferait pas de mal ».
Yaakov Asher, de Yahadout HaTorah, a accusé Liberman de faire preuve de « haine aveugle à l’égard de la religion et des ultra-orthodoxes ». Il a ajouté que « Liberman est prêt à utiliser toutes les calomnies possibles, indépendamment de leur bassesse » dans sa campagne électorale « désespérée ».
« Il est temps de mettre un terme aux incitations à la violence à l’encontre du public ultra-orthodoxe, des incitations qui ont atteints des records alarmants l’année passée », a continué Asher.
Des politiciens non religieux ont également critiqué avec force Liberman pour ses paroles.
Eli Cohen, ministre des Renseignements issu du Likud, a évoqué un « antisémitisme limite ».
Le dirigeant de Yamina, Naftali Bennett, a écrit dans un Tweet que « comme d’habitude, à quelques jours des élections, Liberman se livre à ses hurlements dégoûtants de haine pour rassembler des votes ».
Ofer Berkovitch, de Tikva Hadasha, a qualifié de « scandaleux » les propos de Liberman.
Répondant aux critiques, dimanche, au cours d’un entretien accordé à la station de radio 103 FM, Liberman a refusé de présenter des excuses et il a condamné « l’hypocrisie » des ‘haredim, disant qu’ils avaient été à l’origine des « pires incitations à la violence auxquelles nous avons assisté » au cours de la campagne électorale.
« Personne ne nuit davantage aux ultra-orthodoxes que les responsables du Shas et de Yahadout HaTorah », a-t-il affirmé.
Alors qu’il lui était demandé si son utilisation de l’analogie pouvait rappeler « la pire période de notre Histoire », Liberman a rétorqué : « Nous devons les renvoyer dans les poubelles de l’Histoire, ils doivent aujourd’hui appartenir à l’Histoire. Et, dans ce sens, j’espère vraiment que nous renverrons Netanyahu dans l’opposition ainsi que Yaakov Litzman, membre de Yahadout HaTorah, et le chef du Shas, Aryeh Deri ».