Les railleries après l’exposé de Netanyahu montrent le refus de voir la réalité
L'accord n'a pas démantelé ni bloqué le programme nucléaire iranien. Si les négociateurs savaient ce que préparait l'Iran, alors leur défaillance n'en est que plus indéfendable
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
La réponse très largement moqueuse apportée par une importante partie de la communauté internationale face à l’avalanche de preuves données par le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le programme d’armement nucléaire de l’Iran, lundi soir – de manière plus remarquable de la part de nations qui ont négocié la capitulation nucléaire iranienne en 2015 – souligne principalement leur incompétence, leurs défaillances, leur mauvaise foi et la gravité de la menace iranienne qu’ils refusent d’atténuer – de façon bien coupable.
En présentant l’accumulation sidérante de documents dérobés à la République islamique au sujet de son propre programme nucléaire, Netanyahu ne cherchait pas à affirmer qu’Israël avait trouvé des preuves irréfutables que l’Iran avait contrevenu aux termes du pacte passé entre le groupe P5+1 et les Ayatollahs en 2015. Ceux qui tournent en dérision l’incapacité de Netanyahu à présenter une preuve accablante post-2015 passent à côté de l’essentiel – et pour la majorité, de manière délibérée.
Israël ne prétend pas que l’Iran a violé les termes spécifiques de cet accord radicalement inapproprié. C’est le contraire.
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Il s’agit de l’évaluation profondément malheureuse que l’accord présente tant de négligences, tant de mauvaises constructions, qu’il est si mal élaboré que les Iraniens n’ont finalement pas besoin d’y contrevenir (J’avais établi un grand nombre de failles centrales présentes dans le texte au moment où il avait été finalisé dans un article appelé « 16 raisons pour lesquelles l’accord sur le nucléaire est une victoire iranienne et une catastrophe occidentale« ).
Pourquoi, après tout, violeraient-ils les termes d’un accord qui, alors qu’il a été ostensiblement créé pour garantir que les Iraniens ne seraient pas en mesure d’acquérir un arsenal d’armes nucléaires, leur permet néanmoins de continuer la recherche et le développement de centrifugeuses d’enrichissement de l’uranium de manière à ce que, lorsque l’accord expirera, ils auront appris à maîtriser un processus d’enrichissement dix fois plus rapide que celui qu’ils étaient parvenus à mettre au point avant la mise en vigueur de la convention ? (Les Iraniens se vantent déjà, et ce n’est pas par hasard, d’avoir accéléré ce processus depuis la signature de l’accord.)
Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui ne les empêche pas de continuer à développer leur programme de missiles balistiques – qui leur permettra de transporter leurs dispositifs nucléaires attendus – mettant à leur portée l’Europe et les Etats-Unis ?
Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui laissent intactes d’importantes parties de leur programme nucléaire ?
Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui les autorise à échapper aux inspections des structures soupçonnées de s’être engagées dans des activités hors la loi et liées au nucléaire ?
Pourquoi violeraient-ils les termes d’un accord qui a libéré le régime de sanctions minutieusement construit qui les avait obligés à venir à la table des négociations en premier lieu, risquant la réimposition de ces sanctions ?
Et pourquoi, enfin, violeraient-ils les termes d’un accord dont les « clauses de révision » signifient qu’ils attendront simplement quelques années avant de reprendre leur avancée vers la bombe ?
Non, l’allégation d’Israël n’est pas que l’Iran ouvrirait une brèche dans l’accord. Elle est plutôt que ce pacte – loin d’empêcher l’Iran d’atteindre un arsenal d’armes nucléaires – lui en ouvre la voie.
Et ce que cette prise des propres documents rédigés par la République islamique démontre de manière concluante, c’est que c’est très précisément ce que l’Iran a l’intention de faire. Contrainte à geler son programme en 2003, la République islamique attend simplement le bon moment pour reprendre ses activités liées au nucléaire, habilitée à le faire grâce aux progrès en recherche et développement que le pays est autorisé à entreprendre sous les termes de l’accord.
Rien de nouveau ?… Alors c’est pire
Les détracteurs de Netanyahu affirment qu’il n’y a rien de nouveau dans les fichiers qu’il a présentés – rien de nouveau dans la présentation des preuves iraniennes qui démontrent la duplicité de la République islamique et les spécificités de son programme d’armement nucléaire.
En premier lieu, cette critique est clairement mensongère. L’Agence internationale de l’énergie atomique, dans son propre rapport, n’a jamais prétendu avoir obtenu un accès qui serait de loin comparable à la documentation de l’Iran. Le Mossad a dérobé 100 000 documents. Les négociateurs du groupe P5+1 devraient se battre pour étudier de près ce matériel.
Mais, en second lieu, si le groupe P5+1 affirme vraiment qu’ils connaissaient tous les détails du programme qui a été présenté par Netanyahu et qu’ils étaient conscients, par conséquent, de l’ampleur du degré de duplicité de l’Iran, alors comment ont-ils pu négocier de manière si négligente un accord avec les Ayatollahs ?
La cheffe de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini, l’une des supportrices de l’accord de 2015, a déclaré solennellement lundi soir que le pacte « a été mis en place très exactement parce qu’il n’y a pas de confiance entre les parties, sinon nous n’aurions pas exigé qu’un accord sur le nucléaire soit mis en oeuvre ».
Waouh, lisons cela une fois encore : Nous savions qu’ils mentaient et c’est pour cela que nous avons mis en place cette convention.
Reformulons l’idée : Nous savions qu’ils mentaient et c’est pour cela que nous avons passé un accord mal fichu avec eux, un accord qui ne démantèle pas le programme nucléaire que nous savions qu’ils construisaient, même s’ils nous avaient juré leurs grands dieux que ce n’était pas le cas.
Cela peut avoir été irritant pour les négociateurs du P5+1 et leurs défenseurs de voir ce Netanyahu agaçant se pavanant devant ces étagères de documents et ces rangs de CD, réclamant des justifications et soulignant la défaillance scandaleuse des négociateurs
Nous savions qu’ils mentaient, et c’est pour cela que nous avons passé un accord mal fichu avec eux qui leur a permis de s’enorgueillir de ce qu’ils avaient affronté et été plus malins que l’Occident.
Nous savions et qu’ils mentaient et c’est pour cela que, lorsque les sanctions leur ont finalement passé la corde au cou, nous avons passé un accord mal fichu avec eux qui mettait un terme aux pressions économiques – consolidant donc le régime répressif au pouvoir, pour mieux opprimer son peuple, et leur donnant des ressources financières pour semer le chaos et le sang à travers toute la région.
Cela peut avoir été irritant pour les négociateurs du P5+1 et leurs défenseurs de voir ce Netanyahu agaçant se pavanant devant ces étagères de documents et ces rangs de CD, réclamant des justifications et soulignant la défaillance scandaleuse des négociateurs.
Mais le fait est que l’accord de 2015 a été un pacte terrible, et mal construit. Il a permis aux Iraniens, murés dans leur hypocrisie, de se tirer d’affaire. Il n’a pas démantelé le programme d’armement sur lequel ils continuent à mentir. Il n’a pas fermé la voie à un arsenal d’armement nucléaire.
Je me demande quand les négociateurs et leurs défenseurs finiront par présenter enfin leurs excuses pour leur échec. Lorsque l’Iran commencera à tester ses bombes nucléaires, peut-être ? Ou se moqueront-ils encore ?
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